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Le jour où saint Vincent de Paul a été accusé de vol

ŚWIĘTY WINCENTY A PAULO

Saint Vincent de Paul.

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Anne Bernet - publié le 26/09/25
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Fêté par l'Église catholique le 27 septembre, saint Vincent de Paul était un homme engagé dont l'œuvre de charité continue d’inspirer aujourd’hui. De son vivant le saint prêtre a néanmoins vécu de nombreuses épreuves dont une accusation de vol.

La vie des saints contient des épisodes qui, dans la nôtre, passeraient, à raison d’ailleurs, pour d’épouvantables catastrophes mais sont pour eux occasions de tremplin vers le Ciel. Ainsi en est-il de la très fâcheuse mésaventure qui survient au jeune abbé Vincent de Paul en 1600, lors de son premier séjour à Paris. Certes, quelques historiens qui veulent tout réduire à rien ont laissé entendre que l’épisode, suite de la captivité en Barbarie et l’évasion rocambolesque qui la conclut, serait inventé mais c’est tenir pour peu la vertu de Monsieur Vincent de Paul, et insulter la prudence de l’Église en s’imaginant qu’elle n’a pas vérifié en temps utile et soigneusement les dires du serviteur de Dieu. D’ailleurs, pourquoi un homme sur le déclin de ses jours et parvenu au sommet, puissant jusque dans l’entourage royal, aurait-il inventé, sous vague couvert d’édification un fait honteux et insultant ? Il faut donc admettre et la véracité de l’affaire et sa conclusion providentielle.

Approcher le roi

Libéré d’esclavage en Tunisie grâce à l’épouse musulmane de son maître, renégat provençal que sa femme convainc de rentrer en France et revenir au Christ en emmenant le prêtre captif avec lui, Vincent de Paul jouit après cela d’une petite notoriété qui va le conduire à Rome. Son séjour y coïncide avec celui d’une délégation française venue étudier la mise en place d’un rapprochement définitif entre Henri IV et la papauté, ainsi que l’application des mesures du concile de Trente, encore lettre morte en France. 

La discrétion s’imposant, il n’est pas étonnant de voir ce jeune prêtre inconnu mais originaire de ce Sud-Ouest cher au Béarnais attirer l’attention des diplomates français et romains qui se décident à lui confier la mission d’approcher le roi sans se faire remarquer. L’occasion est belle, il faut l’admettre, pour un carriériste, de se placer. Mais Vincent de Paul, ne s’en soucie pas et gagne Paris, chargé d’instructions secrètes sans envisager quelque grasse prébende curiale.

Aucun moyen de prouver son innocence

Sans fortune ni relations, ne pouvant se targuer de sa mission pour en tirer avantage, l’abbé Vincent de Paul est bien heureux de rencontrer un "pays" comme lui originaire des Landes, jeune magistrat qui occupe un modeste appartement à Saint-Germain-des-Prés et offre à ce compatriote perdu dans la capitale de lui louer à prix raisonnable une chambre chez lui. Un second locataire vient peu après s’ajouter au tableau, garçon éloquent et aimable qui embobine son hôte. Or un jour, en rentrant du travail, le magistrat s’aperçoit, fou de rage, qu’une somme de 400 écus, c’est beaucoup, qu’il gardait dans son coffre derrière son lit, s’est envolée. Il croit se souvenir avoir ouvert ce coffre devant Vincent de Paul, n’éprouvant nulle méfiance devant un prêtre. Sans chercher plus loin, furibond, il l’accuse de vol et lui ordonne de restituer l’argent sous peine d’être livré à la justice.

Vincent de Paul est atterré mais se rend compte qu’il n’a aucun moyen de prouver son innocence. Devant l’impossibilité de se justifier, il se tourne vers le crucifix accroché au mur et s’écrie : "Mon Dieu, Vous savez la vérité ! Que ferai-je ?" puis s’enferme dans un silence inspiré de celui du Christ devant ses juges, refusant de tenter la moindre justification. Il ne change pas d’attitude, même quand son ancien ami lui met la justice aux trousses, le menaçant d’arrestation, voire de prison. 

Le coupable avoue tout

La résignation digne de Vincent de Paul fait-elle effet sur l’irascible, ou celui-ci s’étonne-t-il un peu tard de la promptitude avec laquelle l’autre locataire, ce brave garçon, déménage soudain ? Quoi qu’il en soit, les poursuites s’arrêtent là, au bénéfice du doute. Reste un soupçon odieux qui jette une ombre irrévocable sur la réputation du jeune prêtre, sans que cela semble trop l’affecter car il y voit un signe de la Providence d’avoir à s’éloigner de Paris et des tentations mondaines. Quant à son honneur, maître mot de l’époque pourtant, il l’abandonne à Dieu. Et fait bien.

Six ans plus tard, le magistrat ayant obtenu une charge à Bordeaux, reconnaît parmi les prévenus déférés devant lui, son ancien et sympathique locataire parisien, en prison pour divers forfaits. Quelques soupçons déplaisants l’effleurent qui deviennent certitude lorsque le fripon, tombé malade dans sa geôle et se sentant mourir, se refusant à partir avec sur l’âme le poids du vol dont il a fait accuser l’ecclésiastique, avoue tout, demande pardon et meurt.

Bienheureuse Providence

Le juge, embarrassé, ne sera pas moins généreux. Il entreprend de retrouver l’abbé Vincent de Paul et lui présenter ses plus plates excuses. Monsieur Vincent de Paul raconte ainsi la conclusion de l’histoire : "Reconnaissant le tort qu’il avait eu de s’en prendre avec tant de chaleur et de calomnie contre son ami innocent, il lui écrivit une lettre pour lui demander pardon, lui disant qu’il en avait eu un si grand déplaisir qu’il était prêt, pour expier sa faute, à venir du lieu où il était pour en recevoir à genoux l’absolution." Inutile de dire que Monsieur Vincent ne lui a pas réclamé pareille pénitence et s’est borné à louer la Providence qui fait tout concourir au bien de ceux qui aiment Dieu.

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