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méditation du jour

Que t’importe ?

L’interrogation : « Que t’importe ? » (v. 22) doit nous consoler en ces jours difficiles que traverse l’Église de notre pays. Pierre, souvenons-nous, aperçoit Jean, « le disciple que Jésus aimait » (v. 20), et s’interroge sur son avenir : « et lui ? » (v. 21). Mais il reçoit cette réponse : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » Jésus ne lui annonce pas que le disciple bien-aimé ne mourra pas, comme « le bruit se répandit chez les frères » (v. 23) mais, par une phrase volontairement énigmatique, lui rappelle sa liberté de choisir qui Il veut, comme Il veut. Pierre, semble-t-il, représente l’Église instituée où l’amour de Dieu pour l’homme est reconnu comme tel. Elle est souvent tentée de se prendre pour la Cité de Dieu, de s’identifier à la « Jérusalem nouvelle » (Ap 21, 2), d’oublier que l’Amour, dont Jean est le représentant, déborde toutes frontières et toutes façons d’agir. Aussi lui est-il révélé, pour son assurance, que « l’eau vive » (4, 10) se répand aussi par des canaux secrets, et qu’elle n’a pas à en juger. Le Seigneur est libre de sauver.

Michel Corbin, s.j.

Né en 1936, le père Michel Corbin est professeur honoraire de l’Institut catholique de Paris et professeur invité au Centre Sèvres. / Louange et veille II, Paris, Les éditions du Cerf, 2011, p. 349