Pour répondre aux exigences du quotidien, nous étouffons nos aspirations profondes. Mais en s’éloignant de ce que nous sommes vraiment, on s’éloigne de ce qui nous donne de l’énergie. Comment renouer avec soi-même, c’est l’expérience vécue et racontée ici.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
L’été dernier, j’ai eu l’occasion de passer un peu de temps avec d’autres écrivains lors d’un voyage organisé, c’était ma première expérience au sein de ma profession. Au cours d’un après-midi libre, plusieurs d’entre nous se sont retrouvés autour d’une table, à papoter sans chichis. Nous parlions stratégie, nous échangions nos idées autour de l’édition, du marketing et de la promotion.
Je dois bien admettre que je me suis d’abord laissée gagner par l’excitation : certains de ces auteurs étaient bien plus expérimentés que moi, beaucoup avaient déjà publié auprès d’un lectorat plus impressionnant que le mien. Bref, j’étais curieuse, avide de connaître leurs trucs et leurs conseils. Je prenais même des notes : comment optimiser l’utilisation des réseaux sociaux, gérer la participation à un cours en ligne, mettre à profit les listes de souscriptions aux newsletters… et autres leviers du marketing.
Et puis, après environ une heure de papote, j’ai vu mon excitation disparaitre au profit de l’anxiété, de la peur. Les autres auteurs continuaient pourtant de discuter, avec un enthousiasme non négligeable, de leurs expériences, de leurs stratégies commerciales… Il était clair que le petit monde du marketing, lié à la profession d’écrivain, les excitait, les grisait, tandis qu’il me laissait moi indifférente sans que je sois capable d’en expliquer la cause.
Dans un premier temps, en les écoutant débattre, j’ai eu l’impression d’être simplement réfractaire à la nouveauté. Peut-être étais-je submergée par l’idée d’avoir à expérimenter ces nouvelles technologies ? Il me fallait admettre que la recherche de nouvelles stratégies de marketing n’était pas ma tasse de thé.
Finalement, avec un peu de recul, j’ai compris que mes craintes, mes préoccupations, étaient liées à mon essence même : je ne suis pas une femme d’affaire. Je suis écrivain. Et c’est très bien comme ça.
S’écouter pour vivre sa vie
Dans ce monde où nous sommes souvent contraints d’être quelqu’un que nous ne sommes pas, il peut être difficile de trouver sa propre vocation.
La personne que nous voulons être, n’est pas forcément en accord avec notre moi profond. Le résultat de cette dissociation est souvent la frustration. Notre travail devient dénué de sens, chaotique. Nous sommes accablés, incapables de nous concentrer sur ce qui nous motive vraiment. Nous nous éloignons de tout ce qui nous donne de l’énergie, de tout ce qui nous enrichit.
Cet après-midi là, au cours de cette réunion, j’avais mis au placard ma vraie nature, mon moi profond. Comme le formule très bien le professeur et écrivain sur la vie spirituelle et l’éducation, Parker Palmer, je vivais de l’extérieur vers l’intérieur, et non pas de l’intérieur vers l’extérieur. Son livre, Let Your Life Speak, nous apprend en effet que la vocation ne provient pas d’une voix extérieure, ce n’est pas un but à atteindre mais c’est un cadeau à recevoir. Découvrir sa passion, c’est accepter le trésor qui est déjà en nous.
Mon erreur a été d’écouter les voix de l’extérieur qui m’incitaient à devenir ce que je ne suis pas. Je ne suis pas une femme d’affaires. En faisant la liste des étapes à franchir pour devenir un écrivain à succès, pendant quelques minutes, c’est pourtant ce que j’ai voulu : j’ai écouté la voix de l’extérieur, en essayant de la suivre. Et, comme l’a justement observé Parker Palmer, j’ai été dans l’erreur totale, car une telle approche, à long terme, ne fonctionne tout simplement pas. Une vision extérieure, même noble, est une violence faite à notre vraie identité qui va résister. Parfois avec un coût élevé. La vocation ne vient pas de l’entêtement, elle vient de l’écoute. Quelques semaines après le retour de ce voyage, j’ai fait une autre liste : j’ai relevé et noté cette fois des projets qui avaient jadis suscité mon enthousiasme, permis mon évolution, et qui semblaient aujourd’hui refaire surface. Cette liste terminée, un point précis sautait aux yeux : je voulais collaborer avec d’autres écrivains, les aider à développer leurs idées. Travailler avec eux pour améliorer leurs textes et leurs livres, me semblait quelque chose de véritablement épanouissant. En un mot, j’ai découvert qu’au fond de moi, je me sens à la fois rédactrice et éditrice.
Il m’aurait été impossible de réaliser ma véritable vocation si j’avais continué obstinément, me forçant à être une femme d’affaires. Si j’avais laissé mon faux moi me convaincre que j’étais quelqu’un d’autre, je n’aurais pas eu la chance de découvrir mon talent éditorial.
Ma voix intérieure, si longtemps reléguée aux oubliettes, a pu finalement se faire entendre, et l’écouter m’a donné plus d’énergie, plus de richesse que je n’aurais su l’imaginer.
4 conseils sur la façon de s’écouter
Votre moi profond connait vos talents. Il sait comment vous devez les utiliser pour son bien intérieur. Bien sûr, au milieu de la cacophonie créée par les nombreux désirs et les diverses attentes, il est souvent difficile d’entendre notre petite voix intérieure. Voici donc quatre conseils, tirés du livre de Parker Palmer, pour rester à l’écoute de sa petite voix intérieure et découvrir sa vocation personnelle.
1. Lorsque vous ressentez une résistance interne, prenez-en conscience
Vous avez envie de retarder l’exécution d’une tâche ? Peut-être est-ce votre moi profond qui résiste, ne voyant aucun épanouissement se profiler à la clef. Si vous sentez que vous vous forcez à faire quelque chose, demandez-vous pourquoi il en est ainsi. Peut-être que votre intuition vous indique juste quelque chose.
2. Ne pas sous-estimer les émotions et les réactions du corps
Quand je fais ce que je ne devrais pas, je ressens souvent une sensation d’oppression dans l’estomac. Comme si mon corps savait instinctivement, avant même que j’en sois consciente, ce qui est bon pour moi et ce qui ne l’est pas. En observant nos propres réactions physiques et émotionnelles, nous serons ainsi à l’affût des indices nous permettant de savoir si nous allons dans la bonne direction, surtout lorsque nous sommes face à de nouveaux défis.
3. Méfiez-vous des exigences du « faux-moi »
Votre faux-moi est la partie de vous contrôlée par les normes et les attentes extérieures. Il est très influent. Sa puissance réside dans l’idée qu’il vous reflète, qu’il vous dépeint et que vous voulez être ainsi vue par les autres. Si vous avez soif de pouvoir, de succès, de célébrité ou de richesse, il est probable que le moteur soit juste un faux-moi. Il peut nuire et empêcher la découverte de votre vraie vocation, soyez-prudent.
4. Donnez la priorité à ce qui vous donne de l’énergie et vous aide à grandir
Qu’est-ce qui vous met en joie ? Qui vous apporte de la satisfaction ? Qu’est ce qui vous rend heureux ? Qui vous donne envie de vivre ? Quels sont vos dons ? Comme le théologien Frederick Buechner l’a déclaré, « notre vocation se trouve là où siège notre passion personnelle, ce qui nous touche intimement et nous donne de l’énergie rencontre les manques de ce monde.» Explorez ce qui provoque votre plus grande joie, adaptez-le à vos besoins, et vous trouverez votre vocation personnelle.