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Toutes les religions se valent-elles ?

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La rédaction d'Aleteia - publié le 23/09/13
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Si l’homme est créé à l’image et ressemblance de Dieu, il est normal qu’il le cherche « comme à tâtons ». En choisissant le peuple d’Israël, Dieu se révèle, progressivement, tel qu’il est.

Si la foi chrétienne est vraie, les autres religions sont-elles fausses ? Est-ce que toutes les religions se valent ? Sur quels critères doit-on choisir une religion ? La première question est un piège. Si vous répondez « oui, les autres religions sont fausses », vous êtes un sectaire. Si vous répondez « non » à la première question, vous êtes suspect d’avoir d’avance répondu « oui » à la deuxième : « toutes les religions se valent ». Alors, pourquoi être chrétien ?

Cette question a été une des plus discutées au concile Vatican II et la polémique, à cet égard, n’est pas achevée. Elle a fait l’objet d’un texte court, mais qui a fait date, la Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, Nostra aetate (NA) dans son titre latin. Il s’agit de la relation avec les religions non chrétiennes qui donne lieu au dialogue inter-religieux, et non du rapport avec les diverses confessions chrétiennes qui s’exerce dans le dialogue œcuménique.

Il faut repousser les deux réponses extrêmes. Si les autres religions sont totalement fausses, il y a un danger d’intolérance, voire de violence : hélas, l’actualité montre que ce danger n’est pas illusoire. Si toutes les religions se valent, c’est le triomphe d’un relativisme sans relief et sans couleur. Il faut désespérer de la vérité : est-ce digne de l’homme ?

Dans un domaine aussi important, il ne faut pas tomber dans le schématisme des jeux télévisés : selon que vous répondez « vrai » ou « faux », vous gagnez ou vous êtes éliminé.

Il faut se méfier des fausses évidences. En ce qui concerne la vérité, dans certains cas, il est possible de répondre par un « oui » ou un « non » bien tranché. « Que votre oui, soit oui, que votre non  soit non », dit Jésus. Oui, dira le chrétien, Jésus est le Messie, Fils de Dieu, ressuscité au jour de Pâques. Non, le Bouddha ou Mohammed ne sont pas à mettre sur le même plan que Jésus.

Mais ce n’est pas une raison pour mépriser le bouddhiste qui cherche à se libérer de ce qui nous encombre ou le musulman quand il affirme l’unicité de Dieu. Même dans les sciences dites exactes, on peut admettre que des vérités soient partielles. A plus forte raison dans les « sciences » humaines.

Une photographie peut être plus ou moins nette. Une station de radio peut être plus ou moins brouillée.

Le concile Vatican II déclare : « L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans (les) religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. » (NA 2)

A la suite des Pères de l’Eglise, le concile Vatican II reconnaît dans les « religions » une « préparation évangélique », bien qu’à cause du péché, la perversion soit toujours possible.

Dieu est le Créateur de l’univers, mais plus spécialement de toute l’humanité. L’homme est créé à l’image et ressemblance de Dieu, dit le livre de la Genèse, dans ses premiers chapitres qui concernent toute l’humanité et pas seulement le peuple d’Israël. Malgré le péché, une trace de cela reste chez tout homme, et le rend désireux de trouver le Vrai et de faire le Bien. « Tu es venu en aide à tous les hommes pour qu’ils te cherchent et puissent te trouver » (Prière eucharistique n° 4).

Cette recherche n’est pas sans erreur. Elle peut aboutir à des résultats pervers : tuer au nom de Dieu. L’Ancien Testament réagit là-contre. Elle peut tourner à l’idolâtrie, c’est-à-dire à prendre pour dieux de simples créatures ou à imaginer les dieux comme des humains en plus grand, y compris avec nos vices : c’est le monde païen dans lequel l’Evangile a commencé d’être prêché.

La recherche de Dieu peut aussi s’arrêter sur le seuil, renvoyant le divin dans l’inconnu ou dans l’impersonnel, « le divin ». A Athènes, Paul a félicité les Grecs d’avoir élevé un autel « au dieu inconnu ». Manifestement, il y voyait une « préparation évangélique ». Hélas, quand il entreprit d’annoncer ce que l’Evangile a d’original, ses auditeurs se sont moqués de lui. Les préparations n’aboutissent pas toujours.

« Toi, le seul vrai Dieu », dit Jésus-Christ en s’adressant au Père. Dieu est fiable. Je peux m’appuyer sur lui. Il est Créateur et Sauveur. De tous.

Nous ne connaissons quelqu’un que si cette personne se manifeste, se fait connaître. Un objet se laisse observer passivement. Pour qu’une personne soit connue, il faut qu’elle prenne une initiative. En langage chrétien : qu’elle « se révèle ». Si cela est déjà vrai entre les humains, à combien plus forte raison s’il s’agit de Dieu.

A la recherche de l’homme répond la révélation de Dieu. Dieu se révèle sous un mode personnel en choisissant un petit peuple, Israël, en lui donnant une loi, en l’accompagnant dans son histoire chaotique. Dieu lui promet un Messie, un Sauveur, pour lui mais pas seulement pour lui. Depuis Abraham, pendant deux mille ans, Dieu a fait ses preuves. Il est fidèle. Il est fiable. On peut compter sur lui. Il dit ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit. Il est vrai.

L’acte de foi, c’est de dire à Dieu : Tu es le Créateur, Source et Terme de toute existence humaine et de tout l’univers. Il n’est pas un dieu particulier. Il est l’Infini. Tous ont place dans son Royaume.

Chacun est tenu, en conscience, de rechercher la vérité. Cette vérité existe. Elle n’est pas inatteignable. Mais ce qui parlera aux uns parlera moins, ou pas du tout, à d’autres.

La doctrine catholique enseigne qu’il n’est pas impossible aux hommes d’affirmer l’existence de Dieu comme Unique et de la personne humaine comme éternelle en son âme. Bien des philosophes grecs y sont parvenus et c’est pourquoi l’Eglise les tient en grande estime.

Mais la foi chrétienne n’est pas seulement une affirmation philosophique. Elle est la reconnaissance de Dieu en Jésus-Christ. Cette reconnaissance n’est pas automatique. Elle a quelque chose de gratuit puisque Dieu se révèle comme Amour.  Elle demande une conversion puisque l’Evangile appelle à aimer même les ennemis.
Bien qu’elle dépasse tout raisonnement, la foi chrétienne n’est pas sans indices. Mais les indices ne seront pas les mêmes pour tous : expérience spirituelle personnelle comme saint Paul (sans le cheval) ; découverte de Jésus par la lecture de l’Evangile (« aucun homme n’a parlé comme cet homme ») ; témoignage des saints d’hier ou des chrétiens d’aujourd’hui ; fécondité culturelle et sociale du christianisme etc…

Puisque la question posée était celle de la multiplicité des religions, le christianisme manifeste sa vérité dans la mesure où il accueille toutes les cultures, y compris dans leur dimension religieuse, en leur faisant rendre le meilleur d’elles-mêmes.

Tout ce qu’on découvre de bon semé dans le cœur et l’âme des hommes ou dans les rites particuliers et les civilisations particulières des peuples, non seulement ne périt pas, mais est purifié, élevé et porté à sa perfection pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme. (Vatican II – L’Activité missionnaire de l’Eglise, n° 9).

 

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