separateurCreated with Sketch.

Sabrina et Steven J. Gunnell : “Nos films viennent remuer les tripes et les cœurs”

Sabrina et Steven J. Gunnell

Sabrina et Steven J. Gunnell.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Anne-Sophie Retailleau - publié le 30/09/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Le film Sacré-Cœur sort en salles le 1er octobre. Ses réalisateurs, Sabrina et Steven J. Gunnell, ont consacré plusieurs mois à la création d’un long-métrage ambitieux centré sur l’amour de Jésus pour l’humanité. Rencontre.

Déjà connus pour plusieurs documentaires, dont le film Une seule chair, Sabrina et Steven J. Gunnell se sont lancé un défi : celui de produire un docu-fiction, consacré à un sujet qui leur est cher : le Sacré-Cœur de Jésus. Ils racontent à Aleteia ce qui les a poussés à mener ce projet inédit dans l’histoire du cinéma français.

Aleteia : Quelle est la genèse du projet ? 
Sabrina : Comme pour chaque film, c’est la providence qui œuvre. Durant l’été 2023, à Notre-Dame-du-Laus, j’ai découvert le témoignage d’Alicia Beauvisage, il faisait écho à ma propre histoire, avec des similitudes de date, le fait qu’elle sud-américaine et moi franco-brésilienne. Je suis allée à sa rencontre, je lançais une bouteille à la mer. Elle me regarde et me dit qu’elle a prié pour rencontrer des réalisateurs chrétiens. À ce moment-là, nous étions à fond sur un projet que l’on devait lancer. Le soir même, nous nous sommes consacrés au Sacré-Cœur de Jésus lors de la veillée, avec nos enfants. Ça a été incroyable, c’était puissant de voir toutes ces familles qui se consacraient à lui. Steven a écouté le témoignage sur un CD le lendemain, et il m’a demandé si on ne devrait pas faire un film sur le Sacré-Cœur. À ce moment-là, on rentre à Paris et toutes les portes se ferment pour le projet sur lequel nous travaillions. Et pendant ce temps, nous étions envahis de signes du Sacré-Cœur. On s’est demandé si tous ces signes étaient personnels, pour nous et notre famille, notre couple. Et puis, on a posé un oui, on s’est dit "on y va". Steven a eu le réflexe d’appeler le père Kern, qui est le recteur de Paray-le-Monial, afin qu’il nous aide à discerner. On lui parle de notre intuition, et on l’entend sourire au téléphone. Il nous apprend qu’un mois plus tard, devait s’ouvrir le jubilé des 350 ans des apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque. Pour nous, ça a été comme l’imprimatur du ciel ! 

Quand nous avons démarré la production, nous avons découvert que le Sacré-Cœur est dans nos vies depuis le début.

Steven : Je voyais arriver cette accumulation de signes qui nous impressionnaient. Bien que l’on soit habitué à vivre au gré de la Providence, c’est toujours surprenant. Je n’avais pas envie de repartir sur une aventure de quelques mois avec un petit format de 50 min. On venait d’avoir l’expérience d’Une seule chair qui avait eu plusieurs projections au cinéma. Cela nous avait profondément émus d’aller à la rencontre du public et de voir que nos films les intéressaient. On s’est dit que pour le Sacré-Cœur, nous pourrions peut-être passer à l’étape au-dessus. Et en prière, j’ai eu une image, un songe. Nous étions à ce moment au mois d’octobre et pour le cinéma, c’est une période où l’on voit beaucoup d’images de films d’horreur. Mais c’est quand même le mois des saints, et Jésus est le saint des saints. J’ai eu dans un songe cette image du Sacré-Cœur en affiche, dans les gares, les métros, les abribus, etc. Je me suis dit que ce serait génial d’avoir une belle campagne d’affiche pour faire le contrepied à tous ces films sataniques. J’ai eu la certitude que c’était ce que voulait Jésus. A fortiori, si on parle de campagne d’affiches pour un long-métrage, on ne peut pas faire un petit documentaire. Il fallait que nous passions à un autre niveau. 

