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Âge par âge, aider son enfant à découvrir sa vie spirituelle

PRAYING CHILD

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Edifa - publié le 31/10/20 - mis à jour le 26/08/21

Les parents sont les premiers éducateurs de la foi de leur enfant. Mais pour que cet apprentissage soit réussi, il est nécessaire de tenir compte de l’âge et du développement psychique de leur tête blonde.

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Comment parler de Dieu aux enfants en fonction de leur âge ? Le père Philippe de Maistre, ancien aumônier de collège-lycée et curé de la paroisse saint-André de l’Europe, à Paris, décrypte les différents âges de la vie spirituelle chez l’enfant et l’adolescent.

Jusqu’à 2 ans, la conscience d’amour : la perception de son mystère

Dès sa conception, l’enfant est en relation avec Dieu. Au moment mystérieux où Il insuffle l’âme à l’enfant, Dieu crée, en quelque sorte, une « ligne directe » avec lui. Contrairement à ce que pense Freud, la première conscience du bébé, relié à sa mère de manière vitale, est donc entièrement une conscience d’amour et d’unité. C’est dans ce premier langage, dans lequel Dieu parle, que les Apôtres sont replongés à la Pentecôte : « Tous les entendent dans leur langue maternelle » (Ac 2, 8).

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L’enfant perçoit une intériorité et aussi une extériorité. C’est pourquoi la prière des parents avec l’enfant est importante dès la vie utérine. L’enfant est sensible à la voix du père, qui ne doit pas hésiter à parler à son enfant, à le bénir à travers le ventre de sa femme, avec une parole audible.

Dès la naissance, l’enfant a donc une vie spirituelle. Jésus ne dit-Il pas : « Laissez les enfants venir à moi » (Mc 10, 14) ? Comme les mourants qui n’ont plus de conscience intellectuelle, le bébé ne peut pas encore conceptualiser, mais garde une conscience d’amour du corps. C’est par lui que l’enfant fait l’expérience fondatrice de la rencontre avec Dieu. C’est l’enjeu de la théologie de saint Jean-Paul II : notre corps est plus conscient, plus intelligent que notre âme. À cet âge, on peut marquer la prière en éteignant la lumière et en allumant une bougie devant une icône, qui pourrait représenter la Sainte Famille. En miroir, l’enfant à côté de son père dans les bras de sa mère pourrait commencer à percevoir qu’il y a une source plus lointaine que l’amour de ses parents dans lequel il baigne : Dieu.

De 3 à 7 ans, la conscience de lumière : les fondements de la foi

Avant l’âge de raison, l’enfant se sépare de sa mère et s’aperçoit qu’il vit à l’intérieur d’un réseau. Il va apprendre à se conduire et Dieu doit trouver sa place dans ce large tissu relationnel composé par sa famille et ses proches. À partir de trois ans, apparaît son « petit moi » ; l’enfant quitte la communion originelle pour entrer en opposition. C’est le « moi » du péché, encore vu comme désobéissance aux parents. L’enjeu de la première éducation est de restituer ce « moi » à l’intérieur de l’alliance originelle scellée par Dieu avec ses parents.

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En grandissant, il a besoin qu’on lui lise l’Ancien Testament : le sacrifice d’Isaac, l’histoire de Caïn et d’Abel, celle de Joseph et de ses frères, etc. Il est passionné par ces récits qui disent les premiers drames des alliances, alors que sa relation à Dieu se noue sous le sceau de l’affectivité. Les sentiments de Joseph qui veut accaparer l’amour du père, ou la colère de Caïn jaloux de son frère, l’habitent. À travers ces problèmes relationnels, familiaux, la peur de l’abandon, il peut apprendre que tout ne se termine pas en drame. Le pardon, la miséricorde et la bénédiction continuent à passer, et le dernier mot est pour la réconciliation. Il faut lui raconter les histoires des Patriarches. Abraham, Isaac et Jacob doivent être comme ses grands-pères ou ses cousins. Qu’il plonge dans la Bible avec la même passion qu’il le fait pour les contes fantastiques, il y trouvera la clef de tous les enjeux spirituels et affectifs d’une vie de famille ! Il pourra alors nommer ses dragons intérieurs (vol, mensonge, jalousie, etc.) et apprendre à les terrasser. On peut parler aussi de la Création, d’Adam et Ève, lui dire qu’il est créé par Dieu, à son image. Ces récits des commencements, pourquoi en priver celui qui commence sa vie spirituelle ? Mais il faut surtout parler du Ciel. L’âge de lumière est l’âge privilégié pour parler du paradis. L’enfant perçoit la mort comme un passage au Ciel plus facilement que l’adulte qui s’y heurte comme à un mur. N’est-ce pas lui qui, bien souvent, console les siens lors d’un décès familial : « Maman, pourquoi pleures-tu ? Grand-mère est au Ciel maintenant, avec Jésus ».

