Pouy n’existe plus. Le village landais, non loin de Dax, a pris le nom, en 1828, de son plus illustre administré : saint Vincent de Paul (1580-1661), fêté dans le liturgie le 27 septembre. Et pourtant, le prêtre, inlassable serviteur des pauvres et du sacerdoce, conseiller de la reine Anne d’Autriche, a vécu plus d’un demi-siècle à Paris, capitale du Royaume… et, grâce à lui, de la charité. "Les pauvres sont nos maîtres", disait-il aux Filles de la Charité, fondées avec Louise de Marillac, les invitant à faire de la rue leur cloître. Lui-même n’a cessé de parcourir les artères de Paris.
Dans un livre malheureusement ancien et difficilement trouvable, le père Chalumeau, lui-même membre de la Congrégation de la Mission, compagnie de prêtres fondée par saint Vincent, propose des promenades sur les pas du grand témoin de l’amour de Dieu. Le Guide de saint Vincent de Paul à travers Paris, publié en 1977, fait démarrer le premier itinéraire là où l’on voit, encore aujourd’hui, le corps de l’aumônier des Galères. Au 95, rue de Sèvres (VIème arr.), dans la chapelle de la maison générale de la Congrégation de la Mission, chacun peut effectivement se recueillir devant une châsse transparente installée à cet emplacement en 1830.

Prier devant son corps rue de Sèvres
Auparavant, le corps du canonisé se trouvait depuis 1815, comme celui de Louise de Marillac, dans la chapelle de la maison-mère des Filles de la Charité, 140, rue du Bac (VIIème arr.), aujourd’hui connue comme celle de la Médaille miraculeuse puisque sainte Catherine Labouré, elle-même Fille de la Charité, eut ici ses apparitions de Notre-Dame, en 1830. En forme de compensation, le cœur de saint Vincent est toujours en ce lieu, au-dessus de l’autel le plus à droite.

À quelques encablures, se dressent les tours asymétriques de la plus grande église de Paris : Saint-Sulpice (VIème arr.). L’ami des pauvres ne la connut pas sous cette forme presque définitive, mais il la fréquenta, ami qu’il était avec le fondateur de l’autre compagnie de prêtres née au XVIIème siècle en France : la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. Il habita un temps non loin, rue de Seine, dans une maison qui n’existe plus, à l’époque où il fut l’aumônier de la reine Marguerite de Valois, première épouse d’Henri IV qui résidait dans la même rue.

L’Enclos Saint-Lazare, coeur battant de la spiritualité vincentienne
Un peu plus à l’est, dans un quartier que fréquentera au XIXème siècle sœur Rosalie Rendu – encore une disciple de Louise de Marillac ! – se réunissent les quatre premières Filles de la Charité, en 1633, sur le territoire paroissial de Saint-Nicolas-du-Chardonnet (Vème arr., occupée par la Fraternité Saint Pie X depuis 1977) où se trouvait aussi la Maison des Galériens (entre le pont de la Tournelle et la rue des Fossés-Saint-Bernard) dont Vincent de Paul fut l’aumônier. Il fut paroissien, tout comme Louise de Marillac, au tournant des années 1620 et 1630, logeant au Collège des Bons-Enfants (à l’emplacement du bureau de Poste de la rue du Cardinal Lemoine, Vème arr.). L’institution, ancienne, devient en 1625 le lieu de la première maison-mère de la Congrégation de la Mission puis d’un séminaire. Seront ici martyrisés, le 3 septembre 1792, les bienheureux pères François et Gruyer.

Dès 1632, la compagnie sacerdotale s’installe cependant dans l’enclos Saint-Lazare, au nord de Paris, qui donne à ses membres le nom de « lazaristes ». Là demeure pendant plus d’un siècle le cœur vibrant de la spiritualité vincentienne, dans un vaste espace autour de l’actuel square Alban Satragne (Xème arr.) où exista aussi une prison pour femmes et un hôpital dont la chapelle demeure et a été récemment rénovée, un hospice pour vieillards fondé par saint Vincent et un autre pour les enfants trouvés dont la charge revient aux Filles de la Charité. Celles-ci participent à la vie liturgique de la paroisse Saint-Laurent, où sera d’abord enterrée Louise de Marillac.

Le confesseur de la reine y vient aussi entre 1632 et 1660. À la même période, il fréquente assidûment le Palais du Louvre et le Palais-Royal (Ier arr.) pour visiter le roi et le cardinal de Richelieu puis la régente qui le nomme au Conseil de conscience après la mort des deux hommes, en 1643. Proche du pouvoir, hanté par le soin des pauvres, soucieux de la formation des prêtres et la mission, saint Vincent de Paul a aussi fréquenté bien d’autres endroits de la capitale, encore visibles ou non, laissant derrière lui la bonne odeur du Christ.









