L'image est connue du monde entier : des pèlerins, flambeaux à la main, avancent au chant des Ave Maria vers la basilique Notre-Dame de Lourdes. Ensemble, ils forment comme un grand chapelet de lumière qui porte aux pieds de la Sainte Vierge, alors que la nuit recouvre la terre, toutes les intentions de ce monde. Cette procession mariale, qui a lieu tous les jours d'avril à novembre à 21 heures, fait partie intégrante du sanctuaire de Lourdes et pourrait bien être classée au patrimoine culturel immatériel de la France.
Il y a déjà deux ans, le sanctuaire avait entamé les démarches auprès du ministère de la Culture afin d'obtenir ce statut. Lancé en mars 2008, l'Inventaire national du Patrimoine culturel immatériel vise à répertorier des "pratiques vivantes", parmi elles les fêtes communales ou communautaires, les traditions et expressions orales (chants, prières, langues régionales...), savoir-faire traditionnels et ancestraux... La liste est régulièrement mise à jour, et la procession aux flambeaux du sanctuaire pourrait bien s'y trouver. Le sanctuaire a transmis officiellement le dossier le 26 septembre.
"Cette démarche n'a pas pour but de protéger la procession qui n'est pas en danger de disparition, mais de contribuer à la faire connaître davantage, et plus encore le message du sanctuaire et de la Sainte Vierge", expliquent à Aleteia Robin Dupont conservateur du patrimoine, et Nicolas Dargegen, responsable des archives du sanctuaire. "L'inscrire au patrimoine immatériel de la France, c'est surtout reconnaître la pérennité d'une tradition vivante pratiquée dans le sanctuaire depuis plus de 160 ans".
Une procession qui remonte à 1863
La procession aux flambeaux de Lourdes remonte à 1863 environ : peu après les apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous, des fidèles ont spontanément organisé des veillées nocturnes avec des cierges, reprenant le geste de Bernadette venue à la grotte une bougie à la main. Ce contexte spirituel et populaire marque la genèse de la procession, qui structure rapidement les grands rassemblements au sanctuaire . Aujourd’hui, la procession rassemble tous les soirs d’avril à octobre plusieurs milliers de pèlerins du monde entier. Le chiffre varie selon les saisons, mais lors des grands pèlerinages comme celui de l’Assomption, elle peut réunir jusqu’à 10.000 personnes ou plus.
Après la messe du soir, les fidèles se rassemblent dans l’esplanade du sanctuaire, chacun tenant leur flambeau. La procession démarre depuis l’esplanade pour rejoindre la Grotte, au son de l’Ave Maria chanté en diverses langues. Dans une atmosphère recueillie et lumineuse, les pèlerins avancent en méditant les mystères du Rosaire.
Une étape avant l'Unesco
Ce processus, long et exigeant, se déroule en plusieurs étapes. Il requiert tout d'abord d'identifier la tradition et de mobiliser sa communauté porteuse. Un dossier complet, incluant description détaillée et consentements, doit ensuite être constitué et transmis au ministère de la Culture. Ce dernier soumet la candidature à l’expertise d’un comité spécialisé. Si l’avis est favorable, la pratique est inscrite officiellement à l’inventaire. C'est justement à cette dernière étape que se situe le sanctuaire : "Nous avons transmis notre dossier avec un ensemble de témoignages aussi bien du monde laïc qu'ecclésiastique, qui expliquent l'importance de cette procession pour Lourdes. Bien évidemment d'un point de vue spirituel, mais pas uniquement : la procession est aussi un marqueur essentiel pour l'économie locale", précise Nicolas Dargegen, qui rappelle la "portée universelle du message de Lourdes". Cet enregistrement pourrait ensuite ouvrir la voie à une éventuelle candidature... à l’Unesco. Mais ça, c'est une autre histoire, sourit Robin Dupont. "Chaque chose en son temps".
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