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méditation du jour

Après vous, je vous en prie

Qui d’entre nous peut dire qu’ayant désiré ou rêvé d’une chose et l’ayant obtenue, alors qu’il se tenait en présence d’une autre personne qui avait besoin d’exactement la même chose – qui d’entre nous peut dire qu’il s’est sacrifié, s’est mis de côté et a dit : passe le premier, sois la première, j’attendrai… ? En réponse à ce genre de comportement, si seulement nous en avions été capables, le Seigneur aurait pu nous donner, à chacun d’entre nous, une paix spirituelle, une lumière telles, qu’en comparaison l’objet de notre désir nous aurait paru insignifiant. Enfin le Christ dit à cet homme : « Attention, veille, ne pèche plus, sinon ce sera encore pire que ce que tu as vécu. » Certes, le péché s’exprime par les paroles, les actes de volonté ; mais ce qui fonde le péché, c’est le rejet de Dieu, parce que Dieu est la clé de notre unité intérieure. Si nous nous détournons de lui, nous perdons la possibilité d’être unifiés. Or nous nous en détournons chaque fois que nous nous comportons avec une personne d’une manière qui n’aurait pas été celle du Christ Sauveur. Il nous a montré ce que signifie être un véritable être humain, unifié, portant en lui la paix et la gloire divine. Il nous a montré le chemin ; il nous a prévenus que ce que nous ne faisons pas à notre prochain, c’est à lui que nous ne le faisons pas ; et au contraire, ce que nous faisons, c’est à lui que nous le faisons (cf. Mt 25, 31-46), parce que lorsque nous faisons du bien à quelqu’un que nous aimons, il ne l’oublie jamais.

Métropolite Antoine Bloom

Antoine Bloom († 2003), fils de diplomates russes, fut chirurgien dans la Résistance française et devint prêtre orthodoxe après la guerre, puis évêque de Souroge, en Angleterre. / Homélies pour chaque dimanche, 2018, Éditions Sofia, p. 21-22.