Les pires incendies que l’Espagne connaît depuis vingt ans obligent les autorités à fermer une portion du Chemin de Compostelle, l’antique route de pèlerinage qui attire chaque année des dizaines de milliers de marcheurs. Les flammes ont atteint le 18 août les contreforts sud des Picos de Europa, poussant les responsables à suspendre l’accès à un tronçon de 50 kilomètres du chemin de pèlerinage dans les régions de Galice et de Castille-et-León. La ministre de la Défense, Margarita Robles, a qualifié la situation d’inédite : "Cela fait vingt ans que nous n’avons pas connu une telle crise", a-t-elle déclaré à la radio Cadena SER, en soulignant l’effet conjugué de la canicule et du changement climatique. L’armée espagnole a mobilisé près de 3.000 soldats et une cinquantaine d’avions pour épauler les pompiers, tandis que plusieurs pays européens apportent leur soutien par le biais du mécanisme de protection civile de l’Union européenne.
Des chiffres alarmants
Selon le Système européen d’information sur les incendies de forêt (EFFIS), près de 373.000 hectares avaient déjà brûlé mardi matin depuis le début de l’année, soit 30.000 hectares de plus que la veille. Ces destructions ont été mesurées grâce aux satellites Copernicus. Il s’agit de la pire année enregistrée, dépassant largement le précédent record de 2022 (306.000 hectares). La majorité des surfaces détruites se concentre dans les grands foyers qui touchent depuis une dizaine de jours les provinces de Zamora et León (Castille-et-León), Ourense (Galice) et Cáceres (Estrémadure). Des milliers d’habitants ont dû être évacués, des dizaines de routes restent coupées et le trafic ferroviaire entre Madrid et la Galice est interrompu.
La fermeture d’une partie du chemin de Compostelle, en plein mois d’août — période la plus fréquentée de l’année —, a une résonance particulière. Des pèlerins venus du monde entier parcourent ce chemin. Les diocèses, paroisses et villes locales le long du Camino se mobilisent déjà pour accueillir et réorienter les marcheurs lorsque cela est possible. Le pèlerinage, détaille le Catéchisme de l’Église catholique, est une manière de "rappeler notre marche sur la terre vers le ciel" (CEC 2691). La fermeture du Chemin est particulièrement douloureuse : c'est sur ces sentiers que des pèlerins du monde entier convergent. Le chemin, qui se termine au sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle, est depuis des siècles un chemin de prière et de rencontre.










