Le froid apparaît comme un marqueur social qui révèle au grand jour toute une population privée d’un foyer chaud.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
En cette mi-janvier, l’hiver s’est définitivement installé. Les températures sont devenues progressivement négatives et un blanc manteau recouvre de nombreuses régions en France… La nuit tombe toujours aussi tôt et avec ces gelées tout incite à rentrer au plus vite chez soi, à s’installer tranquillement pour profiter de la douce chaleur d’un coin du cheminée ou d’un bon radiateur, une fois débarrassé des écharpes et autres manteaux. Une petite tendance à la déprime pourrait même émerger face à cet hiver qui, finalement, commence à peine. Outre-Atlantique, ce lundi 15 janvier est même appelé le Blue Monday, autrement dit la journée de l’année la plus déprimante. Pourtant nous ne sommes pas les plus mal lotis : nous pouvons laisser l’hiver à notre porte.
Le froid, s’il est une contrainte climatique, apparaît en effet également comme un marqueur social et révèle au grand jour, soudainement, au cœur de l’hiver, toute une population privée de ces foyers chauds et chaleureux dans lesquels nous nous réfugions. Le froid est une menace, un danger, pour les plus faibles de nos sociétés, toutes les personnes en situation de précarité et surtout les personnes sans domicile. L’hiver, loin des images poétiques et dépaysantes, apparaît alors comme un révélateur de la misère et de la vulnérabilité humaine de nos sociétés, plus ou moins cachée entre chaque hiver. Et le froid, de marqueur saisonnier, devient synonyme de fragilité pour les 140 000 personnes mal logées en France. De la contrainte climatique à l’occasion d’une réflexion politique, le lien est fait.
Lire aussi : Peut-on encore sauver les mœurs de notre société ?
Alors que faire ? L’État est présent : les plans grands froids et la trêve hivernale en témoignent. Mais il ne peut pas tout. Les lignes du 115 complètement saturées et les secouristes de la Croix Rouge peuvent également le dire. Les actions citoyennes existent également, et elles sont nombreuses : Maisons de Lazare, Secours Catholique, Restos du cœur, Fondation Abbé Pierre, maraudes locales … Le nombre de mouvements en faveur des plus vulnérables, quand on y regarde de plus près, réchauffe un peu les cœurs. Et une politique solidaire — le plus souvent invisible — en faveur des plus pauvres, se construit à travers de petites actions. Ne pourrions-nous pas également agir, chacun à notre mesure ?
Le pape François met les pauvres au cœur de son pontificat. Le jubilé des sans-abris du 11 au 13 novembre 2016 a été l’occasion pour lui de le rappeler à toute l’Église : « Ceux qui n’ont pas de toit nous enseignent à ne pas nous satisfaire, ils nous apprennent à rêver à ce qui est au cœur de l’Évangile ».
Ainsi, en ce début d’année polaire, nous pourrions nous souhaiter que ces moments loin du monde, calfeutrés dans nos maisons, à regarder ceux qui agissent sur notre écran ou dans la rue, puissent nous inciter à rêver la société de demain. Et nous inciter à agir. Un café, une soupe chaude, un parapluie ou une couverture distribuées, chacun de ces gestes peut être une petite action politique vers une plus grande politique… À nous de cultiver nos ambitions ensuite pour ne pas laisser s’effacer de nouveau ces populations silencieuses avec la fin de l’hiver et la légèreté du printemps à venir.