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Votre perfectionnisme vous gâche la vie ? Il existe des solutions

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© Andrey_Popov

Edifa - publié le 14/02/20

Si le perfectionnisme est un puissant moteur de réussite, il peut aussi gâcher la vie de celui qui a des exigences de perfection très élevées. Quelques conseils à suivre si votre désir de perfection gâche votre quotidien et celui de votre entourage.

Les chrétiens sont appelés à la perfection (Mt 5, 48) dans la pauvreté et le détachement. Mais parfois le désir de perfection peut empoisonner la vie d’une personne. Le doute, l’obsession du détail, la peur de l’erreur peuvent l’éloigner de l’essentiel. Médecin psychiatre, Frédéric Fanget dévoile quelques conseils simples à appliquer dans sa vie quotidienne pour être un perfectionniste heureux.

Qu’est-ce que le perfectionnisme ?
Une petite voix intérieure qui dit « toujours mieux », « toujours plus », « encore un peu ». Elle est un moteur qui stimule, aide à persévérer et à réussir. Mais sans limites, elle peut devenir tyrannique. Et provoquer un stress nocif, ou paralyser. Le perfectionnisme crée des « handicapés du plaisir ». La personne ne savoure pas ses réussites, déjà tournée vers un objectif plus ambitieux. Elle est sous pression permanente. L’erreur la terrorise et conduit à une méticulosité excessive. Elle ne sait pas hiérarchiser et perd un temps fou dans les détails. Le perfectionnisme est souvent une mauvaise réponse à l’anxiété.


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La personne « atteinte » est victime de son « oui, mais » permanent. Il lui semble difficile d’accepter qu’elle ait fait ou qu’il lui soit arrivé quelque chose de bien. Aussitôt, elle met un bémol « mais », qui entraîne la litanie coutumière de ses erreurs ou de ses échecs. L’une de mes patientes a compté qu’elle répétait ce « mais » jusqu’à trente-sept fois par jour ! Je l’ai encouragée à placer un point final après son « oui ». Et à goûter l’émotion positive ressentie lorsqu’elle parle en bien d’elle-même, sans se dénigrer ni minimiser son succès. C’est ce « mais » qui ronge l’estime de soi et pousse le perfectionniste à en faire encore plus. Il doit apprendre à se contenter du bien, du « oui », sans pousser jusqu’au parfait.

Le perfectionnisme guette-t-il tout le monde ?
Le perfectionnisme concerne aussi bien les femmes comme les hommes, notamment sur le plan professionnel. L’envie de plaire à son supérieur, monter en grade, gagner davantage d’argent peut engendrer un stress pérennant.  Des insomnies et une irascibilité retentissent alors sur la famille. Ce stress peut parfois se transformer en burn-out.


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Mais l’exigence envers soit peut aussi se manifester dans les loisirs, surtout sportifs. La performance prend le pas sur le plaisir et la détente. Il y a trois facteurs favorisant l’apparition du perfectionnisme chez une personne, souvent dès l’enfance. Le premier correspond à un style de personnalité : ceux qui pensent (parfois à tort) qu’on attend d’eux un résultat. Le deuxième intervient par imitation, lorsque l’un des deux parents est perfectionniste. Troisième facteur : l’enfant protecteur des parents. En cas de difficultés conjugales ou familiales, il se contraint à être sage comme une image afin de ne pas rajouter aux problèmes.

Tout cela crée un contexte. Mais au sein d’une même fratrie, tous ne sont pas perfectionnistes ?
À ce terrain s’ajoutent les facteurs sociaux. Sans pour autant le créer, ils cultivent le germe du perfectionnisme. L’école est un moule très perfectionnant. Elle rabâche le « peut mieux faire ». Notre temps incite aussi au zéro faute. La société exige un corps, une sexualité, un travail parfaits. Une erreur ne se pardonne pas. Chacun se doit de réussir personnellement et professionnellement. Selon sa personnalité, son éducation, son histoire, on est plus ou moins sensible à ces pressions.

