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Crise du mariage mais surtout crise du monde !

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aleteia - publié le 29/11/13
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Marco Guzzi, poète et philosophe*, nous fait part de ses réflexions sur la crise du couple, l’un des points du questionnaire préparatoire au Synode sur la famille.

Le poète et philosophe italien Marco Guzzi a toujours allié l’activité de communication culturelle à la recherche, notamment par sa longue expérience dans les moyens de communication de masse. Depuis 14 ans, il dirige et développe le mouvement culturel Darsi pace. Aleteia lui a proposé de réfléchir sur le questionnaire préparatoire du prochain Synode extraordinaire consacré à la « pastorale de la famille dans le contexte de l’évangélisation ».

En particulier, que lui suggère cette question (soulevée dans le troisième groupe) : Quelle attention pastorale l’Église a-t-elle montré pour soutenir le cheminement des couples en formation et des couples en crise ?

Marco Guzzi :
« Je répondrai en premier lieu à une question : le chrétien ou la chrétienne d’aujourd’hui font-ils une expérience de vie spirituelle adaptée aux temps que nous vivons ? Est-elle en mesure, plus précisément, de renouveler la relation conjugale et de dépasser les (justes) raisons de la crise du mariage traditionnel que nous sommes en train de vivre ? À mon avis non.

Tout simplement parce que le problème bien plus vaste de la transformation anthropologique en cours n’est pas abordé. Ce n’est pas seulement le mariage qui est en crise !

C’est la vie consacrée et le sacerdoce qui sont en crise, la démocratie et la politique, l’école et la santé, la façon dont nous venons au monde et dont nous mourons. Toutes les formes égotico-belliqueuses dans lesquelles nous avons construit les mariages, les rapports hiérarchiques, les démocraties, les économies, sont en train de s’effondrer. C’est pour cela que nous ne sauverons pas le mariage avec les mêmes arguments que ceux d’un monde mourant ou avec les quelques défenses rhétoriques de politiciens pathétiques, pour ne pas dire tragiques.

Une pastorale adaptée à la crise et au renouveau de la famille- comme nous l’a du reste indiqué Benoît XVI en initiant l’Année de la Foi- devrait se fonder sur les problématiques anthropologiques inhérentes à la foi, également, parce qu’il y a en cours quelque chose de très profond, qui regarde ce qu’est l’homme, et ce qu’est l’homme régénéré en Christ. Nous avons besoin d’une nouvelle anthropologie et d’une nouvelle expérience chrétienne. »
 
Aleteia : Dans ce contexte de crise anthropologique, quelle lumière incarne ou pourrait incarner le mariage chrétien pour l’Église et pour le monde ?
 
Marco Guzzi : 
« Tout d’abord, nous devons mieux intégrer le mariage comme symbole ultime du relationnel profond : l’être humain existe seulement « en relation avec l’Autre » et c’est dans cette relation qu’il explique sa fécondité. Dans le mariage, ce relationnel s’exprime dans la forme la plus élevée parce qu’il est le lieu dans lequel « l’être humain naît ». Et il naît dans une relation conjugale, affective et intime de deux personnes sexuellement opposées.

Toute la grande philosophie soutient que c’est de la coniunctio oppositorum, de la conjugaison des opposés que naît la vie, la nouveauté. C’est également l’archétype du rapport entre l’homme et Dieu, entre l’Église et le Christ. Dans la Genèse il est dit que « Dieu créa l’homme à son image…homme et femme Il les créa ». La combinaison de l’homme et de la femme sont l’image de Dieu. Dès lors, une série de conséquences concrètes en dérivent.

Aujourd’hui par exemple, nous vivons dans un monde stérile également d’un point de vue créatif. Nous n’avons jamais connu de décennies aussi pauvres, stériles et misérables, créativement parlant.

Il existe une part de masculin et de féminin au fond de nous qui doivent fusionner, en redécouvrant un rapport équilibré entre réceptivité féminine et créativité active masculine. Regardons en revanche l’économie « machiste » de ce temps : elle est arrogante, toujours en agitation et toujours obsédée par la croissance, de manière absolument pas naturelle. Il manque un équilibre. L’équilibre du masculin et du féminin dans le mariage exprime la plus grande créativité de l’homme et offre un paradigme pour repenser chaque activité humaine.

Mais parmi la connaissance de l’Église, il y a tellement de choses qui n’ont jamais été prises en compte dans la quotidienneté pastorale et catéchétique…

L’Église doit comprendre que nous sommes en phase terminale d’une époque et qu’il faut repartir des fondamentaux, du baptême, des petits groupes, d’une vraie vie spirituelle personnelle, profonde et radicale.

 Il ne suffit pas que le Pape lance des provocations, qu’on lui rende hommage et que les places soient noires de monde : il doit y avoir une expérimentation effective. Le risque est d’induire parmi le peuple une massification- déjà observée – qui, selon Jung, est l’opposé de l’individuation, en d’autres termes du fondement de la relation authentique : si nous voulons une humanité relationnelle et donc également un « nouveau » mariage, nous devons faire grandir les personnes une par une.»

Propos recueillis par Simone Sereni pour l’édition italienne de Aleteia. Traduction : Solène Tadié.
 
* Poète, philosophe et animateur de radio, Marco Guzzi enseigne à la "Claretianum," Institut de théologie de la vie consacrée de « Université du Latran est professeur invité à la Faculté d’éducation de l” Université pontificale salésienne . En 2009 le pape Benoît XVI l’a nommé membre de l’Académie pontificale des Beaux-Arts et des Lettres.
 
 
 

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