Dans son dernier livre, Mgr Gérard Defois rappelle que le Concile Vatican II regorge de richesses encore inexploitées par l’Église…Docteur en théologie, Mgr Gérard Defois a été secrétaire général de la Conférence des évêques de France, puis recteur de l’Université catholique de Lyon. Ancien archevêque de Sens-Auxerre, de Reims et de Lille, il est notamment l’auteur du livre Le pouvoir et la grâce (2013) aux Éditions du Cerf.
Aleteia a demandé à l’auteur de développer cinq points du concile que les catholiques sont invités à suivre et à vivre aujourd’hui !
1. Vatican II a souligné que l’Église n’est pas d’abord une institution ou une administration bureaucratique du culte mais une communauté de foi
L’Église est une communauté de foi où le Seigneur dit le mystère du salut des hommes en Dieu. Nous avons trop imaginé l’Église comme une administration séculière, juridique (canonique), ou cléricale et voulant réussir à la manière de la culture moderne. Le Père de Lubac (prêtre jésuite, théologien catholique et cardinal français, 1896-1991) a largement développé cet aspect “surnaturel” du mystère de l’Église. Les médias font souvent une lecture politique de l’Église, comme l’a remarqué Benoît XVI dans un texte du début de mon livre. Il en résulte une vision “non-évangélique” ou même païenne de l’Église.
2. Les laïcs et les prêtres forment l’unique peuple de Dieu avec le Pape et les évêques dans la communion où tous sont participants au sacrifice du Christ offrant sa vie au Père
Le baptême, dont il faudra retrouver le sens, est fondé sur cette offrande de soi et non sur la simple appartenance à l’organisation ecclésiale. Ainsi les fidèles laïcs ont à prendre leurs responsabilités dans l’évangélisation du monde (un aspect qui serait largement à développer) et à ne pas se réduire à n’être que les clients des services cultuels du clergé.
3. La mission de l’Église dans le monde sécularisé actuellement, c’est d’orienter la vie séculière dans l’Esprit du Christ
Le Christ nous révèle la dignité et la liberté à laquelle Dieu nous appelle depuis le Création du monde. L’Église n’est pas faite pour les seuls chrétiens, elle est envoyée à toute l’humanité pour accompagner à la lumière de la foi son humanisation et le salut spirituel du monde. À nous de découvrir le signes que Dieu nous fait dans ces temps qui sont les nôtres. Mais nous verrons de plus en plus l’écart se creuser entre les perspectives de l’Église et celles de nos sociétés d’abondance – réelle ou rêvée. La vie chrétienne va à contre-courant des idées reçues de la société.
4. La liturgie est le grand malentendu du Concile : l’impasse des changements de rites
Les Pères conciliaires voulaient redonner tout son sens à la prière du Peuple de Dieu. Nous avons eu des querelles avec ceux qui n’en attendaient que des satisfactions individuelles. Les disputes traditionnelles comme certains excès “progressistes”, ont tout réduit aux questions de langue (latine ou courante) ou surtout de rites. Aussi tous sont passés à côté de l’eucharistie, de l’action de grâce, l’essentiel, c’est l’offrande du Christ à son Père, comme communion dans le corps du Christ qu’est l’Église par le pain et la vie commune. On y découvre encore dans la presse de la pratique cultuelle dominicale le signe d’appartenance à la foi catholique alors que celle-ci est déterminée d’abord par le baptême vécu en Église.
5. La primauté de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église
Le chrétien est d’abord celui qui, dans sa vie, se met à l’écoute de Dieu et de sa parole, qui accepte cette parole comme dernier mot de son existence, et cela fût-il le Pape. Benoît XVI et le pape François l’ont eux-mêmes souligné. L’Écriture n’est pas seulement une ancienne histoire sainte, elle nous relie au dessein de Dieu à travers les siècles, là où il révèle à son peuple d’Israël et aux frères de son Fils Jésus la lumière de ses appels et la dignité de notre “enfance de Dieu” par le baptême. En lisant la Bible, nous retrouvons la sève de l’Esprit qui nous “greffe” sur Dieu.
Propos recueillis par Fanny Magdelaine
Ce Concile qui a tant à nous dire de Mgr Gérard Defois. Éditions du Cerf, 301 pages, 25 euros.