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Est-il prudent de rompre ses habitudes de vie spirituelle ? Le “deal” de Paphnuce

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Sophie Baron - publié le 13/10/25
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Que nous disent les Pères du Désert pour guider notre vie spirituelle, dans les circonstances très concrètes de notre vie ? En voyage ou en vacances, il peut être dangereux de rompre son rythme de prière ou ses bonnes résolutions, au risque d’avoir du mal à s’y remettre en temps normal. Suivez l’exemple de l’abbé Paphnuce, moine du IVe siècle, qui soumettait ses habitudes à la volonté de Dieu.

Les grands moines du désert d’Égypte se voulaient très fidèles à leur ermitage. Ils sortaient peu, mais ils sortaient quand même, ne fût-ce que le dimanche pour la messe et la rencontre communautaire qui l’accompagnait. Ils allaient aussi vendre le produit de leur travail, faire quelques achats, consulter un ancien… Cette sortie était toujours un moment dangereux, car elle interrompait la prière du cœur qu’ils voulaient continue et elle les entraînait à des conversations qui pouvaient devenir oiseuses et relâchées. Alors que faire ? Faut-il maintenir mordicus la pratique du silence et ne pas répondre à tout ce qui ressemble à du relâchement, au risque de se rendre odieux, ou faut-il prendre acte de la nécessité d’une pause dans les austérités pour présenter aux séculiers une autre image, plus heureuse, de la vie au désert ? Deux Pères du désert du IVe siècle et non des moindres : Sérinos et Paphnuce (ce dernier avait souffert pour le Christ dans les dernières persécutions romaines), ont émis des avis un peu différents sur ce sujet. Écoutons-les.

Rompre ou non son observance ?

On disait de l'abbé Sérinos qu'il travaillait beaucoup et mangeait chaque jour deux galettes. L'abbé Job, son compagnon, grand ascète lui aussi, vint le trouver et lui dit : "Dans ma cellule, je garde ma pratique ; mais si je sors, je me conforme aux frères." L’abbé Sérinos lui répondit : "Ce qui est une grande vertu, ce n’est pas de garder ton observance dans ta cellule, mais de la garder quand tu sors de ta cellule" (Sérinos, 879). 

L’abbé Paphnuce avait une autre approche. Il était réputé ne pas boire facilement de vin. Or un jour en chemin, il se trouve en présence d’une bande de brigands qui s’enivrent. Leur chef le connaissait et savait qu’il ne buvait pas. Le voyant très fatigué, il remplit une coupe de vin et, tenant le glaive en main, il lui intima : "Si tu ne bois pas, je te tue." Alors le vieillard, ayant conscience d’accomplir un commandement de Dieu et voulant le gagner, prit la coupe et la but. Aussitôt, le brigand lui demande pardon : "Pardonne-moi, abbé, car je t’ai tourmenté." Et le vieillard lui répondit : "J’ai confiance que, grâce à cette coupe, Dieu te fera miséricorde en ce siècle et dans le siècle à venir." Le chef dit alors : "J’ai confiance en Dieu que, à partir de maintenant, je ne fais plus de mal à personne." Ainsi le vieillard gagna toute la troupe en abandonnant sa volonté à lui pour le Seigneur (Paphnuce, 787).

Garder son orientation vers le ciel

Faut-il donc rompre ses observances quand la situation change ? Cette question nous concerne, même si nous ne sommes pas des ermites du désert. Nous savons tous que, lors de déplacements, ou lors de séjours en famille ou chez des amis, il est difficile de garder exactement les mêmes habitudes de piété qu’en temps normal, où nous sommes encadrés par un horaire dans lequel nous avons réussi à faire une place sérieuse au Seigneur. Nous savons bien que nous risquons de perdre ainsi le fil de notre vie de prière et les petits sacrifices que nous offrons à Jésus. Et il ne sera pas facile de s’y remettre, même quand nous serons revenus à une situation plus normale. 

Alors, rappelons-nous : si on doit céder un peu de terrain, c’est pour le reconquérir bien vite et on peut toujours trouver des substituts provisoires qui gardent à notre vie son orientation vers le ciel. Par exemple, prenons du vin si tout le monde en prend, mais coupons-le d’un peu d’eau et ne nous resservons pas. Et puis, quand tout le monde sera couché, quand le silence de la nuit sera là, remettons-nous bien vite en contact avec le Seigneur.

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