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Cuba/États-Unis : la diplomatie victorieuse du pape François

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Chiara Santomiero - publié le 18/12/14
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« Après Cuba, une main doit maintenant être tendue à la Russie », déclare Mgr Mennini, récemment nommé nonce apostolique en Grande-Bretagne.
Pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, les États-Unis et Cuba rétablissent leurs relations diplomatiques, rompues depuis 1961. Dans cet accord historique, annoncé ce 17 septembre, le pape François et la diplomatie vaticane ont joué un rôle de premier plan. Aleteia a demandé à Mgr Antonio Mennini, nonce apostolique en Grande-Bretagne (après huit ans passés comme nonce apostolique en Russie), de commenter cet événement historique.  

Que pouvez-vous dire de ce changement soudain dans les relations entre les États-Unis et Cuba ?
Mgr Mennini :
Il s’agit d’un tournant historique, qui fera date : les relations diplomatiques sont rétablies entre les deux pays. Non seulement la population en bénéficiera, mais aussi les réfugiés et les prisonniers politiques. Cet événement aura certainement également des répercussions sur la liberté de l’Église. C’est un grand geste de détente, peut-être annonciateur d’initiatives similaires concernant d’autres pays.  

À quoi pensez-vous ?
Mgr Mennini :
À la Russie et aux sanctions des États-Unis à l’encontre de ce pays, suite à la crise ukrainienne. L’Ukraine peut jouer un rôle charnière entre la Russie et l’Occident, tout en conservant son autonomie ; de même qu’il faut comprendre les craintes russes, même si leurs erreurs ne doivent pas être justifiées. On dit que les sanctions ne devraient pas affecter la population. Mais, en fait, aujourd’hui, la population russe est en grande difficulté. J’ai apprécié le discours que le président Renzi a prononcé hier, ainsi que le fait qu’il ait souligné que la politique étrangère ne peut être menée à coup de sanctions. La Russie doit revenir à la table des négociations internationales pour aborder les grandes questions qui sont sur le tapis. La Russie a besoin de l’Occident, mais l’Occident aussi  a besoin de la Russie. Il suffit de songer à la situation au Moyen-Orient, à la Syrie, à l’accord – désormais dans la dernière ligne droite – sur le nucléaire iranien. Il faut une politique étrangère à long terme et donner une chance à la Russie de jouer cette partie.  

Castro et Obama ont remercié François pour sa médiation. La diplomatie du Vatican joue-t-elle un rôle important dans la politique internationale ?
Mgr Mennini :
À l’évidence, oui. Outre la remarquable qualification du secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, il existe une diplomatie personnelle et de dialogue du pape François, qui porte de nombreux fruits. Son origine latino-américaine, entre autres, l’amène à avoir un regard particulier sur les situations impliquant les communautés de ce continent. Je suis sûr que nous verrons d’autres résultats similaires.  

François n’est pas le premier pape à intervenir sur des questions impliquant Cuba, n’est-ce pas ?
Mgr Mennini :
Comment ne pas évoquer l’intervention du pape Jean XXIII au moment des tensions entre les États-Unis et l’URSS dans l’affaire de la baie des Cochons, à Cuba ? Le bon Pape a fait preuve d’une grande clairvoyance : bien que raillé par ses détracteurs, les contacts qu’il réussit à établir avec Khrouchtchev ont sauvé la paix dans le monde. Il a également sauvé la vie du cardinal Josyf Slipyj, archevêque majeur de Lviv (Lvov) pour les Ukrainiens. La bonté intelligente est toujours récompensée et François fait de même, en répondant à l’invitation évangélique : « Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes ». L’Église n’a pas de forts pouvoirs, mais elle peut offrir le dialogue et l’amitié, comme le fait Bergoglio. Et nous espérons que le Seigneur l’aidera toujours dans cette tâche pour remédier à la « IIIe Guerre mondiale par morceaux » d’aujourd’hui.

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