Une procédure longue mais qui avance ! Après quatre ans de phase diocésaine pendant laquelle une cinquantaine de témoignages ont été rassemblés, la procédure de béatification d’Anne-Gabrielle Caron, petite fille décédée d’un cancer à l’âge de 8 ans en 2010, entame sa phase romaine. Un postulateur romain vient d’être nommé en la personne de Mgr Denis Dupont-Fauville, chanoine de la basilique Saint-Pierre du Vatican et de la cathédrale Notre-Dame de Paris et professeur de théologie à Rome. Il livre à Aleteia l’étonnant concours de circonstances qui l’a mené à cette mission et les aspects de la personnalité d’Anne-Gabrielle qui le frappent déjà. C’est lui qui est chargé de rédiger la Positio super Vita, Virtutibus et Fama Sanctitatis, le dossier dans lequel seront exposés les éléments qui permettront au Dicastère de la Cause des Saints d'atteindre une certitude morale quant à la sainteté d’Anne-Gabrielle.
Aleteia : Vous avez été nommé début octobre postulateur romain pour la cause d’Anne-Gabrielle. En quoi consiste votre rôle ?
Mgr Denis Dupont-Fauville : Dès que j’ai été confirmé comme postulateur romain, j’ai envoyé une lettre au Dicastère demandant l’ouverture de la cause d’Anne-Gabrielle. Une fois que la validité juridique du dossier sera vérifiée, mon rôle consistera à lire tous les actes de l'enquête diocésaine qui ont été mis dans des cartons lors de la cérémonie de clôture de la procédure diocésaine le 7 décembre dernier et apportés à Rome par l’ancien postulateur diocésain. Je devrai ensuite rédiger une Positio, une synthèse, qui fait généralement autour de 300 pages, pour montrer le caractère exceptionnel d’Anne-Gabrielle et l’héroïcité de ses vertus, c’est-à-dire la manière dont elle a vécu les vertus chrétiennes de manière extraordinaire. La Positio est soumise à la lecture des membres du Dicastère qui évaluent si cela vaut la peine de la proposer au Pape pour que le "Serviteur de Dieu" concerné soit déclaré vénérable. C’est un long processus.

Avez-vous une idée des délais justement ?
C'est un processus long et minutieux, qui dure généralement plusieurs années. Les exemples récents de Jean Paul II ou Carlo Acutis peuvent faire croire qu'une canonisation se fait rapidement, mais ce sont plutôt des exceptions.
Connaissiez-vous Anne-Gabrielle avant d’être nommé postulateur de sa cause ?
Les circonstances sont assez étonnantes. La première fois que j’ai découvert Anne-Gabrielle, c’était à travers un article de Famille Chrétienne que j’ai feuilleté chez quelqu’un. J’ai été frappé par sa vie et par les photos, je me suis dit "cette petite fille est incroyable !" et j’ai fait une chose que je ne fais jamais : j’ai pris en photo l’article avec mon portable. Ensuite, plusieurs articles d’Aleteia à son sujet ont été autant de piqûres de rappel. À chaque fois, cette petite fille m’impressionnait par son sourire et sa maturité spirituelle. Et lorsque j’ai dit, en octobre 2024, que j’aurais plus de temps libre dans les mois à venir, quelqu’un m’a dit qu’on cherchait un postulateur pour une cause en béatification française. J’ai demandé de qui il s’agissait. Et quand on m’a répondu "Anne-Gabrielle Caron", j’ai dit "je prends !"
Ce qui frappe instantanément chez Anne-Gabrielle Caron, c’est son sourire.
Y a-t-il des conditions à remplir pour être postulateur romain ?
Oui. Être expert en théologie, ou en droit canon, ou en histoire, selon les cas, résider à Rome de manière permanente, et avoir suivi le cours pour décrocher le diplôme qui permet d’être postulateur. Et ce cours, qui n’a lieu qu’une fois tous les deux ans pendant six mois, commençait la première semaine de janvier, exactement au moment où je commençais à avoir du temps libre ! J’ai passé les examens début juillet et ai obtenu le diplôme en septembre.
Qu’est-ce qui vous touche chez Anne-Gabrielle ?
Beaucoup de choses ! D’abord cette grâce propre aux enfants : elle ne doute pas une seule seconde de la présence de Dieu et de son amour. Plus elle souffre, plus elle se dit que le seul qui peut l’aider, c’est Jésus. Ce qui frappe instantanément aussi, c’est le sourire qu’elle a sur les photos. On sent que ce n’est pas un sourire de photo, mais un sourire qui vient de la conscience d’être aimée de Dieu, ce qui est étonnant chez une enfant. Un autre élément étonnant chez une enfant aussi jeune, c’est sa volonté d’intercession. Elle veut prendre la souffrance des autres enfants de l’hôpital. Constamment, elle est confrontée à une souffrance qu’elle déteste, mais elle ose demander au Seigneur d’être chargée encore plus pour soulager les gens autour d’elle. C’est impressionnant.











