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En situation de crise, la boussole de la conscience

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François-Daniel Migeon - publié le 11/10/25
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Il y a 25 ans, Jean Paul II proclamait saint Thomas More patron des responsables politiques. François-Daniel Migeon, fondateur du Thomas More Leadership Institut, montre comment l’engagement en conscience d’hommes et de femmes vivant dans une vraie cohérence intérieure, peut dénouer les blocages d’une société en crise.

Dans un monde occidental prospère mais profondément fragilisé, nous assistons à une crise de confiance sans précédent envers nos institutions et nos dirigeants. La prolifération des fake news, les scandales, et les mensonges sapent chaque jour un peu plus le lien social. Face à ce constat, une question se pose : comment retrouver le chemin de la vérité et de l’unité, en particulier quand nous sommes en responsabilité ? Quand il y a vingt-cinq ans, le 30 octobre 2000, le pape Jean Paul II proclamait saint Thomas More, patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques, ne donnait-il pas au monde des dirigeants une voie pour rétablir la confiance dans la cité ? En 1929, l'écrivain G.K. Chesterton affirmait : "Thomas More est important aujourd'hui, mais il ne l'est pas autant qu'il le sera dans 100 ans." Un siècle plus tard, sa prophétie résonne avec une force particulière. 

Une cohérence intérieure

La France, comme d'autres nations, est confrontée à une crise existentielle. Jamais notre pays n’a été aussi prospère matériellement et aussi fragile intérieurement. Le relativisme et le vide existentiel ont pris la place des grands récits collectifs qui servaient autrefois de boussole.

L’humaniste Thomas More, homme d’État du XVIe siècle, incarnait la fidélité à la conscience dans un contexte de crise politique et religieuse profonde. Son refus des compromissions, son sens du service du bien commun et son équilibre entre prudence et espérance offrent aujourd’hui des repères précieux. Sa vie rappelle que l’engagement véritable ne se réduit ni à l’opportunisme politique ni à l’individualisme, mais repose sur une cohérence intérieure.

La conscience au-dessus de toute compromission

Thomas More a payé de sa vie son refus de plier face à l’autorité du roi Henri VIII. Sa résistance n’était pas celle d’un rebelle, mais celle d’un homme qui reconnaissait en Dieu la souveraineté ultime sur sa conscience. Son geste a témoigné de la primauté de la vérité sur l’opportunisme. Cela soulève une question cruciale pour notre époque : jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour rester fidèles à nos convictions, même face à la séduction du pouvoir ou de la facilité ? Dans une société où les divisions s'accumulent et où l'unité est menacée, celui qui s’engage en assumant ses convictions et avec cohérence devient un artisan de paix et d’unité, rappelant que l'humanité est une famille et non une juxtaposition d'individus isolés.

Thomas More était avant tout un homme de responsabilités temporelles : juriste, homme politique, époux et père de famille. Il a montré que la sainteté n’est pas réservée à quelques-uns, mais qu'elle se vit au cœur de nos vies professionnelles, familiales et citoyennes. Pour lui, l'engagement au cœur de la société ne se réduisait pas à un simple jeu ou un moyen de subsistance :  c'était jouer son rôle, en conscience pour contribuer au bien de tous. Il disait lui-même "quel que soit votre rôle, jouez-le de votre mieux". Notre monde a soif d’hommes et de femmes qui agissent quotidiennement dans un service du bien commun, sans cloisonnement entre leurs engagements extérieurs et leurs motivations profondes. 

La liberté dans l’espérance

Diplomate et humaniste, Thomas More était un homme de dialogue, pourtant, il ne plaçait pas son espérance dans les seuls succès terrestres. Il sera jugé, pour n’avoir pas signé l’Acte de Suprématie, mais face à la mort il accorda son pardon à ses juges. Ce geste témoigne d'une liberté qui s'ancre dans une espérance qui va au-delà du monde présent. Face aux incertitudes de notre époque, nous devons apprendre à cultiver la sagesse humaine dans l’action en préservant cette voix de la conscience qui n’est autre que ce sanctuaire où résonne de manière intime la voix de Dieu (J. Ratzinger, "Conscience et Vérité", Communio 21, 1-1996). Tel est le chemin de la liberté et de la responsabilité authentiques, qui permet l'audace de vivre en vérité et de servir le bien commun.

Un chemin d'engagement ouvert à tous

Cet engagement n’est pas le fruit d’un simple effort personnel, ou d'une volonté héroïque. C'est avant tout une réponse. C’est la conviction que notre vie n'est pas le fruit du hasard, mais qu'elle porte une vocation. Répondre à cet appel, c'est découvrir et assumer la mission unique que nous avons reçue. Notre époque a besoin de leaders, mais plus encore d’acteurs responsables, à tous les niveaux de la société, des femmes et des hommes qui agissent en conscience : capables de refuser le double langage, de donner du sens à leurs choix, et de chercher l’unité plutôt que la division. S’engager en conscience n’est pas un luxe moral ni une exigence réservée à quelques-uns : c’est une condition de survie collective. Et c’est à ce prix que nous pourrons rétablir la confiance, redonner du sens et retisser l’unité dont la France a besoin.

Pratique :

Colloque du TMLI "S’engager en conscience", Paris, Institut catholique de Paris, 11 octobre, 14h-22h : renseignements et inscription. Cet événement, qui marque les 25 ans de la proclamation de Thomas More comme patron des dirigeants, réunira des responsables politiques, économiques, associatifs et spirituels pour réfléchir à ce que signifie aujourd’hui agir en conscience, au service du bien commun.
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