Que faut-il attendre de la prière ?

Et la prière dans tout ça ? Entre croyants, il n’est pas rare que l’on s’assure de prier les uns pour les autres, voire comme on l’écrit facilement d’être en "union de prière" (UDP pour les intimes !). Simple formule de politesse, vœu pieux ou promesse à tenir ? Par ailleurs, en cas de coup dur ou d’échéance importante, il est courant de se recommander à tel ou tel priant que l’on pense particulièrement efficace : les clarisses et leurs œufs pour le temps, le curé de la paroisse pour un évènement familial... Les chaînes de prières sur les réseaux sociaux s’organisent à la vitesse de l’éclair lorsqu’un malade ou une crise grave apparaît et bouleverse l’ordinaire de nos jours. Les papes eux-mêmes n’échappent pas à la règle qui appelle à prier pour la paix et les baptisés, à jeûner.

Qu’est-ce donc que la prière ? C’est l’art de recevoir. Ne dit-on pas poliment "je vous en prie" à celui ou celle que l’on invite à franchir le pas-de-porte de notre maison ? Prier, c’est se mettre en état de recevoir celui qui vient à la rencontre de nos cœurs. Par des mots, des silences, des lectures ou des pensées, ouvrir nos existences à celui qui les emplit de Vie. 

Si nous lui présentons nos vies et celles de ceux qui nous en confient le souci, ce n’est pas pour l’informer de ce que nous sommes, car cela il le connaît déjà. C’est pour qu’il nous rende capable de recevoir la sienne, que Lui veut nous confier. Et qu’en la recevant, elle transfigure notre être de sa présence et nous revête de cette mission de le porter au monde.

En priant, nous n’entrons pas en négociation avec Dieu, comme si le nombre de participants ou leur importance était décisif dans l’exaucement attendu. Cela, les païens le font fort bien. Car Dieu ne fait mourir personne. Il donne vie à tout homme : Dieu ne reprend jamais ce qu’il a donné. Il ne s’agit pas de s’attirer ses bonnes grâces comme on le faisait jadis pour traverser une mer en sacrifiant à Neptune, ou comme l’on fait encore de nos jours en payant une liseuse de tarot.

Les veillées de prière, pas plus que les chaînes bouleversantes qui s’organisent à l’annonce d’un diagnostic inquiétant, n’empêchent pas de mourir. Elles font entrer ceux qui y participent dans un surcroît de vie, en développant en leurs cœurs ce qu’on appelle l’Espérance, l’une des vertus majeures puisqu’elle nous introduit à la communion avec Dieu.

En priant, nous remettons ce que nous sommes entre ses mains afin qu’il nous modèle et restaure son image en nous. Nous lui devenons, par la prière, plus semblables. "Que ta volonté soit faite" : toute la prière est ici résumée, contenue. Prier c’est demander que ce que je suis soit en communion plus étroite, plus forte, avec Celui qui est la source de mon être.

Dans la centaine de quarts d’heure qui rythment nos journées, n’y en a-t-il pas un ou deux qui puissent nous permettre d’exprimer ce désir et de lui permettre de s’accomplir ?