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Pourquoi Pierre Giorgio Frassati (1901 - 1925) parle-t-il autant aux jeunes aujourd’hui ? Peut-être d’abord tout simplement parce que c’est un saint qui vivait pleinement. Ce trait de sa personnalité ressort d’autant plus dans contexte de l’Italie d’après-guerre. La jeunesse traverse une crise existentielle profonde. Le fascisme prétend être une alternative à la démocratie qui a conduit à la guerre et de nombreux jeunes sont tentés d’y adhérer. Pier Giorgio va s'y opposer toujours farouchement, le percevant comme "anti-chrétien" notamment à cause de l’usage de la violence.
Un étudiant qui cherchait le sens de sa vie témoigne que Pier Giorgio se démarquait des autres. Lorsqu’il le rencontre, il découvre un homme "fixé dans la réalité", qui "ne discutait pas, (...) mais au contraire marchait toujours droit vers un but défini". Enfin quelqu’un qui "savait d’où il venait et où il allait" et il conclut : "en un mot il vivait vraiment !" (cité par Victor Marmoiton, Pier Giorgio Frassati, Toulouse, 1937, p. 213).
Ancré dans le réel
Ancré dans le réel, et non dans les rêveries imaginaires, ne se perdant pas dans des discussions idéalistes sans fin, Pier Giorgio est orienté vers une direction claire qui donne sens à toute sa vie : il ne vit pas à moitié mais il veut vivre pleinement ! Il en est tellement conscient qu’il s’en fait une résolution, c’est sa manière d’être chrétien : "Nous, nous ne devons jamais vivoter, mais vivre" (Lettre à Isidoro Bonini, du 27 février 1925). "Vivre vraiment" : cela se manifeste à la fois par des engagements multiples, une charité débordante et enfin par une vie très équilibrée.
Alors même qu’il meurt à 24 ans, Pier Giorgio donne l’impression d’avoir eu plusieurs vies ! En 1920, il s’engage au parti populaire italien fondé par un prêtre, Don Sturzo. Il va s'en éloigner dès que celui-ci s’allie au premier gouvernement fasciste. Engagé dans un cercle d’étudiants catholiques et dans plusieurs conférences saint-Vincent-de-Paul au sein desquelles il visite les plus pauvres, Pier Giorgio participe à plusieurs congrès de la jeunesse catholique : Ravenne, Rome, Gènes.
Un engagement en faveur de la paix
Il œuvre aussi pour le mouvement Pax Romana, qui tente de fédérer les étudiants chrétiens européens en faveur de la paix après le drame de la première guerre. En 1922, il s’engage dans le Tiers-Ordre dominicain et prend le nom de "frère Jérôme". Il fonde la Compagnie des Types louches : un groupe d’amis qui veut lutter contre la morosité ambiante sans se prendre au sérieux : soutien dans la prière, excursions en montagne, service auprès des plus pauvres. L’amitié est pour lui un engagement de toute la vie. Dans le contexte familial qui est le sien - il n’a qu’une sœur, ses parents ne s’entendent pas et l’ambiance au domicile est très lourde -, les amitiés vont être des soutiens d’autant plus précieux.
L’autre aspect de cette vie intense, c’est la charité qui déborde de ce cœur ardent. On ne compte pas les témoignages de gens secourus par Pier Giorgio. Il aide une famille pauvre à déménager à plusieurs reprises, il livre du charbon et des bons de provisions, il finance des habits neufs pour une première communion, il fait inscrire des petites filles dans une école tenue par des sœurs… Certains jours de grand froid, il va jusqu’à donner son manteau, ses chaussures… Et il lui arrive souvent de donner ses derniers jetons de tram à un pauvre croisé dans la rue et de rentrer à pied. Il passe du temps à visiter les malades : "Autour des malades, autour des malheureux, je vois une lumière particulière, une lumière que nous n’avons pas, nous". Il donne de son temps, de ses biens (ou ceux de sa famille…) et cette charité se manifeste à l’égard de tous : pas seulement les plus pauvres, mais aussi ses amis ou ses propres parents pour qui il fera de grands sacrifices.
Un homme de son temps
Mais Pier Giorgio est un jeune homme de son temps. En vélo, il arpente de nombreuses routes d’Italie ; à skis, il dévale les pentes enneigées au col du Petit-Saint-Bernard ; avec son piolet, il franchit quelques célèbres sommets des Alpes d’où l’on entend encore résonner l’écho de son rire sonore ! Il trouve aussi le temps d’étudier avec persévérance et va jusqu’au bout de ses études d’ingénieur des mines, non sans peine. Mais il se détend en recevant ses amis autour d’un bon repas préparé par ses soins et ne manque pas, avec eux, de faire des bons coups, toujours dans un bon esprit et une grande pureté : "Dans la vie d’ici-bas, après l’affection pour les frères, les parents et les sœurs, une des plus belles est l’amitié. Je devrais tous les jours remercier Dieu de m’avoir donné des amis si bons et des amies qui constituent pour moi une garde précieuse pour toute ma vie" (Lettre à Marco, 10 avril 1925).
Tombé amoureux d’une amie de son groupe, Laura, il choisit d’y renoncer pour des raisons profondes, non sans de grandes souffrances. Dans ses lettres, il exprime la manière très édifiante avec laquelle il veut traverser cette crise. Pier Giorgio vit ses relations avec sérieux et ne joue pas ! Toutes ses amitiés sont tissées des nombreux chapelets égrenés sur les chemins, des aventures grandioses, des moments de rire, des nombreux services rendus au plus pauvres, de leurs engagements dans la cité, ce qui les rend si profondes et solides. Elles sont comme une corde qui le tire vers le haut : verso l’Alto ! Ces deux mots notés sur la photo de sa dernière ascension vont rester sa devise posthume.
La prière et l’action
Pier Giorgio est concret et réaliste : en lui, la prière et l’action sont parfaitement équilibrées. Il est joyeux, est capable de ne pas se prendre au sérieux. Pour autant, c’est très sérieusement qu’il s’engage dans la société et dans l’Église. Mais comment fait-il pour vivre si intensément ? Son secret vient de son enracinement quotidien dans la prière, une prière simple mais fidèle. Depuis l’âge de 17 ans, il communie chaque jour et puise dans l’Eucharistie la charité qu’il va répandre ensuite dans les mansardes de Turin. Lorsqu’on lui demande comment il supporte d’entrer dans ces lieux si pauvres et sales, sa réponse est limpide : "Jésus, dans la communion, me fait une visite chaque matin, et, moi je la lui rends selon mes misérables moyens : en visitant les pauvres". Et c’est justement ce même Jésus que Pier Giorgio laisse transparaître par toute cette façon d’être, cette vie pleine qui dit quelque chose de la vie éternelle. Le Christ lui donne vie, énergie et charité pour tous ceux qu’il rencontre. C’est ce qui le rend profondément inspirant : cette transparence du Christ qui rayonne à travers lui de façon concrète et le rend si joyeux.












