Après “Sauvons les garçons !” où il démontrait les difficultés de ceux-ci à s’insérer dans le système scolaire, Jean-Louis Auduc publie une nouvelle étude consacrée à la “fracture sexuée”.
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Cette fracture révèle que ce sont les garçons qui sont essentiellement en échec scolaire : ils redoublent plus que les filles, ils arrêtent davantage leurs études, ils sont touchés par l’illettrisme et la non-maîtrise des savoirs fondamentaux.
L’échec masculin : une réalité qui s’aggrave
Sur les 150 000 jeunes décrocheurs, 75% sont des garçons. De même, les 30% d’illettrés recensés chaque année lors de la JDC sont composés au trois-quarts de jeunes hommes ; 47% des jeunes femmes sortent diplômées du supérieur, contre 34% des jeunes hommes. En 2014, 56% des étudiants sont des filles, une part qui ne cesse de progresser, dans toutes les formations.
Les écarts de lecture ne cessent de croître. D’après les études PISA, les filles possèdent 40 points d’avance sur les garçons en 2009, contre 29 en 2000. Les résultats des garçons en lecture passent de 490 points en 2000 à 475 en 2009, quand les filles se maintiennent à 515 points en 2009, contre 519 en 2000. On compte peu de garçons parmi les très performants, mais ils sont majoritaires, et de plus en plus nombreux, parmi les peu performants. En 2012, 32% des garçons n’atteignent pas le niveau de compréhension de l’écrit considéré comme minimal pour réussir un parcours personnel.
Au collège et au lycée, les garçons redoublent plus que les filles, ils sont plus violents et ils sont plus sanctionnés qu’elles. L’échec est complet ; et il s’aggrave.
Les indicateurs cités par Jean-Louis Auduc sont tous tirés de documents officiels du ministère de l’Éducation ou d’organismes qui lui sont liés. Lui-même ayant été directeur de l’IUFM de Créteil il connaît parfaitement ces problématiques. L’état des lieux est donc bien connus des services officiels même si, obnubilés par la lutte contre les discriminations faites aux femmes, beaucoup se sont refusés à voir la réalité de la fracture sexuée.
Une mixité qui n’a pas été pensée
La cause de cet échec est dans une mixité scolaire qui a été imposée dans les années 1960 sans être jamais pensée ni réfléchie. Elle fut rendue obligatoire par décrets, même si des établissements non-mixtes demeurent, dans le public comme dans le privé. L’école mixte est en réalité une école pour les filles où les pratiques pédagogiques sont adaptées aux filles, mais pas aux garçons. Tout a été fait pour considérer les élèves comme des êtres asexués, comme si les différences fille/garçon n’existaient pas. De quoi, aussi, préparer le terrain à l’idéologie du genre.
Jean-Louis Auduc propose non pas de revenir sur la mixité scolaire, mais de réaliser une pédagogie différenciée, c’est-à-dire d’adapter les pratiques pédagogiques aux filles et aux garçons, ce qui peut passer par des séparations de fait pour certains cours.
Si à l’étranger les établissements différenciés sont courants, ils sont assez rares en France, bien que reconnus par la loi. Pourtant, les études démontrent qu’ils favorisent les résultats des garçons et des filles, à l’école comme au lycée. Les établissements différenciés permettent de lutter contre les stéréotypes de genre et facilitent les rapports entre les filles et les garçons. Comme le fait remarquer l’auteur, avant de connaître l’autre sexe, il faut d’abord connaître le sien. Or c’est une des conséquences négatives de la mixité scolaire que de perturber le bon développement de la personnalité et de l’estime de l’autre chez les filles et surtout chez les garçons.
Les conséquences djihadistes
Autre conséquence de cet échec des garçons, l’entrée dans le djihadisme. Des garçons en lourd échec scolaire, c’est le risque que certains rejoignent les rangs djihadistes pour retrouver un rôle social. Puisque, par leur échec et par leur absence de diplôme ils ne peuvent pas accéder à des emplois qualifiés, ils peuvent se replier dans le salafisme pour y trouver un rôle et une fonction sociale qui leur est interdit ailleurs. “Des hommes humiliés (…) se replient sur le contrôle du quartier. Contrôler le quartier c’est d’abord contrôler les femmes et les enfants, deux composantes décisives de la reproduction de l’ordre social” (Hamid Bozarslan, directeur d’études à l’EHESS, cité page 10).
Lutter contre l’échec des garçons est donc un des moyens à mettre en place pour résorber la menace terroriste.
La fracture sexuée est réelle et les garçons sont le sexe faible de l’école. Aux familles de trouver des solutions pour que cesse leur échec.
École : la fracture sexuée de Jean-Luc Auduc. Éditions Fabert, 11 février 2016, 12 euros.