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« Je n’ai pas fait exprès », l’excuse qui horripile à juste titre

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Edifa - publié le 21/10/19 - mis à jour le 03/11/21
« Je n’ai pas fait exprès ». Les enfants se cachent souvent derrière cette petite phrase pour justifier leurs maladresses ou leurs négligences. Pourtant, le « pas fait exprès » ne doit pas être une excuse absolutoire. Les enfants doivent apprendre à être responsables de leurs actes même quand ils ne sont pas fautifs.

Causer des dégâts par inadvertance n’est pas du tout la même chose que de les provoquer intentionnellement. A fortiori si les dégâts en question sont la conséquence malheureuse d’une action dictée par la volonté de bien faire. C’est l’assiette cassée en mettant le couvert, le balai qui brise un petit bibelot auquel nous sommes attachés ou la carrosserie de la voiture rayée par un jeune laveur inexpérimenté. Si nous nous fâchons contre l’auteur de ces petites catastrophes domestiques, il ressent nos reproches comme profondément injustes : « Je ne l’ai pas fait exprès ! Je voulais t’aider ! »

Une bonne excuse ?

Effectivement, il nous faut taire nos regrets devant ce qui est abîmé ou détruit, rassurer l’enfant et le féliciter pour le service rendu, plutôt que de mettre l’accent sur ses maladresses. Tout en l’aidant à réparer autant que possible : « Tu ne l’as pas fait exprès, mais tu l’as fait quand même ». Cependant, le « pas fait exprès » n’est pas toujours une bonne excuse : le mal provoqué involontairement peut venir d’une négligence ou d’une désobéissance qui, elles, sont pleinement délibérées. Si notre laveur de voiture refuse de suivre les consignes de son père et n’en fait qu’à sa tête, on pourra légitimement lui reprocher d’avoir détérioré la carrosserie ; même chose si la vaisselle est brisée en raison des gestes brusques d’un enfant furieux d’avoir à mettre le couvert. Impossible alors de se dédouaner, même si les conséquences n’ont pas été recherchées ! « Tu ne l’as pas fait exprès, mais il fallait faire exprès de ne pas le faire. »

Des conséquences du laisser-aller et de l’indiscipline

Ce sens des responsabilités s’apprend très tôt : obliger l’enfant à assumer les conséquences de ses actes, c’est le prendre au sérieux et lui rendre service ! D’autant plus que par simple négligence, on peut faire très mal. Le laisser-aller et l’indiscipline ont parfois des conséquences dramatiques. Un des exemples les plus tragiquement banals est celui des accidents de la route : les chauffards ne veulent pas tuer, et pourtant ils tuent ! Au départ, c’est juste un feu rouge grillé, un petit verre de trop, ou une agglomération traversée à toute allure parce qu’on est en retard et au final, ce sont des vies brisées. Dans certains scandales sanitaires, généralement aucun responsable ne désirait le décès des malades : il y a pourtant des centaines de victimes, dont la mort ou le handicap n’est pas due au hasard. On peut décliner cela de bien des manières : combien de pauvres meurent de l’insouciance des riches, combien de petits sont écrasés involontairement par les puissants ?

"Au jour du Jugement dernier, pourrons-nous dire : je ne l’ai pas fait exprès ?"

Au jour du Jugement dernier, pourrons-nous dire : « Je ne l’ai pas fait exprès », devant ceux qui ont souffert de la faim, de la solitude, de la maladie, du rejet, sans que nous ne leur venions en aide ? « Seigneur, nous t’aimons ! Nous n’avons pas fait exprès de laisser mourir de désespoir ces hommes-là. Nous ne les avons pas vus, nous n’avions pas le temps, nous n’y avons pas pensé. » Relisons la parabole des vierges sages et des vierges folles (Mt 25, 1-13). Les jeunes filles imprévoyantes n’ont pas fait exprès de laisser leurs lampes s’éteindre, cependant, à l’arrivée de l’époux, elles n’étaient pas prêtes et ont été exclues de la fête. Leur manque de vigilance leur a été fatal. Ou encore la parabole de la maison dans la tempête (Mt 7, 24-27) : celui qui a bâti sa maison sur du sable n’a évidemment pas souhaité son effondrement. Pourtant, c’est bien ce qui s’est passé, parce qu’il n’avait pas pris la peine de la fonder sur le roc.

Confions notre fragilité à sa Miséricorde

Jésus nous demande de « faire exprès » d’accomplir la volonté du Père (Mt 7, 21-22). Il nous a voulus libres et responsables pour que nous retroussions nos manches afin de mettre effectivement sa Parole en pratique. Gare aux « bons à rien » qui n’ont pas le courage de faire fructifier leurs talents (Mt 25, 30), comme aux lâches qui ne savent pas fuir les occasions de chute (Mc 9, 43-48) ! Ils ont beau ne pas rechercher intentionnellement le péché, le Seigneur se montre très sévère à leur égard. En revanche, si nous mettons nos pas dans ceux de Jésus, obéissant comme lui à ce que demande son Père, si nous confions notre fragilité à sa miséricorde, nous accomplirons, « sans le faire exprès », des merveilles qui nous dépassent.

Christine Ponsard

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