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Le pape François et le « sacrement du pauvre »

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Joël Sprung - publié le 30/03/13
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Le Saint-Père remet à sa juste place le « sacrement du pauvre », indissociable du sacrement de l’eucharistie

Le Saint-Père remet à sa juste place le « sacrement du pauvre », indissociable du sacrement de l’eucharistie

Dans les quelques mots que le Pape François a prononcé à l’issue du chemin de croix ce Vendredi saint, il s’est plus particulièrement adressé « aux personnes malades et aux personnes âgées », puis a remercié ceux à qui avaient été confiées les méditations du chemin de croix : des membres de communautés chrétiennes du Liban, qui sont pour beaucoup des étrangers dans leur propre pays. Une des prières du chemin de croix demandait d’ailleurs au Seigneur, pour les « fils des Eglises orientales, affligées de diverses difficultés, parfois allant jusqu’à la persécution ou affaiblies par l’émigration, le courage de rester dans leurs pays pour annoncer la Bonne Nouvelle ». La veille, François a célébré la Cène dans une prison pour mineurs, embrassant les pieds de douze des prisonniers participant à la célébration, sans d’ailleurs faire de distinction de sexe ou de religion. Enfin, lors de la messe des Rameaux, qui ouvrait la semaine sainte, il louait l’Espérance et la joie nées du Christ « surtout chez les gens humbles, simples, pauvres, oubliés, ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde ».

 

Pauvres, prisonniers, malades, étrangers, … François fait ce qu’il dit, ce qu’il avait annoncé dans l’homélie de sa messe d’intronisation en citant Matthieu 25 : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. » (Mt 25, 34-36).

Saint Jean Chrysostome parlait du sacrement du pauvre, qu’il considérait comme indissociable du sacrement de l’autel. C’est, avec d’autres mots, ce que le Pape François a rappelé lors de la messe chrismale, en insistant sur l’onction. L’onction, ce symbole du sacrement lui-même, qui envoie proclamer la bonne nouvelle aux pauvres, aux affligés, aux prisonniers… (Lc 4, 18-19) Un sacrement, nous enseigne la théologie catholique, c’est un signe qui opère ce qu’il signifie, du fait même qu’il est produit (ex opere operato). Dans l’évangile de Matthieu, Jésus précise : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40).

Parler de « sacrement du pauvre » n’est dès lors pas un abus de langage, ni une fantaisie homélitique. Du moins pas si l’on prend au mot ce verset de saint Matthieu ; et d’ailleurs, ne prenons-nous pas au mot les paroles de Jésus au cours du dernier repas ? Le Christ est bien rendu présent dans le pauvre, le malade, le prisonnier, l’étranger comme il est rendu présent dans le pain et le vin de l’eucharistie. Et c’est pourquoi ce sacrement du pauvre et ce sacrement de l’autel sont si liés ; c’est pourquoi, dans le récit de la Cène, l’évangile de Jean ne parle pas du tout du pain et du vin dont il est question dans les synoptiques, mais seulement du lavement des pieds : il s’agit de la même chose, d’un seul et même sacerdoce, qui rend présent le Christ au milieu des hommes.
De Paul VI à Benoit XVI, les successeurs de Pierre ont eu à cœur, dans leurs encycliques sociales, de nous inviter à promouvoir pour l’homme un « développement intégral ». Prenant la suite et ramenant tout à la Croix, François semble vouloir réveiller, chez tous ceux qui ont reçu l’onction (pas seulement les prêtres, mais tous les baptisés) l’appel à un « sacerdoce intégral ».

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