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À la soupe Saint-Eustache, “tout le monde a quelque chose à offrir”

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Agnès Pinard Legry - publié le 14/12/24
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La soupe Saint-Eustache, à Paris, fête ses 40 ans d’existence ce 15 décembre 2024. Un anniversaire qui témoigne du rôle essentiel qu’elle occupe auprès des plus démunis avec quelque 300 repas chauds servis tous les soirs de la semaine. "Dans cet anniversaire on ne célèbre pas 40 ans de misère mais 40 ans d’engagement auprès des plus fragiles", assure auprès d’Aleteia son président, Jean-Claude Scoupe.

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Il est des lieux et des rendez-vous qui, au fil des ans, deviennent des institutions et des moments attendus. La soupe Saint-Eustache, dans le Ier arrondissement de Paris, en fait partie. Née au cours de l’hiver 1984 à l’initiative du père Denis Perrot, elle fête, ce dimanche ses 40 ans d’existence. Si le premier soir seules 13 soupes sont servies essentiellement à des sans-abri, ce sont aujourd’hui quelque 32.000 repas chauds et autant de repas froids qui sont entre le 1er décembre au 31 mars, ce qui représente 300 repas chauds chaque soir de la semaine. "Dans cet anniversaire on ne célèbre pas 40 ans de misère mais 40 ans d’engagement auprès des plus fragiles", confie volontiers son président, Jean-Claude Scoupe. "C’est d’ailleurs cette capacité à fédérer autant d’énergie et de bonnes volontés qui fait que la soupe existe encore aujourd’hui."

Aleteia : 40 ans après sa création, la soupe Saint-Eustache a-t-elle toujours sa place ?
Jean-Claude Scoupe
 : Il y a 40 ans, les fondateurs ont créé la soupe Saint-Eustache en répondant à un besoin ponctuel qui était la fermeture d’une soupe populaire située non loin. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque, le quartier de Châtelet était très différent de celui d’aujourd’hui avec un nombre important de sans-abri. Ils ont donc lancé cette soupe avec des moyens rudimentaires et ont commencé par servir une soupe chaude pour 13 personnes. Aujourd’hui ce sont 32.000 repas chauds et autant de repas froids qui sont servis chaque année. On collecte, on cuisine et on sert. Chaque jour nous proposons une soupe de légumes, un plat chaud à base de poisson, de bœuf ou volaille avec un accompagnement. Cela peut être du riz, des pâtes, des légumes… Tout est cuisiné et servi. À cela s’ajoutent des gâteaux que les boulangeries et pâtisseries du quartier nous donnent. Nous collectons ainsi le soir pour une distribution le lendemain. À cela nous ajoutons un sac encas composé d’un fruit, de quelque chose de sucré, quelque chose de salé et du pain. Cela permet à nos invités d’avoir assez pour se sustenter jusqu’au lendemain. Nous servons ainsi chaque soir de la semaine, du 1er décembre au 31 mars. Nos grands prédécesseurs en 1984 n’imaginaient certainement pas que de 13 nous passerions à 250 ou 300 repas chaque soir ! nos invités ont aussi beaucoup changé : à l’époque ce n’était quasiment que des sans-abri. Aujourd’hui nous recevons environ 1/3 de sdf, une bonne moitié de travailleurs pauvres et le reste sont des retraités ou des gens de passage. Mais dans cet anniversaire, on ne célèbre pas 40 ans de misère mais 40 ans d’engagement auprès des plus fragiles !

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L'association compte 300 bénévoles.

Quel est donc cet engagement ?
Je préside l’association qui compte 300 bénévoles ! Et chaque année, je dois en refuser. Dans un monde qui est individualiste ou virtuel, la force de l’engagement, du don de soi, existe toujours. C’est ce que vient rappeler aussi ce 40e anniversaire de la soupe Saint-Eustache. La réussite de la soupe tient aussi à cette propension à fédérer les énergies, les bonnes volontés. Nos bénévoles sont répartis en sept équipes qui travaillent un soir de la semaine sur une durée de quatre mois. Cela peut sembler peu mais vous vous engagez pour 17 jours. Les repas sont préparés par nos bénévoles de 16h à 19h dans un restaurant associatif, Un monde gourmand, et le service commence à 19h30. Il s’achève lorsque nous n’avons plus rien à donner, c’est-à-dire vers 20h30 maximum. Notre capacité de cuisine est de 300 repas et nous recevons à peu près 200 invités chaque soir. Nous ne vivons que de dons. La seule structure qui nous supporte c’est l’église Saint-Eustache avec les locaux.

Y a-t-il un supplément d’âme à la soupe Saint-Eustache ?
Il y a une vraie dimension oratorienne dans cette soupe : que ce soient les invités ou les bénévoles, ce n’est pas qu’ils pratiquent qui compte mais que tout le monde soit en communion pour offrir quelque chose à l’autre. Et puis, ici c’est la même équipe de bénévoles qui collecte, cuisine et distribue. C’est très différent de ce qui se fait ailleurs. Quand vous distribuez le repas et qu’un jour le plat a trop cuit ou pas assez, vous le vivez très différemment. À l’inverse, quand vous avez inventé une recette particulière et que vos invités vous félicitent cela donne une grande satisfaction ! Il y a une vraie dimension de partage, nous sommes partie prenante à tous les niveaux de la chaîne de valeurs. Ce qui compte c’est que ce soit équilibré : on ne cuisinerait jamais quelque chose qu’on ne mangerait pas. Chaque cuisinier bénévole a son idée. Il y en a un qui va mettre plus de navets, de poireaux, de patate douce… chacun apporte une touche particulière qui donne toute sa saveur à la soupe Saint-Eustache ! Il faut faire plaisir et se faire plaisir !

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Les bénévoles de la collecte, de la cuisine et du service.

Quelle relation réussissez-vous à nouer avec vos invités ?
Il y a tellement d’histoires, de relations ! Je me souviens d’un gamin il y a 14-15 ans qui était là dans la file avec sa mère. On l’a accompagné tout au long de ces années et aujourd’hui il sort de l’école centrale. Il y a aussi quelqu’un qui était dans la rue et qui avec le temps a trouvé du boulot et est à son tour devenu bénévole à la soupe Saint-Eustache. C’est aussi particulièrement touchant quand nous recevons des compliments sur nos plats car ils rappellent des souvenirs à nos invités. "J’aime bien le dimanche car vous faites un bœuf-carotte qui me rappelle celui que faisait ma maman", a ainsi confié récemment quelqu’un à un de nos bénévoles. Vous imaginez le plaisir et la joie procurés des deux côtés !

Pratique

La Soupe Saint-Eustache
Devant la Pointe Saint Eustache (Ier arrondissement de Paris)
Tous les soirs de la semaine à 19h30
Du 1er décembre au 31 mars
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