Pour le cardinal guinéen Robert Sarah, pas besoin de s’en aller au désert pour combattre la dictature du bruit.
“L’homme post-moderne ne comprend plus l’éternité divine et mystérieuse. Sans bruit, il tombe dans une agitation sourde et lancinante. Il s’est accoutumé à un bruit de fond constant qui l’étourdit et lui apporte un réconfort”.
Ces paroles du cardinal Sarah décrivent une des réalités les plus alarmantes de notre époque. L’homme fait face au vide existentiel comme jamais dans son histoire. Il ne contemple plus Dieu et préfère s’anesthésier de bruit. Le cardinal, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, établit un diagnostic sans concession. En collaboration avec le journaliste et écrivain Nicolas Diat, il signe La force du silence, contre la dictature du bruit, un véritable manuel de survie spirituelle dans un monde saturé de sons et de bruits.
Pour nourrir leur dialogue, le cardinal Sarah et Nicolas Diat se retirés, loin de l’agitation du monde, à la Grande Chartreuse, au cœur des Alpes. Dans le prologue du livre, le journaliste décrit la stupéfiante découverte du silence absolu qui entoure la vie des moines chartreux et la paix qui émane de chacun d’eux, comme un signe tangible de la présence de Dieu en ces lieux. “Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux” nous dit le Christ (Matt, 18, 20). À la lecture de ses lignes, la promesse se réalise. Par leur seul regard, ces hommes retirés du monde sont capables d’insuffler cette force qui leur vient d’en-haut à ceux qui les approchent.
Mais il faut écouter le cardinal Sarah, qui nous dit que l’on peut atteindre le silence intérieur au cœur de ce monde, sans nécessairement se retirer au désert :
“Dieu est présent dans l’homme, avant de se trouver dans le désert, bien avant la solitude et le silence. Le véritable désert se trouve en nous, dans notre âme”.
Impossible de na pas songer naturellement à la parole évangélique : ils sont dans le monde “mais n’appartiennent pas au monde » (Jean 17, 11-19), ou bien sûr, à Saint Augustin : “Je T’ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je T’ai aimée bien tard ! Mais voilà : Tu étais au-dedans de moi quand j’étais au-dehors, et c’est dehors que je Te cherchais.”
Le cardinal Sarah nourrit sa réflexion à l’école des grands saints, des ascètes et des penseurs, mais puise aussi à la source de sa propre expérience. Le silence lui a révélé l’Amour infini de Dieu qui a transformé sa vie intérieure, il ne tient plus qu’à nous de nous laisser guider et de suivre ses pas.
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Se taire pour mieux écouter Dieu
La force du silence : contre la dictature du bruit, par le cardinal Robert Sarah avec Nicolas Diat, Fayard, octobre 2016, 373 p., 21,90 euros. Pour lire un extrait, cliquez ici.