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Joseph Mindszenty, évêque martyr de la liberté

Joseph Mindszenty, 1956.

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Denis Lensel - publié le 05/08/25
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Il y a cinquante ans, le 6 mai 1975, s’éteignait l’évêque héroïque Joseph Mindszenty. Qui se souvient encore du primat de Hongrie, exilé après l’insurrection de Budapest, pour avoir voulu défendre la liberté de son pays et de l’Église ? Emprisonné tour à tour par les nazis et les communistes, le prélat a fait preuve d’une résistance spirituelle exemplaire pour les amis de la liberté en Europe.

C’est au prix d’épreuves très douloureuses que le cardinal Joseph Mindszenty aura manifesté sa volonté de fidélité à l’Évangile en luttant constamment contre les systèmes totalitaires qui ont opprimé son pays. Jeune prêtre, il dénonce dès 1919 les violences de l’éphémère "République des Soviets" du communiste Bela Kun, ce qui lui vaut un premier emprisonnement… Devenu évêque d’une ville de province, il s’oppose d’abord aux dirigeants pronazis hongrois en 1944, rejetant leur bellicisme à la solde d’Hitler et leur haine antisémite. Il protège en pleine rue un groupe de juifs pourchassés. Arrêté à leur place, il subit un nouveau séjour en prison, où il ordonne en cachette des séminaristes également incarcérés… Il apprend alors l’assassinat de son confrère, l’évêque Vilmos Apor : celui-ci a dénoncé les lois antisémites des occupants nazis de 1944, puis a été tué en avril 1945 pur avoir voulu protéger des femmes menacées de viol par des soldats russes…

Trois ans de résistance

Mgr Mindszenty est nommé peu après archevêque de Budapest-Esztergom par le pape Pie XII. Il est le plus jeune des évêques hongrois. Il déclare qu’ "on est en train de remplacer une tyrannie absolue par une autre". Il défend le "droit sacré d’élever des enfants, qu’aucune puissance terrestre, l’État compris, n’est habilitée à contester aux parents". Commencent pour lui trois ans de résistance pied à pied contre l’installation du système totalitaire qui élimine des milliers d’opposants réels ou supposés.

En 1949, après une campagne de calomnies, le cardinal est arrêté et incarcéré dans la prison sinistre de Budapest passée de la Gestapo hongroise à la police politique stalinienne. Torturé pendant trois semaines, il est confronté à des bourreaux venus pour certains des rangs des miliciens pronazis d’avant 1945. On cherche à le déposséder de sa personnalité. Privé de sommeil, matraqué et drogué, il est forcé à signer de faux aveux, accusé de "complot contre l’État", de préparation d’une "troisième guerre mondiale" et de… trafic de devises. Pour cela, on a imité son écriture…

Quinze ans réfugié à l’ambassade des États-Unis

En 1956, à la faveur de l’insurrection de Budapest, le cardinal Mindszenty n’a été libéré de la résidence surveillée où il était confiné que pour une durée de… quatre jours : il doit bientôt fuir l’étau des chars russes qui envahissent la capitale. Entretemps, il appelle à éviter toute vengeance personnelle contre les dirigeants communistes. Il demande cependant "un retrait des forces soviétiques" du territoire hongrois. Contraint de trouver refuge à l’ambassade la plus proche, celle des États-Unis, il va y rester reclus pendant quinze ans pour éviter une nouvelle arrestation. Il est à nouveau déclaré coupable par le régime de Budapest revenu dans l’orbite de Moscou.

Le cardinal Mindszenty est mort à l’aube de l’été 1975 après avoir été amené à l’exil et relevé de sa charge épiscopale par la diplomatie vaticane, après des pressions du régime communiste hongrois toujours hostile et… du président des États-Unis Richard Nixon, soucieux de simplifier le travail de son ambassade… À Rome, on dit négocier "non pas un modus vivendi, mais un modus non moriendi" pour les Églises de l’Est… En 1977, le responsable des "affaires religieuses" du régime proclame que "le but du socialisme demeure inchangé : éliminer la religion". Le dictateur communiste Kadar dit alors de l’Église catholique : "Nous ne voulons pas renoncer à sa mort, mais seulement retarder celle-ci pour des raisons d’ordre tactique…" Mais l’année suivante, l’avenir s’éclaircit avec l’élection à Rome de Jean Paul II, le "pape polonais", qui rendra hommage à la mémoire de Joseph Mindszenty, l’évêque martyrisé.

Pratique

Le passage de la mer Rouge, Denis Lensel, Fleurus, 1992.
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