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Honte ou culpabilité ? Petit guide à l’usage de ceux qui ont souvent des scrupules

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Anna O'Neil - publié le 14/08/16
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Si vous avez une tendance prégnante à l’autocritique, il peut être utile de comprendre la différence. J’aime mon petit rituel qui consiste à faire un signe de croix à chaque fois que je rentre dans une église. C’est une manière à la fois simple et belle de saluer le Seigneur et de remettre ma journée dans ses mains, dans sa paix. Mais à peine cette habitude prise, j’ai commencé à me poser plein de questions. J’aurais dû m’y attendre, je sais que j’ai tendance à être un peu trop scrupuleuse.

“Oh, tiens, une église. Mais c’est une église copte. Je ne sais même pas s’ils ont la présence réelle. Je ferais mieux de me signer, on ne sait jamais. Mais bon, si le Christ n’est pas là ?” ou encore “Mince, j’ai fait mon signe de croix trop tôt. Je n’étais pas vraiment devant l’église. Bon, j’en refais un, on n’est jamais trop prudent”. Et aussi : “Zut, une église, mais je suis en train de conduire, j’ai mon café dans la main gauche, je ne peux pas poser mon café, et de toutes façons je ne devrais pas me signer de la main gauche. Ça va être compliqué là…”. Franchement, ne gaspillez pas d’encre virtuelle dans la section des commentaires à essayer de me remettre dans le droit chemin, je sais que je débloque. Mais ce n’est pas pour ça que c’est mieux !

Bien distinguer les deux concepts

Récemment, à la lecture d’un livre, j’ai appris à faire la distinction entre deux concepts, ce qui m’a permis de mettre un terme à beaucoup de questionnements dans mon cerveau en ébullition et de clarifier un certain nombre de choses. Il s’agit de la différence entre la honte et la culpabilité. Il m’a été très utile de comprendre cette distinction.

La culpabilité nous dit : “Tu as fait quelque chose de mal. Tu as fait ça alors que tu aurais dû faire ça”. Cela motive à changer, et même si cela pique un peu, cela conduit à plus d’humilité. La culpabilité est un prérequis sur la voie de la repentance. La honte, elle, dit : “Tu es une mauvaise personne”. La honte veut nous convaincre que l’erreur va au-delà de nos actions, qu’elle va jusqu’au plus profond de nos cœurs, de ce que nous sommes. Elle ne favorise pas le changement, car comment changer notre nature profonde ? Elle ne nous aide pas à bien agir et à faire les bons choix, car l’idée même de devoir se remettre d’aplomb quand on est de toute façon mauvais de bout en bout est tellement décourageante qu’on en est désespéré d’avance.

Avoir des scrupules n’est pas quelque chose de raisonnable, donc rien de strictement logique ne permettra de les éviter. Mais essayer d’ignorer ses scrupules ne les rend que plus présents, donc ce n’est pas une solution non plus. C’est là qu’intervient la distinction entre honte et culpabilité.

La culpabilité n’est en fait qu’un masque

Vu de l’extérieur, on dirait que les scrupules se nourrissent de notre sentiment de culpabilité. Après tout, mon autocritique dans mon exemple du signe de croix avait comme objet de savoir si j’avais bien agi ou pas. Avais-je fait mon signe de croix correctement, au bon moment, de la bonne manière et avec la bonne intention ? Mais la culpabilité n’est en fait qu’un masque. Au fond c’est bien la honte qui est à l’œuvre. La culpabilité est du ressort de la raison, car il faut utiliser sa raison pour dire : “Cette action était mauvaise”. La raison nous permet de jauger notre action en fonction des lois morales, et si l’action est partiellement voire complètement immorale, cela ouvre la porte à un sentiment de culpabilité. Mais les scrupules n’ont rien à voir avec la raison. Alors qu’on aurait pu penser que je me fustigeais pour ma mauvaise action, j’étais en fait en train de me battre avec l’idée que si je ne fais pas tout parfaitement, c’est que je suis “dépravée”. J’avais l’impression de faire non seulement des mauvais choix mais aussi d’être une mauvaise personne.

J’ai compris que cette peur était de l’ordre de la honte plutôt que de la culpabilité. Depuis que je sais ça, cela m’aide à ne pas dépenser trop d’énergie à essayer de croire que mes scrupules sont illogiques (puisqu’ils le sont de toute façon). Je ne panique plus quand j’ai l’impression de “tout mal faire”. Si je dois me repentir de quelque chose, je le fais, mais si je suis juste prise d’une angoisse paralysante je me dis : “Stop, Dieu t’aime, tu n’es pas une cause perdue” et je reprends le fil de ma journée. La culpabilité, ça me va, mais il n’y a pas de place pour la honte en une personne autant aimée par Dieu.

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