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Diplomate, otage, cardinal : Angelo Acerbi, 100 ans au service de l’Église

Kard. Angelo Acerbi
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Cyprien Viet - publié le 22/09/25
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Neuf mois après avoir été créé cardinal lors du dernier consistoire du pape François, l’Italien Angelo Acerbi fête son centenaire ce 23 septembre. Cet ancien diplomate du Saint-Siège, qui avait commencé sa carrière sous Pie XII et fut otage en Colombie, deviendra le cinquième cardinal de l’histoire de l’Église à franchir le cap des 100 ans.

Fidèle serviteur de huit papes, le cardinal Angelo Acerbi célèbre ce mardi 23 septembre son centième anniversaire. Il devient ainsi le cinquième cardinal de l’histoire de l’Église à franchir le cap des 100 ans, témoignant d’un parcours exceptionnel au service de l’Église à travers le monde.

Son nom, inconnu du grand public, avait créé la surprise lors du dernier consistoire du pape François, en décembre 2024 qui le vit devenir, à 99 ans, le cardinal le plus âgé de l’histoire lors d’une création cardinalice, couronnant un parcours très dense. Né le 23 septembre 1925 à Sesta Godano, village situé au nord-ouest de l’Italie, Angelo Acerbi est ordonné prêtre à 22 ans, en mars 1948, avant d’entrer au service de la diplomatie pontificale en 1956, sous le pontificat de Pie XII. Il est probablement l’un des derniers témoins directs du travail au Vatican en ce temps ‘que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître’. 

En tant que prêtre, traversant les années du Concile Vatican II et les transformations profondes de la vie de l’Église sous les pontificats de Pie XII, Jean XXIII et Paul VI, il travaille dans les représentations pontificales en Colombie, au Brésil, en France, au Japon et au Portugal, et au sein de la secrétairerie d’État à Rome. 

En juin 1974, Paul VI l’ordonne évêque et le nomme pro-nonce apostolique en Nouvelle-Zélande et délégué apostolique pour l’Océan pacifique, dans un contexte complexe de décolonisation pour certains de ces petits territoires dispersés sur une surface maritime immense. Il est alors le premier représentant du Vatican envoyé de manière stable et officielle dans cette partie du monde visitée par Paul VI quatre ans auparavant.

Un otage précieux pour la guérilla colombienne

En 1979, Jean Paul II nomme Mgr Angelo Acerbi nonce apostolique en Colombie. Plus de 20 ans après un premier temps de service dans ce pays comme conseiller à la nonciature, il retrouve un terrain connu mais se voit directement confronté à la guerre civile. En février 1980, avec 26 autres personnalités parmi lesquelles de nombreux diplomates, il se retrouve pris en otage après l’assaut mené par des guérilleros du ‘Mouvement du 19 avril’ sur l’ambassade de la République dominicaine où se tenait une réception. 

Retenu durant plusieurs semaines, Mgr Acerbi sera tout de même respecté dans son statut de prêtre et obtient l’autorisation de célébrer la messe chaque jour pour les personnes présentes, ce qui donnera lieu à une déclaration étonnante de la part d’une membre de la guérilla. Annonçant la libération d’une partie des otages pour la Semaine sainte "en l’honneur de l’Église catholique, l’Église des opprimés", cette femme annonce toutefois que l’ambassadeur du Vatican demeurera captif car "il est une personne très importante d’un point de vue tactique". Mais elle propose surtout un autre argument, absolument imparable : "Par ailleurs, si nous le libérons, qui va célébrer la messe chaque matin ?". Mgr Acerbi sera tout de même libéré peu après par ce mouvement armé d'extrême-gauche dont est issu l’actuel président colombien, Gustavo Petro. 

Demeuré en poste en Colombie durant plus d’une décennie, le nonce apostolique se voit ensuite muté dans les années 1990 dans des pays européens plus calmes : la Hongrie et la Moldavie, où il devient le premier nonce après la chute des régimes communistes, puis les Pays-Bas, l’un des pays les plus sécularisés du monde. Il deviendra ensuite prélat de l’Ordre de Malte de 2001 à 2015, ne prenant sa retraite qu’à 90 ans.

Kard. Angelo Acerbi otrzymuje biret kardynalski
Kard. Anglo Acerbi otrzymuje biret kardynalski

Lors du consistoire de 2024, il a confié aux médias du Vatican vivre cette création cardinalice comme "un signe d’appréciation et de reconnaissance pour le service que tant de vieux et nouveaux nonces [...] sont en train d’accomplir dans le monde". Surpris par sa nomination à un âge si avancé, il avoue alors découvrir son nouveau statut "avec beaucoup de gratitude et de reconnaissance, mais aussi avec un peu de peur parce que c’est toujours une grande nouveauté pour tous, mais surtout pour les vieux". Premier sur la liste des nouveaux cardinaux, c’est lui qui a prononcé, debout, le discours de remerciement au Pape au début de la cérémonie. 

Il a exprimé son émotion après la mort du pape François, en avril dernier, confiant à une télévision locale de Ligurie, sa région natale, son "affection" et son "admiration" pour ce pontife argentin beaucoup plus jeune que lui, et auquel il avait eu le temps de rendre une dernière visite dans sa résidence Sainte-Marthe.

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