[REPORTAGE] À Rome, le monde entier réuni pour célébrer Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis

Le soleil est à peine levé que des milliers de fidèles convergent déjà vers la basilique Saint-Pierre. Cent ans après la mort de Pier Giorgio Frassati et moins de vingt ans après celle de Carlo Acutis, les deux Italiens vont devenir saints. Et certains n’auraient manqué cela pour rien au monde. 

"Nous sommes de grands fans de Carlo Acutis et nous avons donc décidé de refaire le voyage pour sa canonisation après être déjà venus à Rome en avril !”, confient ainsi Edgard et Margarita, des Américains d'origine colombienne, venus de Los Angeles avec leurs fils Daniel et Sebastian. Initialement prévue le 27 avril dernier, la canonisation du “geek de Dieu” avait été ajournée en raison de la mort du pape François six jours plus tôt. Ce sont leurs fils qui ont fait découvrir à Edgard et Margarita le jeune Milanais, au moment de sa béatification en 2020. "Nous comptons sur lui, sur son intercession, pour que nos enfants grandissent dans la foi, en bonne compagnie !", glissent les parents tout sourire.

La foule se densifie peu à peu et la température monte à mesure que le soleil s’élève dans le ciel bleu de Rome. Une chaleur que connaissent bien Vicente et Maria. Eux ont fait le voyage depuis Madrid, dans le but de remercier Carlo Acutis pour un "miracle". En larmes, Maria nous raconte : "Grâce à Carlo Acutis, j’ai vécu une guérison de l'âme. Nous sommes mariés depuis 36 ans avec Vicente et nous avons toujours voulu former un foyer chrétien, après avoir reçu la bénédiction de Jean Paul II lors d'une messe privée. Nous avons eu quatre enfants mais l'un d'eux, qui a aujourd’hui 34 ans, a complètement coupé les ponts avec nous et avec la foi, pendant 15 ans. C'était une grande souffrance. Mais un jour, durant un voyage en Argentine, j'ai remarqué une photo de Carlo Acutis dans la cathédrale de Buenos Aires. Je le connaissais peu mais j'ai demandé à Carlo de nous aider à retrouver notre fils et de lui redonner la foi. Et moins d’un mois plus tard, nous avons été exaucés : notre fils a repris contact avec nous et il est revenu à la foi."

Non loin de ce couple espagnol se trouve Hubert, 25 ans, étudiant en marketing digital. Il est venu de Paris pour honorer la figure de Carlo Acutis. "J'ai été heureux de le découvrir il y a quelques années, de connaître sa foi profonde, son attachement à l'eucharistie, à l'adoration”, confie-t-il. Cette double canonisation lui donne aussi l’occasion de découvrir Pier Giorgio Frassati, “qui est plus proche de moi en âge”. Le jeune francilien salue dans le nouveau saint milanais “son sens de l'amitié, son goût du sport, son attention aux pauvres”.

C’est pour Pier Giorgio Frassati que Primiano, 43 ans, a fait le déplacement depuis la région du Molise, au centre de l'Italie. C’est là qu’il travaille dans une association d'aide aux migrants et exerce la vice-présidence de l'Action catholique dans son diocèse. "Nous sommes venus car Pier Giorgio Frassati était issu de nos rangs de l'Action catholique ! Bien qu’élevé dans une famille très riche, il s'est mobilisé pour les pauvres à une époque où les riches n'étaient pas tellement portés sur la charité…”, souligne l’Italien arborant un tee-shirt de l’Action catholique, mouvement très représenté ce matin. Primiano rappelle que le père de Pier Giorgio, fondateur et directeur du grand journal italien La Stampa, avait réalisé le rayonnement de son fils lors de ses funérailles. “Il a vécu une sorte de conversion en voyant autant de pauvres venir aux obsèques de Pier Giorgio, comprenant alors le sens de son engagement”. Pour Primiano, le témoignage de Frassati est d’une actualité brûlante. “Cent ans après sa mort, son appel à aider les pauvres reste un message très important pour notre société", insiste-t-il.

Comme Primiano, des milliers d’Italiens ont fait le déplacement à Rome ce dimanche. Dans la foule, de très nombreuses familles sont là pour prier les deux nouveaux saints de la Botte. Francesco, 73 ans, est arrivé de Calabre, au sud de l'Italie, avec son épouse Laura et son petit-fils qui s'appelle lui aussi Francesco. "Nous sommes très attachés à Carlo Acutis grâce à notre petit-fils qui est lui aussi un enfant de prière !”, témoigne le grand-père qui a fait grimper Francesco sur ses épaules. “Carlo Acutis était ami avec Jésus, et il connaissait aussi les nouveaux langages d'Internet. C'est un modèle très inspirant pour notre petit-fils. Nous verrons ce que le Seigneur veut pour nos petits-enfants", souffle-t-il.

Hazel, elle, vient du bout du monde. Chercheuse dans un laboratoire scientifique aux Philippines, elle a fait le voyage à Rome pour y retrouver sa sœur expatriée en Italie et participer à la canonisation de Carlo Acutis. "Nous sommes en train de le découvrir aux Philippines, c'est une figure qui donne beaucoup d’espérance. Il était notamment très à l'aise avec les nouvelles technologies, avec internet, mais il avait aussi une grande foi, un grand attachement à la messe”, explique la jeune femme au regard pétillant. Cette semaine, Hazel s’est rendue à Assise, où est exposé le corps du jeune saint millennial. “Cela m'a fait un choc : il était tellement jeune !", raconte-t-elle, encore émue.

Si certains avaient coché dans leur agenda la date du 7 septembre dès l’annonce de la canonisation des deux bienheureux, d’autres catholiques ont atterri sur la place Saint-Pierre un peu par hasard… Et pour leur plus grande joie. C’est le cas de Jennifer, originaire de Hawaï, qui n'en revient toujours pas d’être présente à cette canonisation. "Je participe à une croisière en Méditerranée et ce matin je cherchais simplement une messe durant notre escale à Rome”, raconte l’Américaine. “Je suis tombé sur la place noire de monde avec les portraits de ces deux jeunes que je ne connaissais pas. Une famille m'a expliqué leur histoire. C'est une grâce incroyable d'être là !”, s’exclame-t-elle.