separateurCreated with Sketch.

Aimer son prochain ? Pas toujours facile !

Pouce en haut, pouce en bas

shutterstock

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Michael Rennier - publié le 28/04/17
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

En se basant sur un extrait de l’Évangile de Matthieu (Mt 5, 38-48) : “Aimez vos ennemis”, notre collaborateur américain Michael Rennier, nous offre une réflexion personnelle et un petit guide pour gérer les personnes que l’on n’apprécie pas spontanément.J’ai entendu une phrase, sûrement fondée d’ailleurs, un peu trop souvent depuis que j’ai terminé mes études : “Je ne t’ai jamais vraiment apprécié à l’université” !  Je suis sûr que, si vous m’aviez rencontré à cette époque-là, vous ne m’auriez pas apprécié non plus. Chaque individu grandit et surtout mûrit à son rythme, et moi, j’avais du pain sur la planche de ce côté-là !

Savoir se réconcilier

À l’époque, je me souviens que j’avais du mal à savoir qui j’étais, j’étais assez en colère contre le monde, je pouvais me retrouver d’un coup dans des états dépressifs. Toutes ces difficultés, combinées à une personnalité naturellement difficile, constituaient un mélange assez explosif, si bien que je me conduisais souvent assez mal, pas tant parce que je me montrais colérique ou foncièrement méchant, mais parce que j’étais souvent dédaigneux ou indélicat. Bref, j’ai bien peur de m’être fait un certain nombre d’ennemis par le passé.

Aujourd’hui, je suis tellement heureux quand j’ai l’occasion de me réconcilier avec quelqu’un et de repartir sur de bonnes bases. Je suis très reconnaissant quand ces occasions se présentent, très touché quand des personnes osent me parler des problèmes qu’elles rencontrent avec moi, surtout quand c’est une manière de les mettre derrière nous. C’est un comportement que j’admire et que j’essaie, moi aussi, d’adopter.
Il est assez facile de se montrer gentil et agréable envers les personnes que l’on apprécie, mais si notre amabilité se limite à nos amis, pourra-t-on vraiment dire qu’on a fait tout ce qui était en notre pouvoir pour rendre ce monde un peu meilleur ?

Être aimable avec tout le monde

Il est bien plus difficile de faire preuve de gentillesse envers ses ennemis : son patron injuste, le collègue qui nous tire dans les pattes, le voisin qui est désagréable envers nos enfants, la personne de la famille qui ne rate aucune occasion de semer la zizanie et qui ruine donc les retrouvailles à chaque fois… À partir du moment où, dans notre esprit, nous plaçons ces personnes dans la catégorie “ennemis”, nous avons tôt fait de les déshumaniser et de les traiter comme tels.
Une façon de faire généralement assez populaire et socialement acceptable est de persévérer dans cette optique et d’éliminer nos ennemis puisque de toute façon, ils le méritent, c’est bien évident. Nous pouvons les évincer de nos vies pour toujours, nous montrer rancunier, ou essayer de les remettre à ce qu’on estime être leur juste place en les rabaissant et en disant du mal d’eux. Il se pourrait même que nos amis nous en félicitent et nous trouvent de ce fait particulièrement forts. Comme si dénigrer les autres nous rendait plus costauds. Et effectivement, il peut être gratifiant de voir un ennemi à terre. Mais en réalité, qui gagne ?

Tout ceci ne vole pas plus haut que du harcèlement ou une guerre de bandes dans la cour du collège. En tant qu’adultes, nous arrivons à le justifier plus habilement – et je sais que mon premier réflexe est d’estimer qu’ayant été attaqué en premier, mes représailles sont justifiées – mais en fin de compte, à vouloir détruire ses ennemis, personne ne ressort vainqueur. La personne qui subit mes attaques en est forcément touchée, et moi, une fois que l’excitation de la vengeance est retombée, je me retrouve avec une bonne dose de culpabilité, malgré toutes mes tentatives de justification.

 S’ouvrir à toutes les amitiés possibles

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai besoin d’avoir des amis et je ne me plaindrai jamais d’en avoir trop. Du coup, j’essaie de prendre le temps de comprendre la façon dont je traite les gens qui, à l’origine, me sont antipathiques. Les paroles du théologien John Newman me sont alors bien utiles. “Nous devrions toujours nous comporter avec nos ennemis comme s’ils pouvaient un jour devenir des amis.” Il est donc préférable de voir les gens non pas comme des amis ou des ennemis, mais plutôt comme des amis ou des personnes susceptibles de le devenir.
Pour moi, ce changement de perspective a été déterminant pour différentes raisons. D’abord, il s’avère que considérer quelqu’un comme un ami avant même que cela soit réciproque permet souvent que cette prophétie se réalise d’elle-même. Dès lors que je fais l’effort de me montrer agréable envers une personne, le comportement de celle-ci change généralement du tout au tout à mon égard et, ô surprise, elle s’avère alors être géniale et intéressante (la plupart du temps). Je dois admettre que pour en arriver à ces conclusions, il a plus souvent fallu que d’autres viennent vers moi et brisent la glace, alors que je me montrais plutôt réfractaire, que l’inverse. Quoiqu’il en soit, même si ce n’était pas mon initiative à l’origine, on peut dire que j’y ai gagné un ami.
D’autre part, si je tends la main à quelqu’un et que cette personne décide de continuer à me considérer comme un adversaire, je me sens légitimement mieux en sachant que, de mon côté, j’ai abandonné le combat, pas uniquement dans cette relation mais aussi dans la conception de la vie. Quand on ne voit plus des ennemis potentiels partout autour de soi, c’est un poids qui s’envole et la vie devient bien plus respirable et agréable. En outre, il est important de ne jamais baisser les bras : les gens ont parfois juste besoin de temps pour se remettre d’un conflit, pour pardonner, pour être certains que votre démarche de réconciliation est sincère.

 

Dernière chose, pour ceux qui croient au Ciel : Nos adversaires pourraient très bien se retrouver juste à côté de nous là-haut, alors à quoi bon attendre ? On peut être assis juste devant des gens que l’on n’apprécie pas vraiment à l’église… Même si je n’aime pas quelqu’un, Dieu l’aimera. Un jour, d’une manière ou d’une autre, nous serons amis. Dieu en est garant. Il n’y a pas d’adversaires ni de rancune au Ciel. Le fait de savoir cela me donne envie de bien faire dès ici-bas. Ne vous méprenez pas. J’ai toujours l’intention de détruire mes ennemis mais…. j’essaie désormais de les détruire en en faisant des amis !

 

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Tags:
Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)