Le pape François perpétue une tradition millénaire en faisant don d’une rose d’or à la Vierge noire.Jeudi dernier, le pape s’est recueilli devant la Madone noire du sanctuaire marial de Jasna Gora à Czestochowa et a déposé une rose d’or devant l’icône miraculeuse. Retour sur l’histoire de la pratique millénaire du don papal de la rose d’or.
Une tradition vieille de dix siècles
Depuis le XIe siècle, les papes font appel à des maîtres orfèvres pour forger en or pur des roses, devenues par la suite des bouquets de rose ou même des rosiers. Consacrée par le pape le dimanche de Laetare – soit le quatrième dimanche de Carême –, la rose d’or fait l’objet d’une procession de la basilique Saint-Croix-de-Jérusalem au palais du Latran. Elle est ensuite offerte à une église, un souverain ou une communauté méritante. Cet ornement qui figure parmi les plus sacrés de la papauté médiévale est mentionné pour la première fois dans une bulle de Léon IX en 1049. Le don le plus ancien date quant à lui de 1096 selon la chronique de saint Martin de Tours. Il s’agit d’une rose d’or offerte par Urbain II au comte Foulque IV d’Anjou. Cette tradition remplace alors celle du don des clefs de saint Pierre initié au VIIIe siècle.
À Paris, le musée de Cluny expose la plus vieille rose conservée de nos jours (la plupart ont été fondues). Réalisée par l’orfèvre siennois Minucchio en 1330, elle a été envoyée au comte de Neuchâtel par le pape Jean XXII. Le style des roses varie au cours des siècles, certaines sont serties de pierres, d’autres montées sur piédestal. La rose d’or offerte en 1668 par le pape Clément IX à la reine de France, Marie-Thérèse d’Autriche, ne pesait pas moins de quatre kilos ! Si l’ornementation évolue, la symbolique demeure : les roses représentent la Passion du Christ et sa Résurrection.
Une rose pour la Vierge noire
Au cours du XXe siècle, les papes ont principalement dédié ces roses d’or à des sanctuaires mariaux. Comme Jean Paul II et Benoit XVI, le pape François en a déposé une devant l’icône de la Madone noire de Czestochowa. Depuis le XIVe siècle, l’icône est abritée dans un monastère sur la colline de Jasna Gora, près de Czestochowa en Pologne. Ce dernier a fait l’objet d’attaques au cours des siècles, notamment en 1430, quand des pillards hussites ont balafré la représentation mariale.
Véritable symbole d’unité pour la Pologne, l’icône miraculeuse dont la réalisation serait donnée à saint Luc, fait l’objet d’une importante vénération de la part des fidèles. Les Polonais lui attribuent plusieurs victoires militaires comme celle du roi Jean III Sobieski contre le siège turc de Vienne en 1683 ou celle des Polonais contre l’avancée soviétique en 1920. Les ex-voto présents sur les murs de la chapelle témoignent quant à eux de nombreuses guérisons miraculeuses. Des millions de pèlerins viennent se recueillir chaque année, tel Jean Paul II, venu déposer sa ceinture blanche ensanglantée par l’attentat de la place Saint-Pierre en 1981.