Comment cela s’est-il déroulé ? 
Steven : Nous avons ensuite travaillé en deux étapes : la partie documentaire, puis des scènes de reconstitution pour illustrer les passages de façon cinématographique, avec des scènes d’apparition et de miracles eucharistiques. On a une vingtaine de séquences tournées en 15 jours avec de nombreux talents extraordinaires. Nous avons eu des difficultés, des doutes, des combats, des craintes de ne pas pouvoir aller jusqu’au bout. Mais finalement, ce qui nous a permis de boucler le budget (on frôle le million d’euros). Sur le plan professionnel, il fallait faire dans les règles de l’art du cinéma, et donc créer notre boîte de production. C’est très compliqué, mais nous avons été très bien accompagnés. Et, chance ultime, au cœur de la production, Canal + nous a acheté le projet. Cela nous a permis de boucler le budget et de passer à la troisième phase de la production : le tournage de fiction et le montage final avec toute la partie musicale. L’habillage musical du film a été un travail remarquable, qui donne encore au-dessus de nos espérances. 

Que signifie pour vous cette dévotion au Sacré-Cœur ? 
Steven : C’est un vrai mystère qui nous dépasse, parce qu’il nous devance. Quand nous avons démarré la production, nous avons découvert que le Sacré-Cœur est dans nos vies depuis le début. Il ne nous a jamais lâchés. Quand nous nous sommes rencontrés en 2007, j’étais depuis 7 ans, Sabrina venait de se convertir et ne connaissait que Paray-le-Monial. Nous y sommes allés, c’était notre premier voyage de fiancés. C’est un lieu où nous sommes allés régulièrement.. 

Ce serait bien que la France entière voie le film et soit transpercée par cet amour de Jésus, au point que les gens choisissent de consacrer leurs familles et leurs entreprises au Sacré-Cœur.

Sabrina : Tout se rejoint. Je suis née dans une famille qui n’a pas la foi, j’ai demandé le baptême à l’âge de 10 ans, j’ai été foudroyée ce jour-là. Mais j’ai eu une longue traversée de solitude. Je vis ma vie d’ado, je deviens jeune comédienne et je suis avec un garçon qui me propose un jour d’aller dans un lieu d’apparition de Jésus. Je vais à cette session à Paray-le-Monial, je découvre que je ne suis pas la seule à avoir la foi, je participe à tout, je fais tous les services possibles. Je reviens en espérant secrètement que ce petit copain se convertisse, mais ça n’a pas été le cas. Alors je demande au Seigneur de faire le ménage dans ma vie et je prie pour un époux chrétien. J’ai ensuite rencontré Steven et je lui ai parlé de Paray. Il se trouve que le boss de l’ancien petit copain est Hubert de Torcy qui distribue notre film. 

Le Sacré-Cœur me parle, parce que les phrases de Marguerite-Marie comme "rends mon cœur semblable au tiens", "rendre amour pour amour", c’est du concret et c’est accessible à tous. Dans notre monde, où il n’y a pas un jour sans drame, un monde d’ultraconnectés, la réponse est là : c’est Jésus et son cœur brûlant d’amour pour nous. Il est pour nous tous, il y a un côté très universel. Ce serait bien que la France entière voie le film et soit transpercée par cet amour de Jésus, au point que les gens choisissent de consacrer leurs familles et leurs entreprises au Sacré-Cœur. Jésus nous a aimés le premier. Il nous demande juste si on l’accepte. Le Sacré-Cœur est au cœur de notre foi, c’est se plonger dans le cœur de celui qui nous a aimés le premier.

Pourquoi le Sacré-Cœur est-il si important pour notre temps ?
Sabrina : Le monde meurt de ne pas se savoir aimé. Il n’y a qu’à allumer les chaînes d’info pour le voir, les gens pensent qu’ils peuvent se sauver par eux-mêmes, espèrent tout des hommes politiques, un élu providentiel qui sauverait le pays, etc. Mais sans le Christ, on ne peut rien. 

Steven : Je vois bien que, depuis 50 ans, la France est comme un corps sans tête qui se tape contre les murs. J’ai le sentiment de voir un monde qui ne va pas de mieux en mieux. Les gens se sont réjouis récemment qu’un million de jeunes soient allés rencontrer Léon XIV. Pardon de le dire, mais il y a 25 ans, ils étaient deux millions avec Jean-Paul II, même si l’on se réjouit d’une recrudescence des catéchumènes. 

C’est usant physiquement, donc si on ne le faisait pas pour le Seigneur, on aurait abandonné 25.000 mille fois. 

