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Difficultés scolaires : comment aider son enfant à faire ses devoirs ?

TROUBLE WITH HOMEWORK

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Edifa - publié le 25/10/20

Pour les enfants qui présentent des difficultés scolaires, le moment des devoirs s’avère très éprouvant. Quelques conseils pour les aider à mieux assimiler leurs leçons.

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« Je veux que Côme soit heureux, j’ai hâte qu’il puisse sortir de cette galère et trouver ce pour quoi il est fait », lance Armelle, jeune mère de trois enfants. Côme est en CM2. C’est un garçon gentil, courageux. Il a beau travailler régulièrement, donner le meilleur de lui-même, les résultats ne sont pas au rendez-vous. « C’est dur pour lui de voir que les autres peuvent plus rapidement passer à autre chose », constate sa mère.

En effet, l’enfant peu scolaire a des capacités inadaptées au monde de l’école. Il est lent, donc rapidement perdu dans un groupe. Il a du mal à se concentrer et aurait besoin de calme, d’isolement, ce qui n’est pas toujours possible en classe. En outre, il a du mal à conceptualiser. Il « pige » moins vite et moins bien ce qui est abstrait. Ces difficultés le conduisent souvent à une trop grande timidité ou, au contraire, à une certaine arrogance. La tristesse de ne pas réussir apporte souvent anxiété et déprime ou irritabilité, si rien ne vient la contrebalancer… Il y a une vraie injustice pour lui, difficile à accepter. Cet enfant moins attiré par l’école que les autres a cependant encore plus besoin de se remettre au travail chez lui. Les devoirs du soir sont vraiment utiles pour combler des lacunes creusées pendant les cours. Marine, jeune institutrice de CE2, le rappelle : « Ce moment lui donne la possibilité d’avoir un accompagnement individuel adapté ». Mais comment rendre ce temps de travail individuel bénéfique, sans craquer, ni crier quand les résultats déçoivent ?

S’adapter à l’enfant pour l’aider à progresser

D’abord, la régularité paie ; avec tous les enfants, mais encore plus avec ceux qui patinent. Hermine, une enseignante, précise : « Il vaut mieux demander dix minutes d’attention tous les soirs plutôt qu’une heure de temps à autre ». Le plus simple est sûrement d’enchaîner les devoirs juste après le goûter, plutôt que de couper par un moment de détente prolongée. « Cependant, les enfants en difficulté sont souvent soumis à des rendez-vous d’orthophonistes, de psychologues…, ajoute Hermine. Leur emploi du temps est très lourd. » C’est pourquoi Marie a mis un peu de souplesse dans l’organisation qu’elle a établie pour s’occuper de sa fille, en CE2 : « Quand Camille me dit : « Je veux jouer », je lui donne ce temps pour qu’elle soit “regonflée” et disponible. Cela n’empêche pas de fixer un horaire pour l’aider à s’y mettre ».

« Il y a certainement un moment idéal pour chacun, poursuit Marine, l’institutrice. Avec celui qui a du mal à recommencer à travailler, il est préférable d’établir les règles, sans oublier de l’impliquer dans leur établissement. » Éric, lui, a remarqué que son fils de CE1 était vite fatigué et énervé le soir. Il lui a proposé de fractionner son travail. Tout va mieux depuis qu’ils s’y remettent une vingtaine de minutes le matin, lorsqu’il est plus reposé.

Objectif numéro un : la concentration

En ce qui concerne la durée, l’enfant n’a pas la même notion du temps que l’adulte, et dépasse facilement la limite horaire. « Pour les plus lents, il vaut mieux fixer aussi le moment de la fin, et ne pas lâcher ! On ne peut pas dépasser une demi-heure en CP et CE1, trois quarts d’heure en CE2 et CM1, et une heure en CM2. Si c’est trop long, on arrête et on en discute avec la maîtresse qui réajustera le travail », recommande Marine.

