À Lourdes, elle est l'un des lieux incontournables. On ne parle pas de la grotte, ni de la basilique. Nous parlons ici de la librairie. Au plein cœur du sanctuaire, elle propose environ 5 500 titres. Et, au travers de ce lieu, un objectif constant : transmettre un message et apporter aux gens la soif du sens de Lourdes.
Une librairie atypique
Comme tout bon libraire, Bruno Tellier, son directeur, ne se limite point aux propositions des maisons d'éditions religieuses avec lesquelles il travaille régulièrement. Comment choisit-il un livre ? L'instinct. Il sait quel livre rencontrera ses lecteurs. Mais il faut aussi chercher certains ouvrages : il n'hésite donc pas à suivre l'actualité ou encore faire une veille. "Un livre du cardinal Robert Sarah est paru ces derniers jours chez Fayard par exemple. Il y a aussi tel rassemblement, telle canonisation, etc.", précise-t-il d'ailleurs. D'autres ouvrages font également leur apparition dans les rayons lors d'événements. "Le pèlerinage du Rosaire invite des auteurs", ajoute-il encore.
Ce qui marche le mieux, ce sont en tout cas les livres jeunesse. Le rayon est d'ailleurs assez fourni. "C'est l'avenir", souligne Bruno Tellier. La liturgie ou encore la spiritualité attire également les foules. Certains rayons, tels la Bible, sont en progression. "Lors de mon arrivée, il y a 12 ans, il y avait peu de Bibles ici. C'est un secteur que j'ai voulu développer. Il fallait inciter les pèlerins, ou même les touristes, à acheter la parole de Dieu lors de leur passage", poursuit-il. Les thématiques "souffrance" et "deuil" intéressent moins, bien que celles-ci soient pourtant souvent abordées à Lourdes. "Ce n'est pas le premier poste", précise Bruno Tellier.
Pour autant, cette librairie paraît être comme "atypique". "Nous n'avons pas les mêmes ventes que La Procure à Paris. Nous ne sommes pas souvent dans les courants des ventes principales. Les gens viennent ici avec une idée bien précise, sur Lourdes, les apparitions, etc. Par ailleurs, il y a de moins en moins de librairies religieuses dans les diocèses. Certaines personnes font parfois des provisions de livres, allant jusqu'en acheter une dizaine", note Bruno Tellier.
Des requêtes parfois étranges
Chaque année, ce sont plusieurs dizaines de milliers de livres qui sont écoulés. Il faut dire qu'en même temps, des centaines de milliers de personnes passent la porte de la librairie. Mais tous ne viennent pas forcément acheter des livres. On s'y promène parfois, ne serait-ce que pour découvrir les lieux et voir toute la diversité des ouvrages présentés. Et puis, on y entre pour poser des questions (dirons-nous) bizarres.
Car oui, il y a les pèlerins... mais aussi tous les autres. Genre ces curieux, qui passent la porte du sanctuaire pour voir de quoi il retourne véritablement. Le matin même de notre interview avec le directeur de la librairie, ce dernier nous indiquait qu'un client lui avait demandé s'il avait un livre concernant une actrice italienne. On nous a demandé de taire le nom. Aleteia a lu sa biographie : cela parle de cinéma, de télévision, de sculpture et de photographies. Mais a priori, aucun rapport quelconque avec la religion. Et puis, il y a aussi cette anecdote : un jour, des touristes sont entrés dans la librairie et se sont étonnés parce que la statue de la Vierge dans la grotte... ne bougeait pas ! Véridique.
Mais il y a parfois de belles histoires. Sa meilleure vente, sourit-il. "Un matin, j'ai vu un couple. Ils avaient la quarantaine. Je sens à les voir qu'ils ne sont pas heureux. Ils demandent un livre, pour leur couple. Je leur ai dis d'aller plus loin, à la chapelle. En fin d'après-midi, ils reviendront à la librairie libérés. Ils sont repartis heureux et soulagés. Le meilleur livre que je n'ai jamais vendu, c'était d'aller voir un prêtre", raconte Bruno Tellier.