Campagne de Carême 2025
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À 30 ans, la vie est pleine de surprises, Laurine en sait quelque chose. Originaire de Beauvoisin dans le Gard, cette jeune femme pétillante s’apprête à vivre un événement qu’elle était loin d’imaginer. Catéchumène, elle va recevoir le baptême la nuit de Pâques. "Mes parents ne sont pas croyants et plutôt réfractaires à la religion de manière générale", annonce-t-elle en préambule. "Ma grand-mère paternelle était dans une secte, la religion est devenue un sujet tabou, de discorde à cause de ça." Si sa sœur aînée a reçu le baptême pour faire plaisir aux grands-parents ce n’est pas le cas de Laurine. "Mes parents ont divorcé alors que j’étais petite, mon baptême n’a donc pas été à l’ordre du jour."
Elle se souvient avoir eu envie d’explorer sa foi vers 8 ans mais on lui fait comprendre assez rapidement que ce n’était pas la priorité. À 17 ans, elle perd son arrière-grand-mère maternelle dont elle était proche. "Elle croyait en Dieu et je me souviens de la beauté de sa messe de funérailles. Je me souviens m’être sentie happée par quelque chose, avoir senti comme une connexion. Mais je n’ai pas approfondi et la vie a repris son cours." Enfin, pas tout à fait. Elle ressent la présence de son arrière-grand-mère très fortement lorsqu’elle doit faire face à des choix difficiles, prendre des décisions douloureuses. "Aujourd’hui je sais qu’elle ne cesse d’intercéder pour moi auprès de Dieu", assure Laurine. "À l’époque je n’avais pas les mots mais aujourd’hui je sais."
Je me souviens que sur ce banc d’église j’ai beaucoup pleuré. Il y avait tant de gens accueillants, tant d’amour autour de nous… Je me suis sentie à ma place.
Et puis vient une rencontre il y a trois ans maintenant. La rencontre. Celle de celui qui s’apprête à devenir son mari l’année prochaine. "Pierre est la première personne avec qui j’ai parlé de religion. Il m’a expliqué qu’il était catholique mais dès le début il m’a dit que ça ne le dérangeait pas que je ne croie pas en Dieu." Pourtant, plus Laurine avance dans cette relation, plus elle réalise qu’il représente tout ce qu’elle a espéré : une vision du monde partagée, des valeurs communes… Difficile pour Laurine de mettre les mots sur ce qu’il s’est passé. "Il s’est passé un truc. Ce doit être l’Esprit saint qui est descendu sur nous !", s’amuse-t-elle. Un matin au réveil, elle qui n’est jamais allée à l’église demande à son conjoint de l’accompagner. "Je ne savais pas trop comment faire et il m’a simplement répondu : ‘Avec plaisir’". C’était la messe des familles. "Je me souviens que sur ce banc d’église j’ai beaucoup pleuré. Il y avait tant de gens accueillants, tant d’amour autour de nous… Je me suis sentie à ma place", se remémore-t-elle émue. Ce jour d’avril 2024 elle s’est sentie à sa place. "Et là ça a été le déclic. Cela faisait trop d’années que je me laissais porter par les événements sans creuser ma foi. J’ai décidé de m'y arrêter. J’ai su que c’était là que je devais être."
Les choses s’enchaînent ensuite rapidement pour Laurine. On la met en contact avec la personne chargée du catéchisme pour les adultes, le fameux catéchuménat. "Concrètement ma vie a changé. Il y a eu un point de bascule lors de cette messe des familles. Je ressens un grand alignement dans ma vie avec toutes ces étapes", assure-t-elle. Lors de sa lettre remise à l’évêque il y a une quinzaine de jours, les mots ont coulé tout seul. "C’est rare que je ressente une telle fluidité. Tout a été très naturel, rien ne bloquait." Et la jeune femme de poursuivre : "Les choses coulent de source je sais que ce n’est pas une lubie du moment. Je sens que cela était profondément ancré en moi. Il fallait juste que ça sorte." Le sentiment qu’elle ressent à l’approche du grand jour ? "C’est comme si je défaisais enfin le nœud d’une pelote !"
J’ai découvert la foi à 30 ans et ma foi a directement été celle d’une femme qui a déjà 30 ans d’expérience de la vie.
Alors, bien sûr, si la sérénité l’emporte, tout n’a pas été simple lors de la préparation. "Imaginez, cela faisait 30 ans que j’avais grandi et que je vivais sans religion !". Combien de fois s’est-elle interrogée au retour d’une réunion : "Je suis vraiment en train de croire à tout ça ? Est-ce que je ne suis pas en train de devenir bizarre ?". Les moments de lucidité où elle sait qu’elle est au bon endroit et de doute où elle se demande si elle ne se trompe pas alternent régulièrement. "Quand on est seul on doute. J’ai eu du mal à accepter ce changement à 30 ans. Le fait d’être avec Pierre et avec une équipe de catéchumènes m’a beaucoup aidé."
Avec son conjoint, les discussions ne se tarissent jamais sur la foi, l’Église, les questions de société, la fameuse boussole qu’est l’Évangile. Lui baigne dedans depuis l’enfance et a grandi avec les valeurs de l’Église, elle découvre et absorbe tout ce qu’elle peut. "Depuis que je suis en chemin, il n’arrête pas de me dire que c’est très courageux de ma part. Mais moi je le trouve aussi très courageux de m’accompagner sur ce chemin." Car si Pierre a reçu une éducation catholique dans l’enfance et se définit comme croyant, la conversion de Laurine le stimule et le pousse à s’interroger à nouveau sur tout ce qu’il a appris dans sa jeunesse. "J’ai découvert la foi à 30 ans et ma foi a directement été celle d’une femme qui a déjà 30 ans d’expérience de la vie. Je ne suis pas passée par la case ‘foi d’enfant’."

Quand on lui demande ce que cette nuit de Pâques représente pour elle, on entend presque Laurine sourire au bout du fil. "Je me doute qu’une lumière aveuglante ne va pas d’un coup descendre sur moi lorsque le prêtre me versera de l’eau sur le visage", glisse-t-elle. "Mais je vais devenir un membre de la communauté chrétienne. J’ai hâte de faire partie de l’équipe ! Et puis il y a la communion aussi. Je vais aussi avoir droit à ma part du Christ."
Après le baptême ce sera le mariage avec Pierre. "Je suis tellement heureuse de poursuivre mon chemin de foi avec une prépa mariage", poursuit la jeune femme. "Et puis de pouvoir ensuite transmettre cette foi à mes enfants, de construire notre famille sur des bases solides, sur cette foi qui nous anime et nous fait vibrer. Recevoir le baptême c’est le cadeau que j’ai choisi de me faire à moi-même pour mes 30 ans. Et quel cadeau."
