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“Muerte Digna” : l’Uruguay légalise l’euthanasie

Vote de la loi sur l'euthanasie au Sénat uruguayen.

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Cécile Séveirac - publié le 16/10/25
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Le Parlement uruguayen a adopté le texte "Muerte digna" ("Mort digne") le 15 octobre qui légalise l'accès à l'euthanasie sous certaines conditions. Le texte comporte de nombreuses dispositions floues qui inquiètent les opposants au texte aussi bien que l'Église catholique.

L’Uruguay a adopté mercredi 15 octobre une loi légalisant l’euthanasie, approuvée par le Sénat à une large majorité de voix. Le texte avait déjà été approuvé par la Chambre des députés en août.

La loi, baptisée "Muerte Digna", "Mort digne", autorise donc l'euthanasie des personnes en fin de vie sous certaines conditions : être majeur, citoyen ou résident d'Uruguay, être psychiquement apte. Le patient doit enfin vivre "l’étape terminale d’une maladie incurable et irréversible" ou, en raison de sa maladie ou de conditions de santé incurables et irréversibles, endurer "des souffrances insupportables" et traverser "une détérioration grave et progressive de sa qualité de vie".

L’avis d’un premier médecin est sollicité dans les trois jours, puis celui d'un deuxième médecin dans les cinq jours suivants. En cas de désaccord, un comité médical composé de trois médecins dont un psychiatre et un spécialiste de la maladie du patient, interviennent et prennent la décision finale. L'euthanasie est réalisée par le médecin ou "sur son ordre" par une autre personne. "À noter que l’euthanasie pourrait être pratiquée à partir du sixième jour à dater de la demande initiale, et plus rapidement encore s’il est craint que le patient ne parvienne plus à exprimer clairement sa volonté. À titre de comparaison, la loi belge impose un délai d’attente de minimum un mois si la mort n’est pas prévue à brève échéance", note l'Institut Européen de Bioéthique (IEB) qui souligne de nombreuses autres zones de flou du texte. Le projet de loi établit par ailleurs que "la mort par euthanasie sera considérée comme mort naturelle", selon l'IEB.

L'Uruguay devient le premier pays d'Amérique Latine à autoriser légalement l'accès l'euthanasie. Cette loi intervient après des années de discussions et de débats au sein de la classe politique. L'opinion publique était quant à elle largement favorable à une évolution de la législation en la matière. Parmi les quelques pays qui légalisent le processus de "mort assistée" se trouvent le Canada, les Pays-Bas ou encore l'Espagne. En Amérique latine, la Colombie a dépénalisé l’euthanasie en 1997 et l’Équateur l’a rejoint l’année dernière.

En France, le projet de loi sur la fin de vie a déjà été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale en mai, mais son examen au Sénat est aujourd’hui suspendu et reporté du fait des priorités budgétaires et de l'instabilité parlementaire qui dure depuis plusieurs mois. Le nouveau gouvernement dirigé par Sébastien Lecornu n’a pour le moment pas fixé de date pour relancer le débat parlementaire, initialement prévu au 8 octobre.

Réactions de l'Église catholique

L’Église, par la Conferencia Episcopal del Uruguay (CEU), a réaffirmé à plusieurs reprises son opposition à la loi." Il est éthiquement inacceptable de provoquer la mort d'un patient. (...) L'euthanasie, entendue comme 'l'action ou l'omission qui accélère ou provoque la mort d'un patient', est contraire à l'éthique de la profession", a notamment écrit la CEU le 13 août après le vote de la loi par la Chambre des députés. "Les médecins ne devraient jamais se livrer à des actes provoquant activement la mort d'un autre être humain. Tuer un patient est contraire à l'éthique, même pour lui épargner douleur et souffrance, même s'il le demande expressément", qui rappelle qu'un "tel acte constitue un homicide commis dans un contexte clinique." Elle réitère son "soutien aux soins palliatifs", destinés à accompagner le patient jusqu'à la fin de sa vie tout en maintenant leur pleine et entière dignité.

Juste avant le vote de la loi au Sénat, le 14 octobre, le président de la CEU Mgr Daniel Sturla, a de nouveau pris la plume pour faire part de sa désapprobation et rappeler la position de l'Église en la matière. Fustigeant une "nouvelle avancée dans la culture de la mort, qui recourt à la confusion", Mgr Sturla rappelle le devoir des chrétiens de "souligner la beauté de la vie, non pas parce que nous ignorons sa souffrance et ses ténèbres, mais parce que même au cœur de la douleur ou de la maladie, de la tristesse ou de la dépression, nous avons la certitude qu'elle illumine notre être".

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