Relation père-fils : ces moments de complicité qui marqueront un enfant pour toujours
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Edifa - publié le 17/06/20 - mis à jour le 10/03/22
Rien de mieux que des rites de passage pour créer des moments particuliers entre un père et son fils et aider un garçon à cheminer vers sa vie adulte.
Pour faire un homme, mon Dieu que c’est long ! Si la présence du père est souhaitable tout au long de l’adolescence, il y a aussi des moments clés qui peuvent aider le jeune à franchir des étapes dans sa route vers la vie adulte. D’où l’importance de marquer quelques « rites de passage ». « Je n’avais jamais rien fait de mémorable avec mon père, trop absorbé par son métier, et cela m’a manqué. J’ai donc essayé de marquer l’entrée de nos enfants dans l’adolescence par un acte initiatique », raconte Alain, père de quatre garçons. C’est ainsi qu’il a emmené Étienne, son aîné alors âgé de 16 ans, marcher du Puy-en-Velay à Conques (Aveyron), l’un des départs vers Compostelle « La démarche est symbolique. Je lance mon garçon sur le chemin de la vie, je lui montre la direction. Mais ce sera à lui de poursuivre, de tracer sa route et d’achever le pèlerinage terrestre », confie le père.
Ce moment privilégié passé ensemble relève aujourd’hui d’une nécessité, estime Olivier, un autre père de famille : « Lorsque j’étais enfant, un père absent posait sans doute moins de difficultés qu’aujourd’hui. Dans notre société où la virilité s’estompe, je crois qu’il est davantage nécessaire qu’un père soit vraiment présent auprès de ses fils. » Pour aider son fils à passer de l’enfance à l’adolescence, dans une société où les rites de passage ont peu à peu disparu, un père peut créer des temps particuliers, dont l’intensité marque le jeune, crée un souvenir commun, permet une transmission.
Et cela peut commencer bien avant l’adolescence. « Quand ils ont 7 ans, je les invite au restaurant, seul à seul, pour marquer l’âge de raison, raconte Guillaume, père de famille nombreuse. Je peux avoir une vraie discussion avec eux. On parle de ce qu’ils aimeraient faire plus tard. C’est une étape qui est devenue un rituel. Les plus grands en parlent aux plus jeunes des années à l’avance. »
Partage et complicité pour préparer l’adolescence
Le père peut aussi s’appuyer sur des traditions familiales pour créer une intimité avec son fils. « Chaque été, grands-parents, parents et enfants, on se retrouve dans une maison de famille, raconte Denis. Au cours de la semaine, nous avions coutume de faire une marche d’une vingtaine de kilomètres en haute montagne. L’an dernier, Gabriel, 7 ans, s’est plié à cette tradition pour la première fois. Mais fatigués, les grands-parents, eux, ne nous ont pas accompagnés. Je crois que mon fils a compris qu’il reprenait le flambeau. Parfois, je l’imagine faisant cette balade avec ses propres enfants ! Partis à l’aube, nous avons eu la chance d’apercevoir des chamois, des marmottes…
Pour moi, cette balade est une manière d’éveiller mon fils à la beauté de la Création, dans ce lieu qui me fait penser au paradis. Cela m’émeut beaucoup et il me semble qu’il a perçu cette émotion. En effet, lui qui est plutôt bavard et agité, je l’ai senti plongé toute la journée dans un silence contemplatif. »
Cette habitude de partage ou de complicité prépare l’arrivée de l’adolescence, et de ses grandes questions. À commencer par celles de l’identité sexuelle du garçon et des relations avec les filles.
Cette habitude de partage ou de complicité prépare l’arrivée de l’adolescence, et de ses grandes questions. À commencer par celles de l’identité sexuelle du garçon et des relations avec les filles. L’échange avec le père devient alors très important, même s’il n’est pas forcément ritualisé. Avec ses trois fils, Guillaume a attendu le moment opportun : « Quand je sens qu’ils entrent de plain-pied dans la puberté, je saisis une occasion pour leur parler de l’amour, en tête à tête. Je parle de ce qui se passe en eux, de leur désir.