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“Nous sommes au commencement de la fin des temps, car la civilisation originelle du monde brûle”

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Aliénor Gamerdinger - publié le 23/02/16
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Pierre Perrier, spécialiste de la langue araméenne, est intervenu la semaine dernière lors d’une conférence organisée par Fraternité en Irak, à l’église Saint-Augustin à Paris.Pierre Perrier, membre du CNRS et de l’Académie des Sciences, pourvu d’une foi et d’un amour du Christ solides, est spécialiste de la Mésopotamie et de la langue araméenne qui, dit-il, “permet un cœur à cœur avec Jésus”. Dans l’Histoire du monde, le drame que vivent l’Irak et la Syrie est lourd de sens et Pierre Perrier, en tant qu’homme de foi et de sciences s’exprime avec conviction : “Nous sommes dans les débuts de la fin des temps, car la civilisation originelle du monde brûle”. Il s’agit de la civilisation des assyro-chaldéens, qui portent encore aujourd’hui sur leur drapeau quatre lignes bleues : les quatre fleuves de la Genèse, et dont le génocide avait déjà bien été entamé par les Turcs il y a 100 ans.

L’araméen, langue franche du croissant fertile

Pierre Perrier rappelle que l’écriture est née à Sumer, dans le sud de l’Irak, il y a 3 500 ans. Cette région comblée par le Tigre et l’Euphrate était le cœur d’un véritable “croissant fertile” grâce à une prouesse technique : les milliers de canaux d’irrigation faisant naître l’agriculture. Le croissant fertile, explique l’intervenant, comprenait 50 villes allant jusqu’au Nil, dont chacune était peuplée de 25 000 à 50 000 habitants. Le peuple de Mésopotamie était nomade, mot dont la traduction n’est autre qu’ “hébreu” en langues araméenne et hébraïque, qui signifie “celui qui traverse”. Pour cette région, qui abritait la plus grande communauté humaine et commerciale du monde, la création d’une langue franche était indispensable, l’araméen était né.

Des découvertes archéologiques prouvent qu’au temps de Jésus, l’araméen était parlé de l’Espagne à la Chine pour faciliter les échanges diplomatiques notamment, et nous savons qu’à cette même époque il était depuis 500 ans la langue du peuple en Palestine. Langue écrite depuis toujours, dans laquelle la justice mésopotamienne ordonnait de coucher par écrit tous les contrats, ainsi que tous les débats contradictoires avec le nom des témoins. C’est d’ailleurs à la qualité de la justice et du système d’écriture assyro-chaldéen que nous devons la qualité des Évangiles, dont la traduction du mot “évangile” elle-même n’est pas choisi au hasard : Tchmita. De chmita, le récit et “T”, notion grammaticale qui traduit une valeur juridique forte. Cela nous amène au cœur du propos de Pierre Perrier, qui soutient l’hypothèse d’une écriture primitive des évangiles en araméen avant leur traduction en grec. “Il existe des techniques de lecture quasi-mathématiques permettant d’identifier si un texte est original ou s’il est traduit d’un autre texte.” Il ajoute : “Quand je raconte à mes amis de l’université d’Athènes que selon certains traducteurs européens, la langue originale des Évangiles est le grec, telle que le vocabulaire et la grammaire propres des Évangiles le laisseraient entendre, ils ne peuvent y croire”. Pourquoi choisir le grec comme langue support et véhicule des évangiles quand pas moins de quatre dialectes grecs différents cohabitent au temps de Jésus.

Mossoul, gardienne de la version originale des Évangiles.

Selon le spécialiste : “Il est impossible que les Évangiles aient été retouchés après l’Assomption de la Sainte Vierge, située dans le début des années 50”. Au moment de la destruction de Jérusalem, c’est à Mossoul que l’Évangile original, la “Pchita” (qui signifie “pur”, “simple”) aurait été envoyé pour être protégé des romains. À Mossoul, la Sainte Messe était dite de façon ininterrompue depuis l’an 37, ce dont Pierre Perrier se désole : “Une chaîne a été brisée, et ce par la Providence, ou par ceux qui luttent contre la Providence”.

La prochaine conférence de Fraternité en Irak aura lieu à Paris le 15 mars 2016 : “Tribalisme, communautarisme ; quel avenir pour le vivre ensemble en Irak ?” par Mme Hélène Sallon, journaliste au quotidien Le Monde, au service Moyen-Orient. Plus d’informations ici

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