Qu’il plonge dans la Bible avec la même passion qu’il le fait pour les contes fantastiques, il y trouvera la clef de tous les enjeux spirituels et affectifs d’une vie de famille!

Entre trois et six ans, on ne peut pas encore parler de spiritualité autonome, mais l’intériorité s’éveille sous le sceau d’une relation d’amour avec Jésus. En classe de CP, on peut parler de l’âme qui vient de Dieu, cette dimension invisible que l’enfant recèle en lui. On peut lui parler de son corps que les autres voient, que les parents peuvent prendre dans leurs bras, mais il existe aussi une relation avec Dieu. Il peut sentir son âme en se recueillant, yeux fermés, et en s’adressant directement à Dieu – c’est l’intuition des « enfants adorateurs ». Il est alors important non pas de lui « parler de Dieu » en général, mais de s’adresser à Jésus, au Père, devant l’enfant.

De 7 à 10 ans, l’âge de raison : le déploiement de l’intériorité

Cet âge ouvre ce qu’on appelle en psychologie la période de latence. Un âge qui se déploie sous le signe de l’harmonie, car Dieu veut y déployer l’intériorité. C’est l’âge de la lumière intérieure qui se prolonge par des connaissances. Le coloriage ne suffit pas, il a besoin d’un catéchisme très nourri avec la vie de Jésus, la chronologie, l’apprentissage par cœur de prières. En 6e, l’enfant doit savoir se servir de la Bible. Au collège, il est stimulé intellectuellement ; il a aussi envie d’être motivé spirituellement. L’enfant expérimente la conscience du péché, apprend à demander pardon. Il ne faut pas hésiter à lui proposer souvent de se confesser.

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Sebastien Desarmaux / Shutterstock

En famille, on peut respecter un moment de silence lors de la prière, même si elle est encore conduite par les parents. L’enfant peut se confier à Jésus et L’adorer. Jusqu’alors, l’enfant œuvrait essentiellement en fonction de ses parents, désormais le sens du bien et du mal lui parle directement. En lui demandant comment il se sent après une bonne action ou une confession, on l’aide à verbaliser cette « grande lumière » reçue à l’intime de sa conscience. Idem après une mauvaise action : pourquoi se sent-il triste ? La voix de sa conscience lui parle, il sent qu’il a gâché quelque chose. Dans la vie spirituelle peut émerger une vraie vie mystique, de prière. Chez certains enfants, la relation privilégiée avec Jésus est plus qu’une relation amicale, elle devient nuptiale. C’est souvent l’âge où les vocations naissent.


ENFANT QUI PRIE LE CHAPELET

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L’enfant doit s’approprier l’Évangile. Les parents peuvent lui lire, ou lui donner à lire, la vie du Curé d’Ars. L’enfant prend conscience qu’une partie de lui n’appartient qu’à Dieu. C’est pour cette raison que saint Pie X a recommandé la première communion juste avant l’âge de raison, avant l’éveil de la conscience rationnelle, lorsqu’une conscience théologale et une conscience morale apparaissent. Ce pape a demandé aussi qu’on leur donne accès à la prière et à la confession. L’enfant a un sens moral autonome, on peut le tourner vers cette vie intérieure et il comprend que Jésus y est toujours présent.

De 10 à 13 ans : la conscience de vie : le temps des amitiés

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L’enfant se développe, c’est l’âge de l’espérance, où Dieu se montre profusion de vie. Dieu appelle au large, tout ne peut pas se vivre en famille. Le jeune a besoin de déborder le cercle familial et scolaire, de sceller des alliances, de développer le sens de la camaraderie, de rencontrer des prêtres, signes d’une paternité plus grande. Il a besoin de grands frères, c’est le génie du scoutisme ou du patronage. Avec des garçons ou des filles plus âgés naît le désir de se faire grandir les uns les autres par le jeu et l’amitié sur des bases spirituelles. En découvrant la fraternité, c’est finalement l’Église qu’il découvre. L’amitié, expérience morale et spirituelle, engage la fidélité, fait grandir. Dans les examens de conscience, on peut lui demander comment il choisit ses amis, lui faire lire la vie de saint Dominique Savio, très parlante. Quelles responsabilités peut-il prendre à l’école, comment se sent-il responsable des autres, comment pense-t-il faire croître les autres ?

