separateurCreated with Sketch.

Qu’est-ce qu’une broche reliquaire, cet inestimable bijou volé au Louvre ?

La broche reliquaire de l'impératrice Eugénie a été volée au musée du Louvre le 19 octobre 2025.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Mathilde de Robien - publié le 20/10/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Parmi les huit bijoux volés dimanche 19 octobre au Louvre figure une broche dite broche reliquaire ayant appartenu à l'impératrice Eugénie. Elle ne contenait pas de reliques mais aurait été conçue pour pouvoir en accueillir.

Une perte inestimable. Dimanche 19 octobre, quatre malfaiteurs se sont introduits, à l’aide d’un monte-charge, au premier étage du musée du Louvre, et ont pénétré dans la galerie d’Apollon qui abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne de France. Ils ont brisé deux vitrines avec une disqueuse et ont dérobé huit bijoux "d’une valeur patrimoniale inestimable", selon le Ministère de la Culture, ayant appartenu à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, à la reine Hortense, belle-fille et belle-sœur de Napoléon et mère de Napoléon III, à l’impératrice Marie-Louise, seconde épouse de Napoléon Ier et à l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Une collection démarrée en 1530 par François Ier, et considérablement augmentée par Louis XIV, grâce notamment à un legs de 18 diamants du cardinal Mazarin au Roi Soleil. Selon les besoins et les évènements royaux, les diamants de la Couronne étaient réemployés au fil du temps, signifiant par-là la continuité de l’État.

La broche reliquaire de l'impératrice Eugénie

Parmi les bijoux volés figure une broche dite broche reliquaire, ayant appartenu à l’impératrice Eugénie. Datée de 1855, sertie de 94 diamants, elle est l’œuvre de Paul-Alfred Bapst, célèbre joaillier du Second Empire. Pour l’association Sites et Monuments, le vol de ce bijou est "une catastrophe" car il contient en lui-même un condensé de l’Histoire de France : les deux gros diamants formant des ailes de papillon, appelés les Mazarin 17 et 18, font partie de ceux légués à Louis XIV par son ministre. Et le gros diamant, au centre, était le quatrième bouton du justaucorps de Louis XIV, avant d'être utilisé comme boucle d'oreille par Marie-Antoinette. Il s'agirait des diamants de la Couronne les plus anciens que le musée du Louvre avait conservés.

Outre le réemploi des diamants, cette broche interpelle aussi par sa dimension sacrée. Pourquoi lui associer le terme "reliquaire" ? Un terme qui lui est associé dès la vente des Diamants de la Couronne en 1887. Le mot est en outre gravé sur l'épingle de fixation.

Epingle de fixation sur laquelle est gravé "RELIQUAIRE".

Pourtant, aucun espace n'est aménagé pour abriter une relique. Le Louvre avance l’hypothèse que le bijou, facilement démontable, aurait pu être conçu pour pouvoir, ultérieurement, insérer un élément intermédiaire qui aurait contenu une relique. Le Louvre signale aussi qu'au dos de l'étui en cuir de la broche figure une petite logette qui pourrait être destinée à abriter une relique. 

Etui de la broche reliquaire de l'impératrice Eugénie.

Une foi très ancrée

Un souhait voulu par l’impératrice Eugénie ? Bien que souvent qualifiée de futile et coquette, connue pour avoir lancé la ville de Biarritz, l’épouse de Napoléon III n’en était pas moins pieuse, et même considérée par ses détracteurs comme bigote. Plusieurs photos, ainsi qu’une sculpture de Marie-Louise Lefèvre-Deumier, la représentent en prière, agenouillée sur un prie-Dieu.

Impératrice Eugénie

Lors du baptême du Prince impérial à Notre-Dame de Paris en 1856, le pape Pie IX, représenté par le cardinal Patrizzi, fait cadeau à l’impératrice d’une Rose d’or, présent le plus précieux que peut recevoir une femme de la part d’un pape. C’est encore elle qui fait rouvrir, en 1858, la grotte de Lourdes fermée aux pèlerins après la guérison de son fils.

Mais sa foi se manifeste surtout par les nombreuses œuvres de charité qu’elle patronne à travers ce que ses contemporains appellent "un Ministère de la Charité" : c’est elle qui décide le montant et la répartition des sommes devant être concédées aux causes et aux institutions qu’elle juge importantes. En outre, elle visite quotidiennement des parents souffrants ou des nécessiteux. Ses visites auprès des malades, notamment lors de l’épidémie de choléra en 1865, marquent les esprits. La Fondation Napoléon conserve son chapelet, offert par les moines trappistes de Staouëli, en Algérie, que le couple impérial avait visité en 1865, ainsi que son missel sur lequel est inscrite à la main la date du 9 janvier 1873, jour du décès de Napoléon III. Une foi bien ancrée qui la soutient dans l'épreuve de l'exil et de la mort de son mari puis de son fils.

Découvrez les huit bijoux de la Couronne dérobés au Louvre :

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)