Le geste, destiné à moins de 1% de la population iranienne, est pour le moins étonnant. Le métro de Téhéran a inauguré début octobre une nouvelle station, consacrée… à la Vierge Marie ! De son nom persan Maryam-e Moqaddas (Sainte Vierge Marie), elle représente la modernité technique que veut afficher le pays et entend bien être un motif d’inclusion religieuse pour les minorités chrétiennes de la ville. La station est située à proximité de la cathédrale arménienne Saint-Sarkis, non loin du centre religieux et culturel de la communauté chrétienne arménienne.
Le nom de la station n’a pas été choisi au hasard : bien que les chrétiens soient largement minoritaires en Iran, la Vierge Marie tient une place centrale dans les traditions chrétiennes et islamiques, donnant aux deux communautés un pont d’héritage partagé. Le projet, commencé en 2015, est titanesque : à cause de la densité urbaine du centre-ville, la station est située à 34 mètres de profondeur, sur près de 11.000 mètres carrés. Plus de 100.000 mètres cubes de terre ont été excavés pour mener à bien le projet.
Les chrétiens sous surveillance
L’intérieur de la station est magnifique. Des peintures murales et des bas-reliefs, faisant écho aux codes architecturaux persans, représentent des motifs chrétiens, comme des images de la Vierge Marie, du Christ et la forme de la cathédrale Saint-Sarkis. Les décorations sont un mélange de motifs ecclésiastiques arméniens et islamiques, véritable témoignage de la volonté de dialogue entre les deux traditions.
En Iran, "les communautés historiques chrétiennes sont globalement bien intégrées dans la société iranienne. Nos racines sont profondes", témoignait Mgr Ramzi Garmou, archevêque de Téhéran auprès de l’AED en 2018. Leur présence en terre persane remonte "aux temps apostoliques". Mais cela fait quelques années que le tableau s’assombrit pour les minorités chrétiennes. Depuis la Révolution de Khomeiny, en 1979, le rayonnement des chrétiens sur la société iranienne est moindre. "Toutes les écoles et les hôpitaux ont été fermés." Les groupes religieux sont sous la surveillance constante de l’État. Récemment, des chrétiens ont été arrêtés pour avoir assisté à des rassemblements ecclésiaux dans des domiciles privés. Un rapport de janvier 2025 faisait état de 96 chrétiens arrêtés en 2024, quatre fois plus qu'en 2023 ! Depuis son arrivée au pouvoir, le régime intensifie sa répression contre les convertis. Des espoirs d’apaisement subsistent néanmoins, comme la création de cette station de métro, gage de dialogue entre les religions locales.