À partir de 13 ans, la conscience de feu : l’adolescence à la conquête de la vraie liberté

Il est fondamental de dire que l’adolescence est avant tout un événement spirituel. C’est une initiative de Dieu qui bouleverse la conscience de l’enfant, avant d’être un bouleversement hormonal et psychique. L’adolescence est l’âge de feu qui prend le cœur de l’enfant et l’attire vers l’extérieur. D’où les tensions qui existent, même entre Jésus et sa mère. « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Luc 2, 49), répond-Il à ses parents, à 12 ans. L’adolescent apprend qu’il n’est pas fait seulement pour recevoir de l’amour, vivre et se développer tranquillement dans la lumière de Dieu. Le désir de son cœur est plus grand que ce monde trop petit. Il est fait pour aimer, et pour un absolu que le monde ne peut pas donner. Il a besoin, puisque le feu de Dieu le prend, qu’on ne réduise pas son adolescence à un « âge ingrat ». Dieu est à la manette, la sexualité est bonne, le désir d’aimer est bon, et c’est Dieu qui le confronte à la perception des limites. Il a besoin d’un Moïse pour traverser cette mer Rouge, d’expériences spirituelles de feu : il a besoin de la confirmation.

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La messe reste une base. S’il récrimine pour y aller, ses parents peuvent lui dire qu’ils se sont engagés le jour de leur mariage et celui de son baptême à prendre cette responsabilité de lui transmettre la foi. Sur le péché, n’oublions pas de lui donner à méditer ce verset : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas » (Rm 7, 19). À dix ans, l’enfant est plus légaliste, un tantinet moralisateur. Après, il est divisé, il connaît des pulsions, il n’est plus unifié. Il faut des lectures intenses, comme l’Apocalypse. La vie apparaît en effet sous un jour quelque peu tragique. Il y a une tension entre le désir d’absolu – cet élan nouveau – et la conscience de limites irréductibles, de faiblesses, la perception de ruptures provoquées par la mort ou les séparations. C’est le cocktail détonnant, analysé par Freud, entre Éros et Thanatos, l’appel à l’absolu de l’amour et les limites de la mort. La vie paraît à l’adolescent trop étroite pour satisfaire les élans de son cœur. Pour sortir de cette impasse, il a besoin de modèles forts, qui ont eux-mêmes traversé cette étape et ouvert une espérance. Il a besoin d’héroïsme, il faut lui faire lire la vie des martyres, lui parler de saint Maximilien Kolbe, du bienheureux Pier Georgio Frassati ou de Chiara Luce. Il ne peut pas seulement s’identifier à ses stars ou sportifs préférés.

La vie paraît à l’adolescent trop étroite pour satisfaire les élans de son cœur. Pour sortir de cette impasse, il a besoin de modèles forts, qui ont eux-mêmes traversé cette étape et ouvert une espérance.

Plus important que de vivre, il s’agit d’aimer et de trouver un sens. Le père Thomas Philippe, auteur du Temps des forces vives chez l’adolescent(éd. Saint-Paul), allait même jusqu’à dire qu’il fallait communier sous les deux espèces, que l’ivresse procurée par le vin avait un sens symbolique fort. L’adolescent se cherche et ne se trouvera pas en se regardant dans la glace, en s’épanchant sur les réseaux sociaux ou en se mettant en « petit couple ». Il doit sortir de lui par des expériences fortes d’évangélisation, de service aux sans-abris ou aux personnes handicapées… Il a besoin de se dépasser, d’expérimenter l’ivresse véritable dans la joie de faire don de lui-même ; sinon, il peut se diriger vers de faux paradis comme le sexe ou la drogue. Une vie chrétienne accomplie n’est pas une vie pour soi, mais une vie faite pour être donnée. Il peut en faire l’expérience en étant scout ou en donnant des cours de catéchisme aux plus jeunes. Il fait ainsi traverser le plus petit sur le chemin qu’il traverse aussi et qui les font grandir tous les deux en même temps. Il est alors dans une position de transmission ; or, l’adulte est celui qui transmet. Quand on confie à un adolescent une responsabilité, il devient un adulte – et arrête de nous embêter avec ses petits problèmes d’adolescent !

Au-delà des ruptures, du deuil de l’enfance et de son paradis rêvé, il entre dans le don de lui et dépasse les limites de la mort et de la séparation par des expériences fortes, de feu. Jésus a transformé l’eau en vin, l’adolescent doit à sa suite expérimenter la sobre ivresse de l’Esprit Saint.

Olivia de Fournas


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