Famille Chrétienne lance une nouvelle collection de livres, « Les Questions spi de Marie », à destination des jeunes catholiques, pour répondre avec humour et profondeur à leurs grandes questions spirituelles. Premier tome : J’arrive pas à prier, c’est normal ? Extrait.Rencontre avec le Père Jacques Philippe, membre de la communauté́ des Béatitudes
Marie : quelle est la bonne méthode pour prier ?
Père Jacques Philippe : C’est peut-être de ne pas en avoir ! Il ne faut pas trop se focaliser sur cet aspect de méthode, car il n’existe pas de recettes, de techniques, qu’il suffirait d’appliquer pour être sûr de bien prier. La rencontre avec Dieu dans la prière est un don gratuit, qui ne résulte pas de nos efforts. On ne progresse pas dans la prière à coups de procédés de concentration mentale et de techniques corporelles. La prière n’est pas une espèce de « yoga chrétien ».
Pourtant, il y a bien des écoles d’oraison, des livres sur la prière, des enseignements consacrés à cela ?
Oui, parce que si la prière est donnée par Dieu, il nous reste à accueillir ce don, à y correspondre. Les enseignements ou les livres peuvent nous aider à comprendre ce que le Seigneur attend de nous, à nous décider pour une vie de prière fidèle, et à surmonter les obstacles qui peuvent nous décourager.
Et qu’attend le Seigneur ?
La foi, l’espérance, et l’amour, tout simplement !
La foi est première : croire que Dieu est là, vraiment présent, même si je prie très mal, même si je suis un grand pécheur, même si je ne ressens rien, et accueillir cette présence. L’espérance : s’accepter pauvre, car on attend tout de Dieu avec une grande confiance. L’amour : se laisser aimer par Dieu, désirer l’aimer de tout son cœur, s’offrir à lui.
Ces attitudes sont le fondement de toute prière vraie et en garantissent la fécondité́.
Concrètement, où prier ?
On peut prier n’importe où, bien sûr, parce que Dieu est partout présent. Il n’empêche que certains lieux favorisent la prière. Le mieux, quand c’est possible, est une chapelle avec le Saint-Sacrement, parce qu’il y a la grâce de la présence réelle de Jésus. Mais ce peut être aussi chez soi, dans un coin prière que l’on aménage à sa convenance : une icône, des bougies, la Bible, des fleurs… Nous sommes des êtres de chair et de sang, nous avons besoin de ces signes sensibles, et nous aurions tort de mépriser l’aide qu’ils peuvent nous apporter.
Cela dit, il ne faut pas en être esclave : si vous ne pouvez pas avoir de lieu spécial pour prier, si vous priez sur votre lieu de travail, par exemple, ou dans les transports en commun, cela n’empêchera pas le Seigneur de vous visiter et de vous bénir ! N’oublions pas que Dieu est présent dans notre cœur, et que nous pouvons toujours l’y rejoindre.
Faut-il se mettre à genoux ?
Oui, si cela vous aide à vous tenir en présence de Dieu. Non, si l’agenouillement est pour vous une position tellement inconfortable que vous avez besoin de changer de position toutes les deux minutes !
L’attitude corporelle est importante – on prie aussi avec son corps –, mais elle n’est pas essentielle. On peut faire oraison à genoux, mais aussi prosterné, assis, voire debout ou couché ; les mains jointes ou bien ouvertes, les bras croisés ou le long du corps. Un petit banc de prière, une moquette épaisse peuvent être bienvenus. À chacun de voir ce qui va favoriser l’immobilité et le calme propices au recueillement. Si vous êtes mal installé, vous n’allez plus penser qu’à ça !
À l’inverse, une attitude corporelle trop relâchée empêche d’être vraiment attentif à Dieu – d’ailleurs, quand on est tenté de se laisser aller à la paresse, le simple fait de se redresser, de mieux se tenir, permet de se remettre plus facilement en présence de Dieu.
De même, quand l’esprit peine à prier, on peut tracer un signe de croix, se prosterner, réciter une prière.
À quel moment prier ?
Là encore, tous les moments sont bons, mais certains sont meilleurs que d’autres. À l’heure de la sieste, par exemple, le recueillement sombre facilement dans la somnolence ! En revanche, le matin est un temps favorable, parce que l’esprit est frais et dispos. Mais certains prieront mieux en fin de matinée ou au retour du travail.
En fait, on n’a pas forcement le choix : les moments possibles de solitude et de silence ne sont pas si fréquents ! Saisissons donc les occasions telles qu’elles se présentent, tout en essayant d’intégrer la prière au rythme de nos journées : si nous prenons l’habitude de prier tous les jours à la même heure, notre fidélité s’en trouvera grandement facilitée.
Il ne faut pas viser avant tout à la qualité de la prière, mais à la fidélité dans la prière. Mieux vaut une prière très pauvre, très aride, pleine de distractions, mais vécue tous les jours, que de longues prières enflammées de temps en temps. Une fois que l’on a pris la décision de se mettre sérieusement à prier, le grand combat que nous avons à mener est celui de la fidélité.
J’arrive pas à prier, c’est normal ? 13,90 euros.
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