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Gaza : la paix est-elle enfin possible ?

Le président américain Donald Trump (au centre) fait une déclaration lors d'un sommet sur Gaza à Charm el-Cheikh, le 13 octobre 2025. Trump a atterri en Égypte le 13 octobre pour un sommet sur Gaza, après une visite éclair en Israël à la suite de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu qu'il a négocié. Khaled DESOUKI / AFP

Le président américain Donald Trump (au centre) fait une déclaration lors d'un sommet sur Gaza à Charm el-Cheikh, le 13 octobre 2025. Trump a atterri en Égypte le 13 octobre pour un sommet sur Gaza, après une visite éclair en Israël à la suite de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu qu'il a négocié. Khaled DESOUKI / AFP

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Jean-Baptiste Noé - publié le 16/10/25
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Un accord de paix à Gaza a été conclu en grande pompe en Égypte, en présence de nombreux chefs d’État. Même si le patriarche latin de Jérusalem estime qu’« il ne faut pas aller trop vite en parlant tout de suite de paix », après deux ans de guerre, les armes se sont tues et la reconstruction semble possible, note le géopoliticien Jean-Baptiste Noé.

Peace 2025. Un espoir et un programme affiché en grand devant la tribune où se sont succédé les chefs d’État présents à Charm el Cheik. La station balnéaire égyptienne a déjà été au centre d’accords pour la Palestine, comme en 1999 lors de la signature du mémorandum de Charm el Cheik entre Ehud Barak et Yasser Arafat. Un grand espoir se levait alors pour le Proche-Orient, celui d’une application des accords d’Oslo et d’une paix enfin trouvée. Vingt-six ans plus tard, l’espoir renaît avec cette nouvelle rencontre et ce nouveau traité, teinté de crainte que la guerre soit une nouvelle fois la plus forte. 

Le plus dur : la paix

Mais force est de constater que, depuis son élection, Donald Trump a imposé sa pax americana au monde arabe. D’abord lors d’un discours historique à Riyad, durant lequel il a rompu avec toute la philosophie politique américaine d’interventionnisme et de nation building. Ensuite, avec cette paix imposée par la force à un Benjamin Netanyahou qui se serait bien vu poursuivre la guerre de longs mois encore. Mais deux ans après l’attaque du 7 octobre 2023, les armes se sont tues. Les otages israéliens ont été libérés, en échange de nombreux prisonniers palestiniens, et la population civile massée au sud de la bande de Gaza commence à remonter vers le nord. 

"Rien n’est perdu avec la paix ; tout est perdu par la guerre." La formule choc de Pie XII en 1939 s’applique parfaitement à la situation levantine. Le plus dur, après les armes posées, est désormais de faire la paix. C'est-à-dire de reconstruire, en mettant de côté les voraces et les corrompus qui voudront détourner l’argent public à leur fin ; une situation connue par le Liban après la guerre civile et qui avait obéré son avenir. Reconstruire les bâtiments, les maisons, les infrastructures, apporter l’eau et l’électricité. Une priorité, notamment pour éviter la prolifération des maladies. Les camions humanitaires sont prêts à entrer dans Gaza pour apporter médicaments et aliments à une population qui n’a plus accès aux produits de base. 

Le rôle des chrétiens

La reconstruction matérielle va prendre de longs mois et, sur certains points, plusieurs années. La reconstruction humaine totale est quant à elle quasiment impossible. Le ressentiment, la haine, la rancœur, installés et développés tant du côté palestinien que du côté israélien, ont créé un mur désormais infranchissable. C’est là le carburant des guerres futures, dans la volonté de vengeance et dans le désir de laver l’humiliation. Reconstruire les cœurs et les âmes est sans conteste le travail le plus long et difficile et presque une mission impossible. C’est le rôle des chrétiens que d’être ce facteur de réconciliateur. Une mission essentielle pour la région évoquée par le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa au sujet de l’accord qui "ouvre la voie à la guérison et à la réconciliation tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens".

À Charm el Cheik, tous les acteurs de la région étaient présents : représentants des pays arabes, mais aussi des pays européens, Turquie et Indonésie. Preuve que ce conflit, pourtant local et qui se déroule sur une étroite bande de terre, concerne de nombreux pays dans le monde et qu’il menace la paix mondiale. Cet accord, et le début de résolution, sont donc une bonne nouvelle partagée de l’Indonésie à l’Europe, preuve que les relations internationales ne sont pas qu’affrontements et sang versé. 

Le Saint-Siège et la prière

Dans cette résolution revient souvent, chez les diplomates et les observateurs, la question du rôle du Saint-Siège et son intervention. Celui-ci agit en sous-main, permet les rencontres et les échanges. Mais il intervient aussi de façon directe, par la promotion de la prière. Aux yeux du monde, cette pratique est dérisoire et inutile : les négociations sont plus efficaces que le chapelet pour conduire à la paix. Le Saint-Siège n’oppose pas les deux et ne veut pas remplacer l’un par l’autre, mais il dit que les deux sont nécessaires : la diplomatie et la prière. Pie V a organisé la Sainte Ligue contre les Ottomans et il a encouragé à prier le chapelet pour obtenir la victoire et la paix. Pour un chrétien, le naturel et le surnaturel sont complémentaires. Raison pour laquelle Léon XIV a appelé le 24 septembre à "réciter le chapelet pour la paix tous les jours du mois prochain", c'est-à-dire en octobre, le mois du rosaire et à prier spécialement le chapelet le 11 octobre pour obtenir la paix en Terre sainte. 

Un regard purement politique estimera qu’il n’y a aucun lien entre ces prières et l’accord conclu en octobre. Une vision plus surnaturelle des événements pourra penser que ces prières ont contribué à la paix. C’est en tout cas le message constant des papes, pour qui la prière est une arme qui doit contribuer à faire taire les armes.   

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