Entretien avec Mgr. Charles Pope à propos du sacrement de réconciliation.
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Le sacrement de réconciliation a fait couler beaucoup d’encre. Mais que signifie pour un prêtre d’écouter les péchés des autres, semaine après semaine, mois après mois ? Est-ce un fardeau ? La vie spirituelle du prêtre en est-elle modifiée ?
Mgr. Charles Pope est le prêtre de l’église St-Cyprien le Saint Consolateur, à Washington. Ordonné en 1989, il exerce son ministère dans l’archidiocèse de Washington.
Aleteia : Mgr. Pope, en quoi votre manière d’écouter les confessions a évoluée depuis vos premières années de prêtrise ?
Mgr. Charles Pope : Ce qu’il faut retenir, c’est que j’ai appris à encourager les gens à aller plus loin dans leurs confessions. Souvent, ils se contentent de dire ce qu’ils ont fait ou pas fait. C’est bien, mais la vraie question est pourquoi ? Beaucoup sont frustrés parce qu’ils confessent les mêmes péchés tout le temps… mais la clé est de creuser son intérieur.
Qu’avez-vous appris de la nature humaine en écoutant les péchés des gens jour après jour ?
À être patient avec la condition humaine. J’ai remarqué que les combats des gens et leurs forces étaient étroitement liés. Par exemple, une personne s’entend bien avec tout le monde, mais ne se bat pas pour défendre ses idées, ou une autre est passionnée, mais lutte avec la chasteté.
Quelles sont les conséquences émotionnelles et psychologiques que vous ressentez après avoir écouté des confessions pendant de si nombreuses années ?
Quand une personne vient se confesser, je ressens d’abord un soulagement. Elle a entendu l’Évangile, qui l’amène à la repentance, mais aussi à l’espoir et à la grâce. Je suis heureux qu’elle soit là et je veux faire preuve de gentillesse et d’écoute.
Nous, les prêtres, nous faisons face à une écoute permanente, ce qui nous tenterait d’agir comme des pilotes automatiques. Mais notre rôle est d’essayer d’être avec la personne à “l’instant t”. C’est peut-être la trentième personne qui vient se confesser ce jour-là, mais le moment est unique pour la personne en face de vous.
Comment vous préparez-vous spirituellement pour écouter les confessions ? Et ensuite, avez-vous un rituel qui vous aide à oublier ce que vous avez entendu et passer à autre chose?
Je me confesse moi-même chaque semaine. Les prêtres doivent le faire souvent, sinon nous ne serions pas des confesseurs efficaces. Je fais aussi beaucoup de lectures spirituelles.
Je sais que le sceau de la confession est sacro-saint. N’avez-vous jamais souhaité partager ce que vous aviez entendu ?
L’interdiction ne dit pas que vous ne pouvez jamais en parler. Vous ne pouvez pas en dévoiler les détails ou donner des informations qui permettraient d’identifier une personne.
Comme je vous le disais, nous, les prêtres, nous sommes souvent sollicités et il est vraiment difficile de se rappeler ce que les gens vous disent. Après quelques années, vous ne pouvez pas vous souvenir de ce que vous avez entendu en confession. Une mauvaise mémoire, c’est une grâce que Dieu nous donne.
Écouter les confessions altère-t-il votre approche du sacrement et réciproquement?
Bien entendu. Par exemple, si je m’apprête à interrompre quelqu’un, j’essaie de me souvenir que je n’aime pas être interrompu moi-même en confession. Il y a quelque chose de puissant dans l’écoute ; elle permet à quelqu’un de décharger son fardeau. Ce que je dis en tant que confesseur est secondaire.
Quelles sont les qualités d’un grand confesseur?
Le but de la confession n’est pas de prodiguer continuellement des conseils emprunts de sagesse. En fin de compte, il s’agit d’offrir son écoute et sa compassion.