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Nathalie Fourmy : “Takashi Nagai offre une clé pour réussir à être heureux”

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Takashi Nagai (1908 - 1951).

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Hortense Stock - publié le 04/11/25
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“J’ai perçu chez cet homme et son épouse Midori des figures de sainteté”, confie à Aleteia Nathalie Fourmy, auteur de la bande dessinée “Nagasaki 1945”, au sujet de Takashi Nagai, médecin japonais et grande figure catholique.

Alors que 2025 marque le 80e anniversaire du bombardement de Nagasaki, Nathalie Fourmy, auteur de la bande dessinée Nagasaki 1945, donne une conférence ce mercredi 5 novembre à la mairie du Ve arrondissement de Paris dans le cadre de l’exposition "L’Art de la Paix" qui s’y tient jusqu’au 17 novembre dans le cinquième arrondissement de Paris, afin de commémorer le 80e anniversaire du bombardement de Nagasaki. Le thème de sa conférence rejoint celui de sa bande dessinée : l’incroyable vie du médecin Takashi Nagai, grande figure catholique du Japon. Entretien.

Aleteia : Nagasaki 1945 est votre première bande dessinée. Pourquoi avoir choisi Takashi Nagai comme sujet de travail ?
Nathalie Fourmy : J’ai découvert Takashi Nagai en lisant son livre " Les cloches de Nagasaki ". La charité et la joie paisible émanant de ce texte m’ont bouleversée, et j’ai perçu chez cet homme et son épouse Midori des figures de sainteté. Etant passionnée de dessin depuis mon enfance, j’ai eu l’idée de faire connaître ce couple en créant une bande dessinée qui retracerait la vie de Takashi, depuis sa conversion aux côtés de Midori, jusqu’à sa mort.

Qu’est-ce qui vous a marqué dans la manière dont Takashi vivait sa foi ?
J’ai été touchée par sa simplicité. C’est une figure joyeuse et pleine d’humour, à laquelle on peut s’identifier et se dire " j’ai envie d’être comme lui ". Cette bande dessinée est surtout une invitation à considérer la sainteté comme quelque chose de désirable et d’accessible. Takashi savait qu’il n’était pas parfait, mais il était heureux. Et après tout, n’est-ce pas le propre de la sainteté, d’être heureux ?

BD_Nagasaki_1945
BD_Nagasaki_1945

Votre travail a porté ses fruits, puisque vous avez reçu le Prix International de la bande dessinée chrétienne d’Angoulême, au début de l’année 2025…
C’est une récompense bienvenue. Entre le scénario, le dessin pur à l’encre de Chine et la mise en couleurs, la réalisation de la bande dessinée a duré trois ans. A cela, il faut ajouter les années de recherches, plongée dans les images d’archives… Après autant de travail et de sacrifices, c’est rassurant de se dire que cet album " tient debout " et a sa place, même si je ne suis pas du " milieu " initialement.

Que retenez-vous de vos nombreuses années de recherches à propos de l’histoire du catholicisme au Japon ?
C’était un travail long mais passionnant autour de la ville de Nagasaki, devenue le berceau des chrétiens. Lorsque saint François Xavier est arrivé sur les terres japonaises pour développer ce petit village portuaire, le pays subissait une sévère instabilité politique. Les catholiques japonais étaient alors persécutés, c’était la guerre civile. Si les persécutions étaient révolues à la naissance de Takashi, le matérialisme régnait sur le pays : les Japonais ne croyaient plus. Aujourd’hui encore, Takashi reste une figure sensible au Japon. Beaucoup de citoyens ignorent son existence alors qu’il a reçu la distinction de héros de la nation en 1949 et a été citoyen d’honneur de Nagasaki !  La béatification du couple Nagai serait l’occasion de promouvoir un message d’espoir.

Au-delà de la place de la religion dans le pays, la réalisation de " Nagasaki 1945 " vous a conduit à étudier la Seconde Guerre mondiale à travers un prisme japonais. Votre regard sur le conflit mondial a-t-il évolué ?
Adopter un autre regard que celui occidental m’a fait comprendre que la bombe symbolisait la destruction, surtout au Japon où la capitulation était inenvisageable et perçue comme un total déshonneur. Comme tout Japonais, Takashi a grandi dans un environnement patriote, et l’annonce de la défaite l’a rendu furieux. Heureusement, sa foi lui a permis de réaliser que la guerre n’était plus concevable, et il s’est battu pour transmettre un message d’espérance et de paix.

Les 80 ans du bombardement de Nagasaki sont commémorés cette année. Cette bande dessinée est-elle l’occasion de remplir un devoir de mémoire à l’égard de cet événement ?
Pour rendre hommage, le devoir de mémoire est beau et nécessaire, mais il n’est pas suffisant, et il faut aller au-delà et l’utiliser pour s’en servir dans notre quotidien. En parler à travers les textes et les images permet de promouvoir la charité et de maintenir la paix. Quand bien même l’histoire se répétait, le regard de Takashi nous offre une clé pour traverser les épreuves et réussir à être heureux.

Pratique :

Nagasaki 1945, Nathalie Fourmy, Plein Vent, avril 2024, 17,90 euros.
Mercredi 5 novembre 2025 à 15h : conférence de Nathalie Fourmy sur " La vie de Takashi Nagai " à la Mairie du cinquième arrondissement.
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