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Après avoir entendu l’appel à veiller lors du premier dimanche de l’Avent, nous entendons aujourd’hui l’invitation à préparer le chemin du Seigneur… mais quelque chose m’ennuie vraiment dans les lectures de ce jour : l’Évangile nous rapporte : "Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du seigneur…" (Mc 1, 1-3). Mais si je me réfère au livre d’Isaïe, ce n’est pas ce que je trouve ! Dans Isaïe, au chapitre 40, verset 3, il est écrit : "Une voix proclame : “Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur…”"
Le complément circonstanciel de lieu "dans le désert" n’est pas à la même place et la compréhension du texte s’en trouve alors affectée : dans un cas, le désert est le lieu dans lequel est criée l’information ("Voix de celui qui crie dans le désert") et dans l’autre cas, le désert est le lieu dans lequel l’action doit s’exécuter ("une voix proclame : “Dans le désert, préparez…”"). Considérons tranquillement ces deux situations pour essayer de sortir de ce qui semble être une erreur de transmission ou une erreur de copiste et tentons d’en tirer quelque chose qui nous stimule et nous aide vivre ce temps de l’Avent.
Entendre l’appel dans le désert
L’Évangile évoque donc la voix de celui qui crie "dans le désert". Le désert correspond ici au lieu dans lequel se déroule l’action de crier l’information. À partir de là, d’autres questions se posent : à quoi cela sert-il de crier dans un désert ? À qui la voix s’adresse-t-elle, car il n’y a généralement pas grand monde dans le désert ? Celui qui crie est-il en exil ou perdu dans ce lieu désertique ? Que fait-il là à part crier ? Est-ce un cri de désespérance, un gémissement qui ne trouve aucun écho, un cri de détresse ou un appel à l’aide ? L’évangéliste Marc identifie tout de suite cette voix à celle de Jean-Baptiste : "Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert." On en sait plus ! La voix est celle de Jean et il baptise dans le Jourdain, à l’écart du brouhaha de la ville, aux portes du désert. Le cri est celui de l’appel à la conversion et le rite du baptême est le signe du désir de conversion pour la vie à venir. Et pour cela, il faut être un peu à l’écart, dans le silence, loin de tout ce qui peut nous détourner de cet appel pressant à nous convertir et à accueillir le Seigneur. Il faut être dans le désert pour entendre cet appel.
Qu’est-ce qui nous empêche de trouver le silence du désert pour entendre celui qui crie ?
À nous aujourd’hui de trouver ce lieu, ce désert… qu’est-ce qui nous empêche de trouver le silence du désert pour entendre celui qui crie ? Le rythme soutenu de notre emploi du temps, les nombreuses sollicitations, les cadeaux à préparer et à anticiper, les invitations à prévoir pour passer de belles fêtes de fin d’année, les choses superficielles qui nous éloignent de l’essentiel… Tout cela nous empêche-t-il de trouver le désert dans lequel nous entendrons la Parole de Dieu ? Où écouter ?
Dans le désert, préparez les chemins
Ici, le désert est le lieu dans lequel l’ordre doit s’exécuter… Dans ce cas-là aussi, nous pouvons nous poser une multitude de questions pratiques et techniques. Je peux faire appel à un ingénieur des travaux publiques pour savoir s’il est vraiment raisonnable d’engager des travaux d’une telle ampleur dans un désert… une déviation ne serait-elle pas une meilleure solution ? Faut-il vraiment tout mettre en œuvre pour niveler le terrain en comblant les ravins et en abaissant les collines ? Un gros travail nous attend, mais d’abord posons-nous les bonnes questions !
L’invitation qui nous est faite est de préparer les chemins du Seigneur… Où commencer le chantier ? Quel est aujourd’hui le lieu ? Où est le désert dans lequel nous préparerons vraiment la venue du Seigneur ? Est-ce le désert de ma solitude qu’il me faut aménager pour Lui laisser une place ? S’agit-il des ravins de mon indifférence qu’il faut combler ? Parle-t-on des collines et montagnes de mon orgueil qu’il faut abaisser pour laisser Dieu s’infiltrer dans un peu d’humilité ? Le chantier est grand et le terrain à agencer est ma propre vie… À nous aujourd’hui de discerner quels sont nos lieux de solitude, quels sont nos déserts, nos collines, nos ravins… Quoi qu’il en soit l’invitation est la même : il s’agit bien de préparer le chemin du Seigneur. Alors à nos pelles, à nos pioches, à nos râteaux, il nous faut nous mettre au travail pour préparer la venue du Seigneur… car Il vient !
Pratique