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Se mettre dans de bonnes conditions facilite les choses. Le calme est primordial : ni musique, ni télé, ni jeux vidéo à proximité, afin d’évacuer toute source de distraction. Objectif : concentration. Et uniquement sur ce qui doit être assimilé. « Avec plusieurs enfants, c’est plus difficile. Il vaut mieux alors laisser seul celui qui sait travailler de manière autonome, pour s’isoler avec celui qui a besoin d’aide, ajoute Hermine. On trouve des ruses : mettre le dernier devant un jeu ou un film, faire un échange avec la voisine… » Les enfants moins à l’aise scolairement sont distraits par des choses insignifiantes. Une chambre en ordre et un bureau rangé les aident à rassembler leurs esprits. Armelle s’installe par exemple avec Côme dans la cuisine : il est assis dos à la fenêtre, dans un univers dépouillé : « Il est plus concentré et plus motivé pour quitter la pièce rapidement ! »

Certains instituteurs ont l’habitude de pratiquer quelques exercices de relaxation avant de travailler. Pourquoi ne pas agir de même à la maison ? « J’ai suivi une formation à la méthode Vittoz qui m’a ouvert des horizons, poursuit Hermine. Elle aide l’enfant à se concentrer en l’invitant à se mettre à l’écoute de ses sensations corporelles. Elle est facile à mettre en œuvre. À la maison, on peut effectuer quelques petits exercices à partir de la respiration, des points d’appui que sont les pieds, le dos… »

Choisir la bonne personne pour aider l’enfant

L’enfant en difficulté n’est pas en mesure de travailler de manière autonome. Il a besoin d’un adulte qui soit un guide apaisant et encourageant. Facile à dire… plus délicat à trouver. « Idéalement, pense Marine, c’est l’un des parents. Si celui-ci perd patience ou n’a pas la disponibilité nécessaire, il vaut mieux faire appel à une personne extérieure. Mais attention ! Combien d’enfants ont été découragés par des étudiants sûrement très érudits mais peu pédagogues ! »

« L’accompagnement à la maison ne peut se concevoir sans un véritable dialogue avec l’école. »

Jeune retraitée, Alix est un ancien professeur qui aide des élèves en difficulté : « Il faut que l’accompagnateur soit motivé et disponible. L’élève et ses parents sont en plein découragement. Il faut avoir de l’enthousiasme pour restaurer la confiance, sans être trop gentil, fixer un cadre, et maintenir beaucoup de bienveillance. On ne juge pas l’enfant, mais le résultat. On encourage ce qui est positif, on permet de grandir ! » Armelle fait appel à sa mère. « Je n’ai pas forcément de recul et je voudrais tellement que Côme y arrive que je lui en demande parfois trop. Maman a plus de patience ; elle n’a pas non plus le stress de l’organisation familiale. » L’étude dirigée convient parfois. « Cependant, une étude vraiment efficace ne doit pas dépasser huit élèves, précise Marine. Il faut pouvoir donner un temps significatif à chacun. Et s’assurer que le courant passe bien entre le responsable de l’étude et l’enfant. Il y a souvent une bonne motivation et les interactions sont intéressantes. Les élèves peuvent s’aider, se donner des explications différentes de celles de l’instituteur, parfois plus compréhensibles… »

L’accompagnement à la maison ne peut se concevoir sans un véritable dialogue avec l’école. Comme institutrice, Hermine est attentive au travail laissé de côté par l’enfant : « Il ne faut pas perdre de temps et prendre contact si cela devient systématique. Nous avons un vrai travail d’équipe à mettre en place avec les parents de l’élève pour décrypter un blocage. Je repère une éventuelle démotivation, et je trouve un moment dans la journée pour expliquer, encourager. J’ai toujours remarqué qu’après avoir vu les parents, l’enfant va mieux, même si le problème n’est pas totalement réglé. Ne nous en privons pas ! »

Adopter une attitude positive

Dans son livre Aider l’enfant en difficulté scolaire (Odile Jacob), la psychologue Jeanne Siaud-Fachin explique qu’il faut que l’enfant sache où il va, et comment : « Le cadre doit être clair pour qu’il ne se perde pas. Fixons des objectifs intermédiaires, et chaque étape franchie stimulera l’effort à faire par la suite. Informons enfin fréquemment l’enfant sur sa performance. Il faut qu’il sache tout de suite s’il est sur la bonne voie ». Armelle fait un choix dans le travail de Côme : en accord avec la maîtresse, elle a décidé de s’investir sur le français et les mathématiques en laissant tomber l’anglais. « Nous commençons par ce qui me semble le plus important. S’il y a un contrôle le lendemain, on le travaille en priorité, quitte à ne pas faire le reste. »

