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Des histoires que son père lui lisait le soir, Thomas Buvignier s’en souvient comme si c’était hier. Devenu père, il a voulu transmettre à son tour à ses enfants Mayeul et Calixte, âgés respectivement de 7 et 5 ans, cet amour pour la littérature mais aussi pour la langue française. Depuis un an, ce Nantais de 39 ans publie des podcasts toutes les deux semaines sur sa chaîne YouTube mais aussi sur diverses plateformes comme Spotify ou encore Apple Podcast, des contes qu’il écrit désormais non seulement pour ses fils mais aussi pour tous les enfants qui veulent bien les écouter. Il revient pour Aleteia sur sa paternité et sur ce projet qui l’anime en plus de son travail en tant que consultant en informatique et sa vie de père de famille.
Aleteia : Pourquoi avoir voulu créer des contes audios alors qu’il en existe une grande variété de nos jours et pour tous les goûts ?
Thomas Buvignier : Je voulais écrire des histoires dont mes enfants seraient des héros. Nous avions une boîte à histoires Lunii et je me suis rendu compte qu’il était possible d’y ajouter des audio. Mes enfants étaient ravis !
Il y avait aussi une autre raison : celle du contenu. J’avais envie de proposer à mes fils des contes avec un vocabulaire plus travaillé que celui que l’on peut trouver dans des histoires de nos jours afin d'habituer nos enfants à la richesse de la langue française. Au début, je le faisais que pour mes enfants, puis pour les neveux et nièces, les cousins et les cousines. Et le retour de ma famille a été positif. J’ai compris que je pouvais être utile aux autres. J’ai donc décidé de proposer mes contes sur Internet.
La lecture fait donc partie de vos petits rituels de papa ?
Oui, tout à fait. J’ai le souvenir d’enfance de mon père en train de lire à mes frères et mes sœurs Mille Ans De Contes de Milan édition. Je me souviens parfaitement de l’intonation qu’il avait et de toutes les histoires qu’il nous racontait. Aujourd’hui, à mon tour, je raconte ces histoires à mes enfants, et bien d’autres encore.
Il y a donc une part de transmission derrière ces lectures ?
J’ai envie que mes enfants aient les mêmes souvenirs : des souvenirs de leur père qui leur écrivait des histoires. Il y a aussi la volonté de transmettre l’amour de la langue française. Très souvent, le vocabulaire dans des contes est assez simple et je trouve ça dommage. Je pense qu’il est important de confronter les enfants à des mots qu’ils ne connaissent pas afin que cela ne soit pas une source de stress pour eux plus tard.
Faut-il donc expliquer chaque mot compliqué quand on lit une histoire à son enfant ?
Parfois, on peut croire qu’un mot compliqué ne vaut pas la peine d’être expliqué car il n’est pas adapté à l’âge de l’enfant ou à sa capacité de compréhension, comme le mot algorithme par exemple. Mais il est possible, en utilisant un langage simple et sans trop rentrer dans les subtilités qu’il peut découvrir plus tard, d’expliquer chaque mot de la langue française à enfant.
Les mots sont des amis, on peut jouer avec eux. Avec mon épouse, je propose d’ailleurs à nos enfants de formuler parfois leurs phrases autrement afin de les initier aux nouveaux mots et enrichir ainsi leur vocabulaire. Par exemple, s’ils disent à table ce plat est bon, je leur demande comment pourraient-ils l’énoncer autrement : ce plat est délicieux, savoureux, etc.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Tout d’abord auprès de mes enfants. Par exemple, j’ai écrit une histoire sur un pangolin qui râlait car un de mes fils râlait beaucoup à l’époque. Je réécris aussi des contes classiques, qui sont souvent assez sombres dans leur version d’origine. Je m’appuie également sur La jeunesse, organe de presse de la Croix-Rouge française des années 1920. Je trouve que les histoires qui figurent dans ce fascicule sont très bien écrites.
Tout le monde peut-il écrire des contes selon vous ?
Je pense que n’importe quel parent peut le faire, tout dépend de la créativité de chacun et de la sensibilité de chacun. Pour ma part, j’aime bien des tournures de phrase "chiadées" et le côté poétique. Chaque parent a son propre style mais ce que je conseille vraiment, c’est d’écrire des contes dont vos enfants sont des héros principaux. C’est merveilleux de les voir vivre ces contes. Mes enfants adorent venir me raconter l’histoire qu’ils viennent d’écouter alors que c’est moi-même qui l’aie écrite pour eux. C’est émouvant ! Ils sont d’ailleurs mes premiers auditeurs. J’enregistre toujours mes contes devant eux et leur demande leur avis. Un avis qui peut parfois être très tranché. Je peux entendre un petit" bof" de leur part.
Grâce à mes enfants, je réalise que je touche du doigt la paternité de Dieu.
Vous écrivez et enregistrez vos contes en plus de votre travail. C’est une charge supplémentaire dans votre quotidien, et pourtant, vous tenez à ce que ces contenus restent gratuits. Pourquoi ?
Je ne l’ai jamais fait pour le côté pécuniaire. C’est vrai que ça prend du temps. Il y a quelques mois, j’ai même voulu arrêter et puis ma femme a posté un de mes contes sur un groupe Facebook et j’ai vu les commentaires, des beaux messages qui m’ont fait dire que ces contes plaisent. Si ça peut aider une mère de famille fatiguée qui veut calmer ses enfants avec une histoire, je connais d’ailleurs très bien cette situation pour l’avoir vécu moi-même, je suis ravi de l’aider.
Vos contes sont aussi ouverts à tous, qu’ils soient croyants ou non.
Je pense que la transmission de la foi ne se fait pas forcément à travers des histoires. Je n’ai pas envie de mélanger les deux, c’est-à-dire la fiction et la réalité. Je distille cependant un peu de culture chrétienne dans mes histoires. Comme dans les contes de Rudyard Kipling, dans les miens, il y a aussi une part de transcendance. Dès que j’en ai l’occasion, j’y glisse un prêtre, une chapelle, un saint… L’Avent et le Noël sont d’ailleurs des périodes propices à ça. L'idée est de rester suffisamment "neutre" pour ne pas rebuter tout en rendant présente la foi à travers les histoires.
L’un de vos derniers contes parle du chêne de Notre-Dame de Paris. S’agit-il d’un hommage à la cathédrale qui réouvre ses portes ce week-end ?
Complètement ! La réouverture de Notre-Dame de Paris est un événement fort pour tout le monde. Je me souviens où j’étais précisément dans la cuisine et dans quelle position le jour de l’incendie le 15 avril 2019. En voyant tout ce qui a été fait pour sa restauration, je voulais y participer aussi à ma manière. J’ai hâte de la faire découvrir à mes enfants.
Qu’est-ce que vous trouvez de plus beau dans la paternité ?
L’émerveillement de voir mes enfants grandir et vivre leur vie d’enfant à tous les âges et moments. J’essaye d’ailleurs toujours de vivre ces moments à fond car ils grandissent vite. Je goûte à chaque instant, même s’il est difficile comme les nuits compliquées quand ils étaient bébés. Mais surtout, grâce à mes enfants, je comprends que je touche du doigt la paternité de Dieu.