Sus aux élèves studieux et aux devoirs bien faits ?
Il y a un bon et un mauvais perfectionnisme. Il est bon s’il sert à quelque chose. Imaginez un chirurgien qui opère un œil « à peu près », ou un pilote d’avion qui ne maîtrise pas bien ses écrans. Le bon perfectionnisme est constructif. Il m’a permis de réussir la médecine, en surlignant mes cours, en les classant, en les connaissant sur le bout des doigts. Mais si j’avais continué de surligner dans ma vie de tous les jours, mon courrier ou mes factures, je serais tombé dans la pathologie. Voilà la clé : adapter son perfectionnisme à ce que l’on veut en faire.


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Mais le perfectionniste sait-il justement qui il est, ce qu’il souhaite ?
Non, et c’est là son drame. À courir après une image de la perfection, il n’est plus lui-même. Il se coupe du réel, de ses envies, de ses besoins, et finit par ne plus en avoir conscience. Le perfectionniste inhibe ses sentiments et cache ses soucis, ses limites. Retrouver son être profond passe par une prise de conscience. On a le droit d’être fatigué, de mauvaise humeur, stressé. On a le droit de montrer sa faiblesse et de demander de l’aide.

Comment réagir face à un enfant perfectionniste qui se fixe lui-même des exigences trop élevées ?
Il faut le demander de citer des personnes qu’il apprécie et qui ne sont pas parfaites. Souligner aussi que les erreurs aident à faire son expérience, parfois plus que les succès. Ne pas en faire un drame quand on se trompe et montrer que cette erreur peut être source de progrès. Donner à l’enfant une obligation de moyens plus que de résultats. Lorsqu’il a une bonne note, il faut l’aider à réaliser que relire sa leçon trois fois, au lieu de dix, aurait suffi. L’essentiel est qu’il sorte du « 100% parfait », en lui montrant qu’il ne tombe pas pour autant dans la nullité. Je mets aussi en garde contre les loisirs dont l’exigence essentielle est la performance. Danse, piano, judo doivent rester une détente et non pas se transformer en une nouvelle course aux diplômes.

Comment devenir moins exigeant ?
La méthode de la décentration marche bien avec les perfectionnistes car s’ils sont très exigeants avec eux-mêmes, ils n’en attendent pas autant des autres.

Abandonner un excès de perfectionnisme, cela prend du temps ?
Oui, cela se fait petit à petit. Après avoir recensé tous les domaines où s’exerce son perfectionnisme, la personne choisit celui dans lequel elle abaissera son exigence. Attention : il ne serait pas réaliste de ne plus l’être du tout ! La diminution d’exigences est déjà une victoire, un premier coup de hache dans la bûche du perfectionnisme. La personne devient plus détendue, plus satisfaite d’elle-même, plus confiante. Dernier écueil : il faut essayer d’éviter de tomber dans le « perfectionnisme thérapeutique ». Réaliser un quart de progrès en six mois ou en un an s’avère largement suffisant.


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S’accepter avec ses limites allège donc la vie ?
À vouloir tout réussir, le perfectionniste rate l’essentiel. Pour que mon patient en prenne conscience, je lui fais noter toutes ses activités de la semaine. Puis, je l’interroge sur ses objectifs de vie : que regretterait-il de n’avoir pas fait s’il mourait demain ? Souvent, il répond : s’occuper de son conjoint, de ses enfants, etc. Je lui demande alors combien de temps il a consacré, cette semaine, à ces priorités. Et il constate qu’il n’a rien fait qui lui tienne vraiment à cœur. Le perfectionniste se débarrassant d’abord des choses ennuyeuses, il n’a plus de temps pour ses véritables objectifs. Il passe à côté de sa vie. Quand ils réalisent cela, certains ressentent un véritable électrochoc. Garder ses objectifs en vue et s’investir dans l’essentiel : voilà une bonne résolution à prendre !

Propos recueillis par Stéphanie Combe

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