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Le mardi, tout est permis pour les papes !

Le pape Léon XIV est arrivé à la résidence estivale des papes, Castel Gandolfo, dimanche 6 juillet 2025 en fin d'après-midi.

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Cyprien Viet - publié le 29/09/25
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Léon XIV a pris l’habitude depuis le début du mois de septembre de se déplacer à Castel Gandolfo pour 24h, du lundi soir au mardi soir. Il met ainsi en lumière la tradition du mardi comme journée libre pour les papes.

"Celui qui ne se repose pas fatigue les autres", relevait l’été dernier le prêtre français Pierre Amar, en confiant à I.Media sa perception très positive du séjour de Léon XIV à Castel Gandolfo. Se reposer, c’est en effet aussi permettre à ses collaborateurs de souffler… et certains employés sous pression pourraient donc percevoir dans l’attitude du Pape une belle leçon de management à suggérer à leurs chefs hyperconnectés.

Léon XIV est le premier pape à savoir utiliser personnellement Facebook et Whatsapp, mais il est aussi attaché à un certain droit au repos. Le frère du Pape, John Prevost, avait expliqué le 15 août dernier à NBC que ces séjours à Castel Gandolfo permettaient au Pape de s’éloigner de "la foule" et du "train-train quotidien". "C’est vraiment une occasion de se détendre, et il n’a pas à porter son habit papal tout le temps", remarquait-il. 

Si cette habitude rejoint bien une notion très moderne de “privacy”, elle n’est pas totalement nouvelle pour les papes, attachés au respect d’une forme de repos hebdomadaire, en suivant en cela le rythme de Dieu qui, selon le récit de la Genèse, s’est reposé le septième jour. Pour les papes, le dimanche étant par définition une journée travaillée, le jour “off” était généralement le mardi. Il s’agit d’un usage et non d’une règle fixe : naturellement, les fêtes religieuses, les visites de personnalités internationales ou d’autres circonstances peuvent bousculer l’agenda du Pape.

Si Benoît XVI aimait se ménager des temps de lecture et de réflexion théologique, le pape François, lui, ne faisait pas réellement de pauses. Tout en demeurant dans sa résidence Sainte-Marthe, et même si son agenda officiel était moins fourni le mardi, il gardait un rythme intense de rencontres et de réunions, voulant toujours ‘garder la main’ sur les activités du Vatican.

Jean Paul II, un apôtre du temps libre

Jean Paul II, un homme sportif et attaché à la nature, accordait pour sa part beaucoup d’importance à ces rares plages de temps libre dans un agenda surchargé. Son second secrétaire de 1997 à 2005, Mgr Mieczyslaw Mokrzycki - l’actuel archevêque latin de Lviv, en Ukraine -, a même intitulé Le mardi était son jour préféré son livre dédié à la vie privée du saint pape polonais, paru en français aux éditions des Béatitudes en 2010, en collaboration avec la journaliste Brygida Grysiak. 

“Don Mietek”, qui a accompagné Jean Paul II de 1997 à 2005, une période marquée par la vieillesse et la maladie, y raconte que le mardi était une précieuse journée de détente, rythmée par des lectures et des rencontres amicales. C’était aussi le moment privilégié pour retrouver ses amis venus de Pologne.

Quand il était encore valide, le sanctuaire de la Mentorella, tenu par les pères résurrectionnistes, fut un refuge régulier de Jean-Paul II pour de discrets temps de ressourcement. Si son agenda officiel mentionne une dizaine de visites en ce lieu dans lequel il séjournait déjà régulièrement en tant que cardinal, un religieux confie qu’il s’y est en réalité rendu plus d’une trentaine de fois en tant que Pape, parfois sans même que son propre secrétaire n’en soit informé à l’avance. 

De la détente physique à la détente politique

Au début de son pontificat, ces moments de temps libre donnaient aussi l’occasion à Jean Paul II de faire du sport. Son mardi 17 juillet 1984 fut ainsi consacré à plusieurs promenades en ski, sur le territoire du village de Pinzolo, dans la région italienne du Trentin-Haut-Adige, près de l’Autriche. Le Pape passa alors la nuit dans un refuge. La veille, les Italiens avaient appris avec amusement et étonnement que le ‘jeune’ pape d’alors 64 ans avait invité pour son excursion le président de la République Sandro Pertini en personne, alors âgé de près de 88 ans. Ce socialiste agnostique partageait avec le chef de l’Église catholique son amour de la montagne.

De même, pour Léon XIV, ce temps hors du Vatican n’est pas forcément dépourvu d’audiences et de rencontres importantes : le 16 septembre dernier, il a ainsi reçu à Castel Gandolfo le catholicos Karékine II, chef de l’Église apostolique arménienne. 

Cette rencontre était importante sur le plan œcuménique, mais aussi contenait une certaine résonance politique, compte tenu des critiques apportées au pape François pour sa discrétion lors des guerres successives menées par l'Azerbaïdjan entre 2020 et 2023 afin de reprendre possession du plateau du Haut-Karabakh et d’en expulser la population arménienne. Dans ce contexte délicat, le fait que la visite de Karékine II ait pu se tenir à Castel Gandolfo et non au Vatican a certainement permis aux deux chefs d’Église de se retrouver dans une atmosphère détendue et fraternelle, hors de toute pression institutionnelle ou diplomatique.

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