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Condamnée à mort pour un simple verre d’eau

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Azur Guirec - publié le 27/09/16
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Pendue ou libérée ? Dans moins d’un mois, le sort d’Asia Bibi devrait être fixé. 19 juin 2009. Sa vie d’épouse et de maman a soudain basculé pour la prison à vie.

Retour sur l’histoire d’Asia et de sa condamnation à mort

La vie est rude pour Asia et son mari Ashiq. Afin de subvenir aux besoins de la famille elle ramasse des baies avec les femmes de son village, sous le soleil de plomb de l’été pakistanais. Avec son mari, ils sont chrétiens mais leur foi ne les empêche pas de vivre. Quoique le pays soit musulman, la minorité chrétienne reste tolérée et leur foi n’est un secret pour personne.

Un jour, assoiffée, fatiguée par l’effort et le soleil, Asia se désaltère au puit du champs de baies. Mais elle mesure mal son geste. En effet, elle n’a pas le droit, en tant que chrétienne de boire à la même eau que les femmes musulmanes. Au regard de l’Islam, elle vient de souiller l’eau. Le mot “blasphème” surgit alors sur toutes les lèvres.

Sept ans. Cette quantité astronomique de temps perdu mérite méditation pendant quelques instants. Sept années, seule, dans une prison, pour un verre d’eau. L’injustice révolte, pourtant ce n’est pas la révolte qui nourrit Asia, mais l’espérance de vivre. Sept ans à espérer retrouver un jour la lumière, la liberté. Sept ans… Comme ses enfants ont dû grandir. Du jour au lendemain, Asia Bibi est partie pour sept ans. Elle a laissé un mari qu’elle chérissait, ses cinq petits encore très jeunes, une maison qu’elle tenait avec amour.

En octobre prochain, son sort sera fixé

Condamnée à mort par pendaison, Asia Bibi crie son innocence et l’écho de sa petite voix du fond de son village retentit jusqu’en Occident. Les uns s’insurgent et trouvent en la mort une réponse inadéquate, les autres aspirent à la voir mourir. Le 16 octobre 2014, sa sentence est de nouveau proclamée, cette fois-ci par la Cour de Lahors. Cela faisait déjà cinq ans qu’Asia attendait. Angoisse de la mort, solitude, Asia trouve en sa foi un rempart, un secours sans prix. Mais que cela ne trompe pas sur la souffrance que cette femme vit chaque jour. Elle est forte, mais sa force a du prix : le prix de la souffrance.

Sa force est admirable. Malgré l’échec de ce premier recours judiciaire, Asia garde l’espoir de voir la justice rétablie lors de son prochain procès devant cette fois-ci la Cour Suprême, plus haute instance du Pakistan. Elle sait qu’avant de voir son cas juger, elle doit attendre plusieurs années. Mais cela n’amoindrit pas sa soif de liberté et son espérance de justice. Quelque que soit le résultat de son combat, Asia sait qu’elle doit combattre pour vivre. Dans moins d’un mois, elle connaîtra la sanction finale. La date n’est pas encore fixée, mais son jugement final aura lieu à la mi-octobre. La tension est forte autour de cette figure devenue un symbole au Pakistan : plusieurs personnes ont été assassinées pour prendre position sur son cas.

Une magnifique réponse à la tentation de la désespérance

À moins d’un mois de cette sentence finale, libre ou pendue, gardons cette femme exemplaire au coeur de nos pensées, et prions tout spécialement pour elle. Qu’elle garde sa force providentielle quelque que soit la décision finale et que son exemple parvienne à travailler les coeurs. Qu’elle soit, pour tous, un exemple de persévérance. Privée pendant sept ans des joies de la vie, l’envie de vivre ne l’a pourtant pas quittée. Cette petite femme au bout du monde mène un combat titanesque.

Elle est pour nous qui, parfois, troquons l’espérance avec le désespoir un exemple criant que rien, même ce qui semble le plus vain, n’est suffisant pour ne plus espérer. Asia est chrétienne, elle se bat pour survivre. Confiante, elle croit en la Providence. Elle se bat pour vivre, pour sa famille, mais la mort, son martyre, ne serait pour elle qu’un passage vers le Ciel.

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