Le Christ ressuscité a donné rendez-vous aux onze apôtres sur une montagne, lieu de la rencontre du ciel et de la terre, affirmant que tout pouvoir lui « a été donné au ciel et sur la terre » (Matthieu 28, 18). Il les envoie baptiser, faire Église, transformer le monde en un royaume d’amour et de paix.
Ascension
« Ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée » (Actes 1, 9). Le Christ ne s’est pas absenté de nos vies depuis que les Apôtres l'ont vu s'élever au ciel. Il est bien là dans nos prières et nos engagements. Si nous souffrons de son absence, c’est qu’il nous est présent autrement. La montagne est belle de loin, la distance permet ainsi une plus grande proximité.
« Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel » (Actes 1, 11)? Il nous arrive aussi de fixer le ciel comme si nous n’attendions plus rien de la terre. Assoiffés de lumière, nous cherchons la source qui va combler notre désir de bonheur. Nous pressentons bien qu’un jour l’amour de Dieu nous embrassera éternellement. Son Esprit a été donné pour nous tourner vers ce Dieu de tendresse que Jésus appelle abba. « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8).
Le Ciel est en nous
Le Christ n’est pas en haut, il est en bas avec nous. Il n’est pas au bout du chemin, il est au milieu avec nous. Il n’est pas absent, il agit à travers nous pour continuer à aimer et à guérir. Il ne s’est pas éloigné de nous, il est retourné vers le Père pour être plus près de nous par l’action de l’Esprit Saint. En Jésus ressuscité, toute l’humanité est enlevée au ciel, elle fait partie de Dieu.
Le Ciel est en nous, sur terre. Nous sommes prévenus par une lumière, la Trinité, cachée au fond de notre être baptisé. Nous sommes invités à habiter « le ciel de notre âme », selon l’expression de Thérèse de Lisieux, reprise par une autre carmélite, Élisabeth de la Trinité. Ce ciel est si profond que seul l’Esprit Saint peut nous y conduire pour prolonger l’humble prière d’offrande du Fils. C’est l’Esprit qui a l’initiative et qui prie en nous : abba.
Un mystère d’intériorité
L’Ascension est un mystère d’intériorité où nous nous éveillons dans le Christ qui nous ramène au cœur de notre cœur. Il nous a tous pris dans sa gloire. Nous sommes montés avec lui, car nous sommes faits pour la lumière. Notre envergure est à la mesure du Ciel commencé sur la terre que nous accueillons comme une grâce. Si nous éprouvons parfois l’absence du Christ, ce manque devient désir, ce silence devient parole, cette absence devient présence de Dieu. Nous apercevons ses traces dans la nuit de notre foi.
Dieu échappe à nos sens. Nous sommes devant l’Infini d’un amour qui a pris chair dans le corps du Christ, enlevé à nos regards depuis l’ascension. Il nous reste son Pain et son Vin, sa parole et son Église, sa présence dans les plus petits. Il nous reste la prière de foi où il se rend présent dans l’absence et où il nous redit tendrement à l’oreille du cœur : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde ». (Matthieu 28, 20)
Paru dans Prions en Église Canada, 1er juin 2014.