HOMESCHOOLING
LightField Studios - Shutterstock

Dialoguer avec l’enfant, c’est surtout le stimuler. L’action doit être reconnue plutôt que le résultat. « Tout ce qui est positif doit être valorisé. Un élève qui a cherché une réponse sans la trouver doit être encouragé : c’est le tremplin pour parvenir à l’étape suivante, dit Hermine. Ne pas monter bien haut mais tout seul, comme Cyrano de Bergerac, c’est le début de la réussite ! » Les compliments peuvent aussi porter sur la forme. « Je suis attentive au cahier bien tenu, au cartable correctement préparé à l’école, et j’en félicite mon fils, explique Armelle. Il fait un effort d’attention à ce qui semble être du détail, mais qui est un préalable à la réussite. »

Adopter une attitude positive, c’est favoriser ces encouragements. Marie s’interdit de crier. « Je préfère arrêter la séance, sortir de la pièce et retrouver mon calme. Sinon, Camille pleure et se bloque. Je peux aussi l’envoyer cinq minutes dehors pour une pause au milieu d’un effort. Enfin, l’humour dédramatise et redonne confiance. » Armelle fait équipe avec son fils : « Nous lisons à deux, nous effectuons les exercices l’un après l’autre, ou bien nous récitons tour à tour. L’exemple que je lui donne le stimule ».


STUDYING

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Un maître mot : la régularité du travail

Comment l’aider à mémoriser ? Nous avons chacun une façon d’aborder les apprentissages. Savoir qu’on a une mémoire plus auditive, plus visuelle ou plus kinesthésique permet d’adapter la méthode utilisée pour « rentabiliser » les efforts fournis. « Découvrir son style, explique Jeanne Siaud-Fachin, c’est se donner la possibilité de le maîtriser : quand on ne sait pas comment on fonctionne, on subit les choses. De plus, les autres, et en particulier les adultes vis-à-vis des enfants, ont tendance à imposer leur propre manière. » Marine suggère enfin d’« aider l’enfant à anticiper pour bien assimiler la leçon. Et dès l’annonce des contrôles, l’idéal est de répartir le travail en tenant compte de cette surcharge ». Un enfant en difficulté sera incapable de revoir la totalité d’un contrôle la veille pour le lendemain. En révisant, il est bon de l’aider à se mettre dans la situation d’être interrogé : qu’il puisse imaginer les questions posées et leurs réponses.

« Avant d’entamer un exercice, on cherche toujours à quelle partie du cours il se rapporte, explique Odile, ancien professeur, qui aide des enfants depuis plus de vingt ans. Je veille à ce qu’ils aient compris, et surtout appris, la nouvelle règle. Une seule lecture ne permet pas à l’enfant d’assimiler suffisamment. » En relisant les cours, elle souligne les mots-clés, établit des fiches, use et abuse de couleurs, schémas ou chiffres afin de mieux faire comprendre et mémoriser. « Pour que ces enfants plus lents ne perdent pas confiance en eux, je leur apprends à réfléchir tout haut. Par exemple, lors d’une dictée, je leur demande de dire la nature du mot, avec quoi il s’accorde ou non… Ils découvrent que la rigueur paie », poursuit-elle, enthousiaste.

Favoriser des temps de réussite

Toutes les institutrices sont d’accord : les révisions régulières seront, plus que pour un autre enfant, nécessaires. « Je conseille aux parents de dresser régulièrement un minibilan des nouvelles acquisitions dans les matières principales. Au besoin, un cahier de soutien sera consacré aux exercices à la maison, aux règles et exceptions révisées ensemble… », ajoute Odile.

« Je m’appuie sur les points forts de ma fille, précise Marie. Elle est très manuelle, je lui fais faire du dessin… Elle aime beaucoup ce moment privilégié où elle réussit, où elle prend conscience de ses capacités. Nous, parents, nous avons aussi besoin de ce recul pour croire qu’elle pourra s’en sortir. » « J’ai longtemps fait du théâtre avec les enfants en difficulté, raconte Alix. En jouant un rôle, le jeune reprend confiance, travaille sa concentration, et apprend à sortir de lui-même. C’est une vraie thérapie ! » Christine, elle, a proposé à son fils Florent de prendre des cours de cuisine. « Le scolaire ne marche pas ; derrière les fourneaux, il retrouve le sourire. Il a une patience pour la pâtisserie qui m’impressionne. Peut-être travaillera-t-il dans ce domaine ? »

Maylis de Bengy


MOTHER CHILD

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Tags:
ÉcoleEnfantsParents
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