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Fêter Halloween, mais où est le problème ?

HALLOWEEN KIDS
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Hugolin Bergier - publié le 27/10/22
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Halloween en France n’a ni sens culturel ni fondement historique, mais est-ce le cas aux États-Unis ? Hugolin Bergier, universitaire français vivant dans le Colorado, observe que la pratique américaine d’Halloween fait plutôt bon ménage avec la tradition chrétienne de la Toussaint.

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Alors que de nombreux Français s’agacent de l’arrivée des citrouilles en plastique et des toiles d’araignées dans les boulangeries, beaucoup accusent la tradition américaine plutôt que son importation en France. Halloween en France n’a ni sens ni fondement, mais est-ce le cas d’Halloween aux États-Unis ? Pourquoi, alors que certains catholiques français dénoncent une fête malsaine, les médias catholiques américains conservateurs s’inquiètent juste des limites à l’accès gratuit au film légendaire It’s The Great Pumkin, Charlie Brown — "C’est la grande citrouille, Charlie Brown" de 1966 ?

Des citrouilles et des saints

Le Halloween que nous vivons dans notre quartier résidentiel et familial du Colorado n’est pas si différent de celui que ma femme a pu vivre à Houston dans son enfance, quand les petits, déguisés, faisaient le tour des maisons à la tombée du soir : tout le quartier se retrouvait pour des jeux et des friandises entre voisins. À cette pratique, une nouvelle tradition s’est ajoutée pour nos enfants : un deuxième déguisement avec des habits de saint qu’ils porteront à la messe et à leur école pour fêter la Toussaint. Ainsi, cette année, chez les petits, nous aurons la Dame du Lac, une petite sorcière, un gros chat noir et un papillon ; suivis de la reine sainte Marguerite d’Écosse, Marie Reine du Ciel, un jeune Karol Wojtyla en clergyman et la reine sainte Brigitte de Suède.

L'accent mis par le calendrier liturgique à cette époque de l'année sur la fin des temps et la mort ajoute aux pensées de mortalité et de surnaturel qui définissent cette fête

Halloween a connu un tournant macabre dans les années 1980, résultat à la fois d’une sécularisation généralisée de la société américaine et du marketing des films d’horreur de Hollywood. Mais dans les milieux traditionnellement catholiques, pas forcément pratiquants, la pratique d’Halloween est généralement restée bon enfant et centrée autour du déguisement, de la vie de quartier et de l’amitié. Et ce n’est pas étonnant si l’on se rappelle que Halloween est dérivé de All Hallows' Eve, c’est-à-dire "La veille de la Toussaint". Dans un article du journal jésuite America Magazine, Molly Cahill explique que "l'objet de la Toussaint, qui consiste à se souvenir de ceux qui sont morts et ont rejoint leur récompense céleste, est pour une bonne part la source d'inspiration de l'atmosphère “fantomatique” qui entoure le 31 octobre. L'accent mis par le calendrier liturgique à cette époque de l'année sur la fin des temps et la mort ajoute aux pensées de mortalité et de surnaturel qui définissent cette fête." C’est pourquoi on retrouve, dans les familles catholiques, cet esprit de dérision autour de la mort que le Christ a déjà vaincue, rappelant la fête de Purim où les juifs se déguisent et ridiculisent le défunt Haman. 

La tradition du carnaval

Historiquement, Halloween a toujours été fortement associée à la culture catholique. Dans l’Angleterre d’après la Réforme, la célébration d’Halloween fut interdite à cause de son manque de racines purement scripturaires et de son association au rituel pré-chrétien du Samhain. Cela dit, la sécularisation et la commercialisation d’Halloween, maintenant dépourvue de ses origines chrétiennes, posent problème à certaines familles catholiques américaines. Des paroisses organisent des fêtes où les enfants viennent déguisés en saint pour la fête de la Toussaint. Dans d’autres quartiers, de nombreuses familles catholiques continuent de pratiquer Halloween comme elle a toujours été célébrée par les générations précédentes. Et c’est seulement parce qu’elle s’inscrit dans une tradition familiale et communautaire (de ville, de quartier) que cette fête peut être vécue sainement et joyeusement. 

Halloween est un faux problème. La difficulté est plutôt que, quand les enfants français veulent revivre la joie intemporelle du déguisement et de la parade festive dans les rues, la première référence qu’ils trouvent leur vient des médias américains plutôt que de leurs traditions culturelles locales. Coupée de toute tradition comme dans l’Amérique déclinante, celle que la France importe de son plein gré via les séries TV, la déviance naturellement mortifère du monde transforme dérision en fascination. La tentation d’importer Halloween serait bien moins forte si la tradition du carnaval avait été préservée dans la vieille France comme dans la nouvelle France. Pourquoi ne pas redécouvrir avec nos enfants les traditions de nos pères ? Gardons les costumes au placard en octobre et sortons-les pour le Mardi gras !

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