Le dernier livre du cardinal Sarah, “La force du silence. Contre la dictature du bruit”, est une invitation à la méditation. Le cardinal Sarah s’est fait connaître du grand public avec la parution de son précédent ouvrage, Dieu ou rien (Éditions Fayard, 2015). Il récidive en traitant un thème surprenant, mais pourtant essentiel : La force du silence. Contre la dictature du bruit (Éditions Fayard). Comme pour le premier livre, celui-ci est un dialogue avec Nicolas Diat, suivi d’une conversation avec dom Dysmas de Lassus, prieur à la Grande Chartreuse.
C’est un livre à la fois de réflexion et de méditation, dans lequel le cardinal rappelle cette contradiction apparente : dans un monde de bruit constant, l’homme est de plus en plus reclus dans le silence. Il est de moins en moins capable de parler avec ses contemporains et il s’enferme dans le silence vis-à-vis de Dieu, dont il n’entend plus la parole. Si la brebis reconnaît le bon pasteur à sa voix, l’homme actuel est sourd à l’appel du berger et ce silence l’enferme et l’emmure dans le désespoir de l’absurde. Le bruit éteint la voix de Dieu et le silence mure l’homme dans l’incompréhension de sa vie.
Il faut donc savoir se taire pour écouter Dieu de nouveau. La force du silence ne consiste pas seulement à arrêter le bruit, mais à se mettre à l’écoute de ce Dieu qui ne cesse de parler aux hommes. « Le silence et la prière ne sont pas une défection. Ce sont les armes les plus fortes contre le mal. L’homme désire faire, mais il doit surtout être. Dans la prière silencieuse, l’homme est pleinement un homme. » (point 287)
Les dangers des médisances
Reprenant plusieurs enseignements du Pape, il montre également les dangers des bavardages et des médisances. À la suite de nombreux saints, il rappelle qu’il faut savoir tenir sa langue, ne pas colporter de fausses rumeurs et des ragots erronés et fuir la compagnie de ceux qui parlent trop, c’est-à-dire qui parlent mal de leurs proches. Le silence est vertu et s’il faut parler pour dénoncer les injustices, il faut savoir se taire pour ne pas les colporter.
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Ce livre parle de la prière, mais pas seulement. Le cardinal évoque aussi longuement la question liturgique et la façon de bien vivre la messe. On sait que c’est un sujet important pour lui, puisqu’il est préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements qui s’occupe des questions liturgiques. À propos du point particulier de la messe ad orientem, il avait déjà confié ses explications à la rédaction d’Aleteia il y a quelques mois : “Mes propos sont clairs : je recommande aux prêtres, humblement et fraternellement, de mettre en œuvre cette pratique quand cela est possible. Cela implique la prudence et la pédagogie nécessaires, mais aussi, de la part du prêtre, la conviction que célébrer ad orientem est une bonne chose pour l’Église. Cette pratique est permise par les règles liturgiques actuelles. Je pense que nous devrions redécouvrir sa valeur”.
Le livre étant présenté à la fois sous la forme d’un dialogue et sous celle de points de méditation, il est d’un apport utile à ceux qui veulent réfléchir et ruminer les nombreuses références théologiques que le cardinal nous offre ainsi que les extraits des grands maîtres spirituels qu’il cite abondamment. Mais ces entretiens restent avant tout une invitation à mieux prier et à mieux écouter Dieu.
La force du silence. Contre la dictature du bruit, du cardinal Robert Sarah. Fayard, 2016.