Sabrina : Avec notre film, on a essayé d’apporter une réponse possible. Savoir que l’on est aimé, c’est très consolant, le monde a besoin de cette consolation et de cet amour. Nous sommes les premiers touchés, nous voulions que cela transparaisse et que les gens qui verront le film soient touchés. On ne fait pas du feel good pour divertir, nos films viennent remuer les tripes et les cœurs, faire réfléchir les gens, mais toujours avec la douceur de Jésus. Les gens ne ressortent pas indemnes, ils en feront ce qu’ils voudront ensuite, c’est dans leur cœur. Chaque film est un miracle, à chaque fois on repart de zéro, on se demande si doit continuer. À la fin de chaque film, on est totalement à plat. C’est usant physiquement, donc si on ne le faisait pas pour le Seigneur, on aurait abandonné 25.000 mille fois. 

Diriez-vous que votre travail, la réalisation de films, est une forme de sacerdoce ? 
Sabrina : Plus une vocation. Ce n'est pas un travail, ça nous prend l’âme, le cœur. On a l’impression que le Seigneur utilise nos talents, Il nous a placés derrière la caméra. Si l’on m’avait dit, il y a 20 ans, qu’un jour je réaliserais un film, je ne l’aurais pas cru. 

Steven : La seule question qu’on se pose à chaque fois, c’est : va-t-on y laisser notre peau, jusqu’où peut-on aller dans la mission ? Dès que je vois le combat arriver, ma première réaction c’est de trembler et de me cacher. Mais avec et par la grâce, on avance, on traverse, et à la fin il y a un miracle. À chaque fois, il nous faut plusieurs semaines pour nous en remettre, on y met nos tripes. J’ai toujours rêvé de faire du cinéma comme comédien, je n’aurais jamais imaginé non plus que nous ferions cela. On ne l’a pas cherché, ça nous a été donné. En 2000 ans il n’y a pas un endroit sur terre où le Christ n’a pas été annoncé. On pourrait se dire : mais à quoi bon ? On n’a jamais fini d’évangéliser, c’est un cycle d’éternité, jusqu’à la Parousie. D’ici là, je ne peux pas faire autre chose que de l’annoncer. Chacun peut le faire à sa mesure. Moi je fais des films.

Notre film a été fait avec beaucoup d’amour et maintenant il est donné au monde, c’est aux gens de s’en emparer.

Sabrina : On se complète bien : moi à la direction d’acteurs et Steven à la technique et au montage. Jusque-là nous n’étions que tous les deux, c’est la première fois que l’on travaille avec des gens extérieurs. 

Pourquoi choisir de se consacrer au Sacré-Cœur ?
Steven : On peut se demander en quoi c’est légitime. Après tout, l'Église nous offre déjà le Christ par ses Sacrements. Alors pourquoi rajouter une consécration ? Quand je vais à la messe et que je communie, je suis ensuite un petit tabernacle vivant, le prolongement du Christ dans le monde. Quand je me consacre au Sacré-Cœur, je deviens un cœur brûlant dans le monde, pour rendre amour pour amour. Dans les sacrements, je viens me nourrir, et dans la consécration au Sacré-Cœur, on vient rendre ce que le Seigneur nous a donné. Ça n’enlève rien à notre vie de Sacrements, et ça ne demande pas un effort considérable. C’est simplement poser un acte et le vivre dans le quotidien. 

Qu’est-ce que vous espérez pour ce film ? 
Sabrina : Je n'ai pas d’attente, nous avons d’ailleurs rarement des retours pour nos films. Je pense que c’est aussi une façon qu’a le Seigneur de nous préserver, notamment de l’orgueil. J’espère qu’un maximum de personnes puisse le voir, mais cela ne nous appartient pas. Le bébé est né, il appartient maintenant au public. Notre film a été fait avec beaucoup d’amour et maintenant il est donné au monde, c’est aux gens de s’en emparer. Rares sont les films chrétiens au ciné, donc on espère que le monde chrétien ira pour le soutenir et montrer que le monde a envie de films comme celui-là. On est très heureux d’aller à la rencontre du public, c’est ce qui me plaît le plus, et on y rencontre aussi parfois nos futurs témoins. On prépare déjà la suite. 

Steven : Je serais déçu si ça ne marchait pas mais je sais par expérience qu’un film traverse le temps, et ce film nous survivra. Il fera ses millions de vues, à défaut de ne pas faire des millions d’entrées, et il touchera les cœurs. Le Seigneur utilisera cet objet pour aller chercher ceux qu’il aime. On fait des films pour la joie. 

Pratique

Sacré-Cœur, 1h35
Un film de Sabrina et Steven J. Gunnell
En salles le 1er octobre.

En partenariat avec SAJE Distribution

Logo_SAJE_Distribution.jpeg.jpg
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)